Après une journée d'échanges acerbes entre Israël et les Etats-Unis, le ministre israélien de la Défense a assuré mardi soir n'avoir "eu aucune intention d'offenser le secrétaire d'Etat" et lui a présenté ses excuses "s'il avait été blessé par les propos qui ont été attribués au ministre de la Défense". Moshé Yaalon a affirmé dans des conversations privées, citées par le journal Yediot que le chef de la diplomatie américaine, "animé par une obsession incompréhensible et une sorte de messianisme, ne peut rien m'apprendre sur le conflit avec les Palestiniens". "La seule chose susceptible de nous sauver est que John Kerry remporte le prix Nobel (de la Paix) et nous laisse tranquilles", avait aussi ironisé le ministre de la Défense, considéré comme un partisan d'une ligne dure sur la colonisation, sceptique face au processus de paix avec les Palestiniens. Il n'en demeure pas moins que ces excuses du ministre israélien de la Défense sont loin d'avoir dissipé la crise diplomatique, révélatrice du gouffre entre les deux alliés, selon les commentateurs israéliens, même si John Kerry a déclaré hier qu'il ne laisserait pas "une série de commentaires" le détourner de son objectif de "faire avancer le processus" de paix israélo-palestinien. Le secrétaire d'Etat américain, qui se prévaut du soutien du Premier ministre Benjamin Netanyahu, ignore que "ce n'est pas un secret que Netanyahu pense la même chose. A ceci près que Yaalon, contrairement à Netanyahu, n'est pas prêt à participer à la mascarade qui entoure les pourparlers" avec Kerry, souligne l'éditorialiste Shimon Shiffer. Ce dernier, qui avait rapporté les propos du ministre de la Défense, explique dans un article du Yediot Aharonot intitulé "La vérité qui blesse" que Moshé Yaalon voulait dénoncer "l'insultant manque de transparence" envers les citoyens israéliens dans la conduite des pourparlers. Selon la même source, un autre "haut responsable" du Likoud affirme que "Yaalon dit tout haut ce que Netanyahu pense tout bas", avant d'ajouter que "le seuil de tolérance de Netanyahu (face aux pressions américaines, ndlr) est quasiment dépassé". Benjamin Netanyahu, qui a pris ses distances vis-à-vis de son ministre de la Défense, ne l'a pas désavoué nommément. "Il y a parfois des divergences avec les Etats-Unis, mais elles portent toujours sur le fond et non sur les personnes", a-t-il rappelé mardi. Moshé Yaalon a critiqué plus spécifiquement des propositions américaines de sécurisation de la frontière entre la Jordanie et un futur Etat palestinien, dans la vallée du Jourdain, en déclarant : "Le plan américain de sécurité qui nous a été présenté ne vaut pas le papier sur lequel il est écrit. Il n'assure ni la sécurité ni la paix." M. T./Agences Nom Adresse email