Après l'extradition d'Abdelmoumene Khelifa, des interrogations se posent sur son futur statut judicaire, en sachant qu'il a déjà été condamné une première fois en 2007 par contumace, à perpétuité. Selon des avocats, son extradition annule de facto les anciennes charges retenues contre lui qui deviennent caduques et, du coup, il aura droit à un autre procès. C'est ce qu'expliquent deux avocats interrogés hier par l'APS. "Suite à l'extradition d'Abdelmoumene Rafik Khelifa, le premier jugement de ce dernier devient caduc. Il redevient accusé et l'affaire sera rejugée à nouveau", a indiqué l'avocat, Mokrane Aït Larbi. Il a également fait savoir que le nouveau procès se basera sur la première instruction et sur le même arrêt de renvoi du procès de 2007. Pour les condamnés du procès de 2007, Me Aït Larbi a expliqué que ceux qui ont introduit un pourvoi en cassation redeviennent accusés, au même titre que l'accusé principal dans l'affaire, et seront rejugés à nouveau. Les condamnés jugés définitivement, qui n'ont pas introduit un pourvoi en cassation devant la Cour suprême, "seront convoqués en tant que témoins, et ceux qui ont fait de la prison bénéficieront de la procédure de réparation dans le cas où ils seraient acquittés", a encore expliqué l'avocat. Pour sa part, Me Hocine Zehouane a indiqué que le témoignage de Khelifa dans le nouveau procès "peut bouleverser beaucoup de choses, inculper des personnes innocentées en 2007 et innocenter des condamnés". Me Farouk Ksentini, pour sa part, revient sur les ressorts de l'extradition pour dire qu'elle repose sur la présentation par la justice algérienne d'un dossier "à la fois bien motivé en fait en droit et appuyé sur des pièces et des documents probants". Cette acceptation signifie également que la justice algérienne a acquis sur le plan international "toute la crédibilité nécessaire quant à l'impartialité et la rectitude dont elle est capable, les droits de la défense de la personne extradée étant à la fois garantis et susceptibles d'être pleinement exercés sans la moindre restriction", a expliqué Me Ksentini. Puis d'ajouter encore au crédit de la justice algérienne que cela démontre, "on ne peut mieux, que si elle ne l'est déjà, l'Algérie se rapproche de l'Etat de droit qu'elle ambitionne de devenir", a souligné le président de la CNCPPDH, estimant que ce fait aidait à "clôturer l'année qui s'en va et à entamer celle qui vient avec optimisme s'agissant indubitablement d'un rare bonheur judiciaire". R. N./APS Nom Adresse email