Par cette démission, le député prouve que la stratégie brandie par le FFS pour justifier sa participation en 2012 a montré ses limites. Coup de théâtre à l'Assemblée populaire nationale : l'ex-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) et député du FFS d'Alger, Me Mustapha Bouchachi, a démissionné, hier, de son poste de député en guise de protestation contre la manière dont est gérée l'institution, devenue, à ses yeux, un "instrument coercitif entre les mains du régime". Dans une lettre adressée au président de l'assemblée, Larbi Ould Khalifa, et rendue publique hier, l'avocat égrène un chapelet de griefs contre cette institution que d'aucuns qualifient, à juste titre, de caisse de résonnance du pouvoir, où l'unanimisme et le clientélisme le disputent à la médiocrité et à l'obséquiosité. "Appartenant à un parti qui ne possède pas la majorité, je n'avais pas d'illusions quand j'ai participé aux élections législatives de 2012. Mais j'étais rassuré par le fait que si on ne pouvait pas faire passer des propositions, on pouvait garantir un débat (...). Mais, une fois à l'intérieur, j'étais choqué par la manière de gestion de cette institution", déplore-t-il d'emblée. Parmi ces griefs : des représentants de ministères qui assistent aux travaux et aux délibérations des commissions en violation du règlement intérieur de l'assemblée et de la loi organique organisant le travail des deux chambres et rejet de toutes les propositions de loi formulées par les députés. "Les propositions de loi ne sont pas transmises aux commissions permanentes. Au FFS, toutes nos propositions ont été refusées. En une année de présence, j'ai constaté que plus d'une dizaine de propositions de loi ont été entravées par l'assemblée", regrette-il. L'ex-président de la Laddh évoque également le rejet "sans motif" des propositions de constitution de commissions d'enquête sur la corruption et les événements de Ghardaïa. Il y a aussi ce refus des ministres de répondre aux interpellations des députés dans les délais exigés par la loi, en violation de la Constitution ou par "méconnaissance de celle-ci". "Je vous ai même interpellé sur cette transgression de l'Exécutif, mais vous ne m'avez pas répondu", écrit Bouchachi à l'adresse de Larbi Ould Khelifa. Absence d'ordre du jour des travaux de l'assemblée, le non-contrôle de l'argent public "comme il se doit" et le refus du Premier ministre de présenter sa déclaration annuelle de politique générale "avec la complicité de l'assemblée qui s'est complu dans le silence" sont autant d'autres reproches faits par le député du FFS. "Je n'ai jamais pensé que l'assemblée allait agir en dehors de la loi, tout comme son président se substituer comme tuteur des députés et porte-parole de l'Exécutif." "Faire de cette institution un outil entre les mains du système, c'est porter un coup à l'Etat des institutions et la souveraineté des lois", conclut Bouchachi. Geste fort symbolique, à grande valeur éthique, cette démission risque cependant de faire désordre au sein de la maison FFS. En grillant la politesse à sa famille politique, Bouchachi va immanquablement mettre dans l'embarras le parti. Le reste des députés vont-ils le suivre ? La décision revient au parti, avec ce que cela suppose comme repositionnement politique. Ou resteront-ils à l'assemblée, au risque d'apparaître aux yeux de l'opinion comme des rentiers ? Geste à forte connotation politique, cette démission ne pouvait à l'évidence être prise en dehors des structures du parti, encore moins sans son aval. À moins d'avoir agi seul, Me Bouchachi prouve en tout cas que la stratégie brandie par le FFS pour justifier sa participation en 2012 a montré ses limites. K K Nom Adresse email