Si le secteur a connu une importante dynamique depuis les années 1990, reste à trouver un équilibre entre la production nationale et la facture d'importation. La facture des importations algériennes des produits pharmaceutiques a augmenté à 1,6 milliard de dollars durant les 8 premiers mois de l'année 2014, contre 1,27 milliard sur la même période de l'année écoulée, soit une hausse de 28%. La hausse de la facture des importations s'explique, essentiellement, par une augmentation de plus de 27% pour les importations des médicaments à usage humain, de 32% pour les produits parapharmaceutiques et de 4% pour les médicaments destinés à la médecine vétérinaire. La facture des médicaments à usage humain reste la plus importante de la valeur globale des importations puisqu'elle a représenté, durant la période de référence, 95,6% du volume global des achats de l'Algérie à l'étranger en produits pharmaceutiques. Malgré cette facture salée, les pénuries de médicaments, même si elles sont en recul, persistent, notamment, pour les médicaments nécessaires pour le traitement du cancer. Il faut signaler au passage que la cancérologie jumelée à l'hématologie consomme 60% des médicaments importés. La presse rapporte régulièrement que les centres de soins souffrent d'une pénurie cruelle qui empêche les malades de subir la chimiothérapie prescrite par les médecins traitants pour soulager la douleur des malades. Les responsables se refusent à parler de pénuries. Dans une déclaration faite, fin septembre, sur les ondes de la radio Chaîne III (Invité de la rédaction), le directeur général de la PCH (Pharmacie centrale des hôpitaux), M'hamed Ayad, a totalement réfuté l'existence d'une "pénurie" à ce sujet et précise qu'il s'agit plutôt une perturbation. Qu'il s'agisse de pénurie ou de perturbation, le résultat demeure le même pour les malades. Estimé à plus de 3 milliards de dollars, le marché algérien des médicaments est dominé par les sociétés pharmaceutiques étrangères qui assurent plus de 60% des besoins de la population en médicaments et produits pharmaceutiques. Afin de réduire la facture des médicaments importés et de garantir une couverture sanitaire globale à moindre coût, les autorités publiques se sont engagées pour atteindre un taux de production locale de 70% dans les prochaines années. "La réalisation de cet objectif de la production pharmaceutique locale doit être accompagnée par l'installation de l'Agence nationale du médicament, l'actualisation des lois régissant le secteur" réclame, notamment l'Union nationale des opérateurs de pharmacie (UNOP). Pour rappel, ce chiffre de 70% de production nationale devait être atteint en 2014 ou en 2015 au maximum. Mais faute d'investissements, l'échéance a été retardée. Selon les prévisions des professionnels, la production locale des médicaments, qui représente actuellement 40% du marché national, devrait atteindre 65% en 2015. Le potentiel pharmaceutique national actuel permet d'atteindre cet objectif, notamment, avec les projets d'investissements en cours de réalisation dans le secteur. En effet, il existe actuellement des investissements importants dans le domaine avec un nombre d'unités de production opérationnelles estimé à 70 alors que 117 projets sont en cours de réalisation. Reste que tous ces projets ne pèseront pas lourd tant qu'ils ne sont pas orientés vers la production de classes thérapeutiques qui ne sont pas fabriquées en Algérie et qui souvent sont en ruptures de stocks. Autres secteur à prendre en charge, les biotechnologies où il n'y a pas d'investissements faute de réglementation. La réduction du coût de la santé passe aussi, pour le gouvernement, par un protectionnisme qui touche actuellement une liste de médicaments dont l'importation est interdite afin que soit consommée la production du pays. Reste que, depuis 2010, cette liste des produits interdits à l'importation n'a pas été actualisée. S. S.