A comme "Argélia ! Argélia !", le cri du cœur, repris en chœur par l'écrasante majorité du public brésilien du stade Beira Rio de Porto Alegre en fin de rencontre de l'épique Allemagne-Algérie en 1/8e de finale. Envoûtés par le fighting spirit des Verts, conquis par leur combativité, séduits par leur solidarité à toute épreuve face à la mécanique allemande et se reconnaissant volontiers dans leur jeu tout en technique, les Brésiliens qui assistaient, ce soir-là, à l'une des plus belles empoignades de "leur" Mondial prirent alors cause pour les coéquipiers de Sofiane Feghouli. "Pour moi, c'est l'image qui m'a le plus marqué durant cette Coupe du monde", nous confiera, un peu plus tard, Aïssa Mandi. B comme Brésil. Le pays où le football est élevé au rang de religion d'Etat a su mettre de côté les rancœurs populaires pour faire de sa Coupe du monde l'une des meilleures de l'histoire du jeu. L'enthousiasme des supporters, la beauté des stades, l'intensité des rencontres et les multiples incroyables scénarios ont d'ailleurs rapidement effacé de la mémoire collective les quelques scènes d'émeute des anti-Mondial. C comme Corée du Sud, l'adversaire face auquel la sélection nationale a décroché son inoubliable succès 4-2 qui lui a balisé le terrain du deuxième tour. C'est aussi l'adversaire face auquel les Verts ont décroché leur plus large victoire en Coupe du monde, effaçant des tablettes le 3-2 d'Espagne-1982 face au Chili et établissant, au passage, le record africain en matière de buts marqués sur un match lors d'un tel événement planétaire. D comme Djabou. Le Sétifien, lancé par Vahid Halilhodzic le 22 juin dernier face aux Sud-Coréens a, ce jour-là, ébloui le monde du football par sa vivacité balle au pied, sa technique et son sens du but. Des qualités que lui reconnaissent, depuis ses débuts, le commun des Algériens. Avec des bribes de matches, l'éternel remplaçant sous l'ère de Vahid a quand même scoré à deux reprises, égalant le record du mythique Assad et rejoignant son coéquipier Slimani comme meilleur buteur des Verts de cette Coupe du monde-2014. E comme cette émotion incontrôlée qui avait paralysé les Brésiliens Thiago Silva et David Luiz lors de moments cruciaux, comme lors du huitième de finale face au Mexique lorsqu'El-Monstro a craqué sur le banc, pleurant à chaudes larmes loin de ses coéquipiers affairés à réussir leurs tirs au but, ce qui lui a valu une pluie de critiques. Ou encore au sortir de la fessée reçue par l'Allemagne qui vit la même émotion submerger Luiz qui n'eut alors que ses larmes pour pleurer et ses mains pour prier. F comme l'indispensable Feghouli, certainement l'un des meilleurs Algériens au Brésil. Pour avoir mis fin à une attente algérienne de 28 ans en marquant le penalty face à la Belgique, pour avoir co-signé avec Brahimi l'un des chefs-d'œuvre techniques de ce tournoi, pour son dévouement dans des tâches défensives bouffeuses d'énergie et pour tout ce qu'il a incarné tout au long du Mondial, Feghouli mérite amplement sa place dans le top-100 des meilleurs joueurs de l'histoire de la Coupe du monde, tel qu'établi par l'Equipe. G comme Gourcuff, celui dont l'ombre plana constamment sur l'EN durant son séjour au pays du joga bonito. Déclaré successeur de Vahid Halilhodzic, l'ancien entraîneur de Lorient était d'ailleurs du voyage au pays du Roi Pelé, en tant que chroniqueur pour Le Monde pour certains, aux frais de la FAF pour d'autres. Seule certitude, Christian Gourcuff aura pu mesurer par lui-même l'indélébile impact laissé par son prédécesseur au poste dans l'imaginaire collectif des supporters algériens présents. H comme cet historique huitième de finale atteint pour la toute première fois par la sélection algérienne en quatre Coupes du monde. Après une amère défaite face à la Belgique, une éclatante victoire face à la Corée du Sud et un nul face à la solide Russie de Fabio Capello ont, ensuite, suffi au bonheur de tout un peuple algérien, heureux et fier de voir sa courageuse équipe nationale passer l'écueil des 1/8 et dépasser dans la légende son inoubliable aînée de 1982. His-to-rique ! I comme l'Itaquera Corinthians Arena de Sao Paulo, où le stade qui a accueilli la cérémonie et le match d'ouverture de ce Mondial. Et dire que 5 jours seulement avant ce mémorable 12 juin, cette superbe enceinte de près de 63 000 spectateurs était encore en chantier. J comme James Rodriguez, le prodige colombien qui a dégainé à 6 reprises en 5 matches au Brésil pour s'auto-ériger meilleur buteur et confirmer, au monde entier, son incroyable potentiel technique révélé au FC Porto et ciselé, la saison dernière, sous la tunique rouge et blanche de l'AS Monaco. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que le Real Madrid en fait sa priorité du mercato estival et que son prix flambe à près de 80 millions d'euros. K comme Klose, le nouveau meilleur buteur de l'histoire de la Coupe du monde. Avec 16 réalisations (avant la finale) en 23 matches au plus haut niveau mondial, Miroslave Klose a dépassé le mythique Ronaldo et ses 15 banderilles plantées en quatre éditions. "Miro" poussera même l'indécence jusqu'à battre ce record au pays d'El Fenomeno, face à la sélection auriverde, le soir d'une déculottée inoubliable en demi-finale. L comme l'océan de larmes qui a coulé sur les joues algériennes au soir de la qualification au deuxième tour à l'issue d'une parité héroïque face à la Russie. Joueurs, sélectionneur, officiels, journalistes et public algérien étaient pris par l'émotion de voir le drapeau au croissant rouge sang se réserver une place parmi les étendards des 16 meilleures équipes du globe, 32 ans après la fracassante entrée en matière de Gijon. Légendaire. M comme Mineirazao ou la pire défaite de son histoire pour un Brésil désossé en demi-finale de "son" mondial dans un Estadio Minerao en deuil. Il y avait, avant, le Maracanazao, référence à la défaite en finale de "sa" Coupe du monde en 1950 face à l'Uruguay. Il y aura dorénavant le Mineirazao, symbole du massacre (1-7, 0-5 à la mi-temps) face à l'impitoyable Allemagne. "Le pire moment de ma vie" dixit Scolari, "un trou noir", renchérit Julio César, au moment où le capitaine suspendu Thiago Silva se fendait d'un "tous coupables", comme pour tenter d'expliquer l'inexplicable scénario de cette demi-finale, marquée notamment par quatre buts en dix minutes. Du jamais vu à ce niveau ! N comme Neuer, sans conteste le meilleur gardien de cette 20e Coupe du monde. "Si le modèle de jeu espagnol a été amélioré par l'Allemagne, c'est bien grâce à Manuel Neuer. En utilisant le gardien pas uniquement pour protéger ses cages mais aussi pour participer activement aux phases défensives, construire les attaques et optimiser la possession du ballon, vous utilisez vraiment votre onzième homme. Et si votre adversaire n'en fait pas de même, vous jouez avec un joueur de plus. Nous avons vu le gardien de but du futur lors d'Allemagne-Algérie en huitièmes de finale, quand Manuel Neuer a joué quasiment en permanence en dehors de sa surface de réparation." Le magazine spécialisé These Football Times a tout résumé. O comme le fantasque Ochoa, gardien de but mexicain, qualifié de "muraille" par la presse brésilienne au lendemain du 0-0 imposé par le Tri au onze de Scolari. Impressionnant et impassable, l'ancien coéquipier de Medjani à Ajaccio a écœuré les attaquants de la Seleçao, laissant entrevoir dès le premier tour que le costume de favori de la compétition était décidément bien trop grand pour les compatriotes de Neymar. Son aventure s'est, toutefois, achevé en 1/8 de finale, face aux Hollandais de Robben. P comme le Portugal de Cristiano Ronaldo, piteusement éliminé dès le premier tour de la compétition après une correction face aux Allemands, un nul face aux Américains et une victoire insuffisante face aux Ghanéens. Le fait de compter en son sein le Ballon d'Or mondial n'a aidé en rien le Portugal, réduit à un simple faire-valoir dans son ancienne colonie. Q comme Qassaman ! L'hymne national, repris en chœur par les quelque sept mille supporters DZ à chaque sortie des Verts dans ce Mondial brésilien, restera comme l'un des moments forts de la compétition. A Belo Horizonte, à Curitiba et par deux fois à Porto Alegre, l'émotion était à son comble au moment où Qassaman était chanté. Des moments magiques que tous ceux qui les ont vécus, en live ou derrière leur petit écran, n'oublieront jamais. R comme Raïs M'bolhi ou le vrai "Raïs" du navire algérien, qu'il a su maintenir à flot à force d'interventions déterminantes, de sorties rassurantes, de parades décisives et d'arrêts miraculeux. Assurément l'un des hommes forts des Verts au Mondial, Raïs a confirmé, dans les grandes occasions, qu'il était bien meilleur que ses compères en sélection, Zemmamouche, Si Mohamed ou encore Doukha. Ce n'est, d'ailleurs, pas pour rien qu'un sondage de l'Equipe auquel ont participé plus de 230 000 lecteurs l'ont désigné à près de 65% comme le gardien qui a le plus surpris par son niveau lors de cette Coupe du monde. De quoi lui permettre, enfin, de trouver un club employeur à la hauteur de son talent et de ses ambitions ? S comme Slimani, auteur d'une très bonne Coupe du monde qui lui a permis, selon l'Equipe, de multiplier sa valeur marchande par... 30 ! Un premier but plein d'audace et de sang-froid face à la Corée du Sud, lorsqu'il a résisté au retour des défenseurs axiaux avant de tromper le gardien de près ; un autre encore plus important lorsqu'il s'éleva au-dessus de l'arrière-garde russe pour devancer le géant Akinfeev et offrir à l'Algérie une première qualification aux huitièmes de finale, une passe décisive à Djabou face aux mêmes Sud-Coréens et, cerise sur le gâteau, élu deux fois "homme du match" par la FIFA : au Brésil, Slimani est entré un peu plus dans la légende du football algérien. T comme tricampeão et tetracampeão, en langage autochtone, les deux "titres" convoités au coup de sifflet initial de la finale d'hier soir par, respectivement, l'Argentine et l'Allemagne. L'Albiceleste cherchait hier une troisième couronne mondiale après celles de 1978 et 1986, alors que la Mannschaft courait derrière son quatrième sacre après ceux de 1954, 1974 et 1990. U comme l'Uruguayen mordeur Luis Suarez, coupable d'avoir agressé dans le plus pur style canin l'Italien Chiellini. Multirécidiviste, le néo-Barcelonais a alors écopé de la deuxième plus lourde sanction de l'histoire en Coupe du monde avec huit matches de suspension assortis d'une interdiction de toute activité liée au football pendant quatre mois. V comme Vahid, le prénom de celui dont le nom, Halilhodzic, restera à jamais associé à cette qualification historique pour le deuxième tour d'une Coupe du monde. Intransigeant, têtu, arrogant, rancunier mais aussi tacticien, meneur d'hommes, émotif et touchant : Vahid est sorti grandi par le tournoi des Verts, notamment par cette prestation héroïque face aux Allemands qui lui a même valu une pétition sur le net appelant à son maintien à son poste de sélectionneur. Un appel populaire auquel est venu s'ajouter une prière présidentielle de continuer l'œuvre. En vain. W comme le tristement célèbre Whelan Ray, le directeur britannique de Match Services, compagnie prestataire de la FIFA, interpellé lundi dernier avec onze autres personnes sous l'accusation de revente illégale de billets pour la Coupe du monde, puis relâché sous caution. Whelan s'est par la suite enfui par une porte de service, lorsque la police brésilienne est revenue l'arrêter, jeudi à son hôtel de Copacabana, à Rio. Son principal complice présumé, le Franco-Algérien Mohamadou Lamine Fofana, est, de son côté, en prison préventive sous le même chapelet d'accusations, dont "association de malfaiteurs" et "revente au marché noir" pour ce qui aura été l'un des rares points noirs de ce tournoi. X comme xénophilie des Brésiliens dont l'accueil chaleureux, le sens de l'hospitalité, la gentillesse et la disponibilité ont fait oublier à beaucoup l'obstacle de la langue. Ceux qui ont eu le bonheur de faire le voyage en Amérique du Sud et le privilège de vivre cette Coupe du monde "de l'intérieur" ont, d'ailleurs, été unanimes à démentir catégoriquement tous les clichés péjoratifs véhiculés par quelques médias européens avant l'entame de la compétition. Y comme Yebda, ou le feuilleton à suspense qui a tenu en haleine journalistes et supporters algériens avant et après la première rencontre perdue face aux Belges, à cause notamment de la fragilité du dossier médical du milieu de terrain international. Déclaré finalement apte pour la compétition, Hassan Yebda fera son entrée lors de la dernière demi-heure face à la Russie. Z comme ce zéro pointé du Cameroun, énorme déception africaine de ce Mondial brésilien avec aucun point récolté en trois matches de compétition. Les chétifs Lionceaux rapidement domptés par le Mexique (1-0), puis par la Croatie (4-0) et le Brésil (4-1) ont alors quitté cette 20e édition avec une humiliante élimination dès le 1er tour, pour la cinquième fois de suite après les naufrages de 1994, 1998, 2002 et 2010. Nom Adresse email