En l'espace de deux mois, trois Algériens et une Marocaine sont morts de manière tragique. Flashback. Début février, Naïma Rharouity, une Marocaine de 47 ans, a trouvé la mort après avoir été étranglée par son foulard coincé dans l'escalier mécanique d'une station de métro à Montréal. La victime arrivée au Canada, il y a un an et demi, était mariée et mère de deux enfants. Un hommage grandiose lui a été rendu par la communauté sur le lieu de l'accident. L'affaire a occupé le devant de l'actualité au point de susciter des commentaires qui frisent le racisme. La justice, qui a conclu à un accident, a pris tout le temps pour mener une enquête approfondie. Ce n'est pas le cas pour le meurtre du jeune Algérien tué le 1er février par des convoyeurs de fonds. L'affaire, c'en est bien une, a failli être classée en deux temps, trois mouvements. La police parle d'une tentative de vol qui a mal tourné. Ce qui semble invraisemblable au vu des éléments d'enquête reconstitués. Originaire de Béjaïa, Massinisa Kaddour, âgé de 32 ans, vivait avec sa famille à Longueuil, dans la Rive-Sud de Montréal. Le jour du drame, il était dans un café, comme à ses habitudes, avant de sortir griller une cigarette. C'est à ce moment-là que des convoyeurs de fonds sortaient d'une banque de laquelle ils ont récupéré le contenu d'un guichet automatique. Nerveux, les deux agents de sécurité auraient demandé à Massinissa de déguerpir. S'en est suivie une altercation qui a poussé l'un des convoyeurs à user de son arme à feu, atteignant mortellement Massi. Or, les enquêteurs sont allés vite en besogne en soutenant qu'il s'agissait d'une tentative de vol qui a mal tourné. Tous ceux qui ont connu la victime réfutent la thèse du vol avancée par la police. Inconnue des services de police, la victime n'était même pas armée au moment des faits, précise-t-on. De plus, son casier judiciaire est vierge. La thèse du vol peut donc être facilement battue en brèche. Sa famille s'étonne que les médias ne l'aient pas approchée, au moins pour avoir sa version des faits. Il y a là manifestement comme une tentative de clore un dossier qui a les apparences d'un meurtre gratuit. Vendredi dernier, on a appris que le rapport du coroner ne sera prêt que dans neuf mois. Moins de deux semaines avant le meurtre de Massinissa, Kaddour, un autre drame s'est produit à Montréal. Radil Hebrich, un architecte originaire d'Annaba devenu sans domicile fixe (SDF) à Montréal, après son divorce avec sa femme, a été percuté mortellement par une rame de métro à la station Langelier, à l'est de la métropole québécoise. Le brillant architecte s'est retrouvé du jour au lendemain dans la rue. C'est en tant qu'itinérant (SDF) que Radil fréquentait un centre communautaire. Bien encadré, il remonta très vite la pente en trouvant un emploi pour lequel il était pourtant surqualifié. L'architecte croyait pouvoir s'en sortir. Mais voilà que son espoir sera contrarié ; Radil trouvera la mort, le 17 janvier, au passage du métro. Auparavant, un ingénieur algérien, chauffeur de taxi de son état, a été assassiné par balle dans l'arrondissement Côte-des-Neiges, à Montréal. En ce fatidique 20 novembre 2013, Ziad Bouzid avait répondu à un appel de service. Il sera abattu froidement par un certain Michel Duchaussoy, qui sera appréhendé trois jours plus tard à Boucherville. L'arme du crime, un fusil à pompe, sera récupérée par les policiers. L'assassin a déjà comparu une première fois devant le tribunal. Il sera de nouveau devant les juges en mars prochain. Deux campagnes de collecte de fonds ont été organisées pour le rapatriement de la victime qui a laissé une veuve éplorée et trois enfants. Il y a quatre ans, un autre chauffeur de taxi, lui aussi d'origine algérienne, avait été assassiné à Montréal. Mohammed Nehar-Belaïd avait été retrouvé sans vie dans un boisé de Montréal-Nord. Y. A. Nom Adresse email