Après l'entrée en vigueur de la loi relative à la taxe de voyage imposée aux étrangers non résidents quittant le territoire tunisien, c'est au tour des fonctionnaires et bénéficiaires de pensions tunisiens de mettre la main à la poche pour venir en aide au gouvernement de Mehdi Jomaâ. En vertu de l'article 36 de la loi de finances complémentaire (LFC) adoptée en août dernier, l'Etat procédera, à la fin du mois d'octobre, à une retenue sur les salaires et les pensions sous forme de "contribution ponctuelle et exceptionnelle". Cette retenue va de "un à six" jours de travail et concerne les salaires et pensions allant de 12 000 dinars à 40 000 dinars (1 DT = 0,4 euro) par an et sera échelonnée sur trois mois. En imposant cette retenue, sans demander l'avis des contribuables, le gouvernement compte collecter 320 millions de dinars dans le but de renflouer les caisses de l'Etat et alléger le déficit budgétaire de l'année en cours. Quant au projet de budget de l'année prochaine, il serait fin prêt, et le gouvernement compte le soumettre à l'assemblée dans les prochains jours. Toutefois, bousculé par le calendrier des élections, le gouvernement sera-t-il en mesure de le faire ? A quelle assemblée va-t-il le soumettre, sachant que la constituante sera "out" dans une semaine, soit juste après la proclamation des résultats des législatives ? Quant à la nouvelle assemblée (assemblée du peuple), elle ne sera pas opérationnelle rapidement, sachant qu'il faut attendre la validation officielle des résultats qui connaîtront, sans doute, des recours. Aussi le gouvernement se verra-t-il dans l'obligation de gérer, par décret, le budget par tranches trimestrielles. Autant de questions dont les réponses demeurent tributaires de l'évolution politique du pays. Côté chiffres, le montant du budget de l'année 2015 sera de 29,3 milliards de dinars contre 27,7 milliards de dinars en 2014. Le déficit sera ramené de 6 à 5%. On y a tenu compte de la situation difficile de l'économie nationale, marquée par un glissement du déficit commercial, la régression des exportations des phosphates en particulier et des grèves à répétition. Ce projet compte, surtout, sur les recettes fiscales à hauteur de 90%, d'autant plus que l'endettement extérieur est de plus en plus inquiétant. Il table aussi sur un taux de croissance de 3% contre 2,5% en 2014 sur la base d'un prix de 100 dollars le baril de pétrole et un cours de 1,8 dinar pour un dollar. Les sources propres seront de 20,9 milliards de dinars, alors que l'emprunt extérieur sera de 8,3 milliards de dinars contre 7,7 milliards de dinars en 2014. Quant au budget de fonctionnement, il serait de 18,8 milliards de dinars contre 17,5 milliards de dinars en 2014. M. K.