Le ministère tunisien de l'Economie et des Finances a eu recours à des mesures exceptionnelles pour boucler un déficit de 160 millions d'euros (350 millions de dinars tunisiens) dans les salaires d'avril des fonctionnaires de l'Etat. Tunis De notre correspondant Dans une déclaration aux médias, le ministre chargé du dossier économique et porte-parole du gouvernement, Nidhal Ouerfelli, a affirmé que «la trésorerie publique subit des pressions énormes en ce début 2014 avec un déficit budgétaire de l'ordre de 500 millions d'euros (1,1 milliard de dinars tunisiens) pour l'unique premier trimestre». Ce déficit provient essentiellement, selon M. Ouerfelli, «d'impayés 2013 s'élevant à 1,2 milliard d'euros (2,5 milliards de dinars), ainsi qu'un milliard d'euros (2,1 milliards de dinars) nécessaire pour couvrir les déficits courants des grandes entreprises publiques comme les caisses des retraites ou la compagnie Tunisair». Le ministre a ainsi déploré que «ces dépenses n'ont pas été prévues par le budget initial préparé par le gouvernement précédent», avant de souligner que «certaines recettes sont inférieures aux prévisions». «Les cessions des biens confisqués par l'Etat ont été estimées à 500 millions d'euros (1,1 milliard de dinars) alors qu'elles ne rapporteraient que moins de 150 millions d'euros (300 millions de dinars)», a-t-il indiqué. «Le budget 2014 de la Tunisie s'élève à 13 milliards d'euros (28 milliards de dinars) et de tels résultats indiquent que le déficit budgétaire dépasserait largement les 10 %, ce qui est inquiétant», relève l'expert en sécurité financière, Mourad Hattab. Cap sur la transparence Depuis l'installation du gouvernement de Mehdi Jomaâ fin janvier 2014, le ministre de l'Economie et des Finances, Hakim Ben Hamouda, avait prévu des difficultés de trésorerie publique en avril et juillet, mois correspondants à des échéances de remboursements par la Tunisie de crédits extérieurs. Ce qui est nouveau, par contre, c'est la transparence avec laquelle les officiels tunisiens traitent ce dossier délicat. Ainsi, le chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, a déclaré, lui aussi, aux médias que «le gouvernement a dû emprunter 350 millions de dinars (160 millions d'euros) pour boucler les paies des employés de l'Etat pour le mois d'avril et qu'il y aura encore un déficit courant prévisible de 600 millions de dinars (280 millions d'euros) concernant les salaires du mois de juillet prochain». Le secrétaire général de la puissante centrale syndicale, UGTT, Hassine Abbassi, a demandé à Mehdi Jomaâ d'être «transparent avec le peuple, afin qu'il soit conscient de la situation difficile par laquelle passe l'économie et qu'il adhère aux efforts de l'Etat pour y faire face». «C'est le gouvernement incompétent de la Troïka qui a laissé le pays dans cette situation catastrophique et le gouvernement de Mehdi Jomaâ doit dire Toute la vérité au peuple, en précisant les responsabilités de chacun», a indiqué le porte-parole du Front populaire, Hamma Hammami. Reprise du travail Pour faire face à cette situation difficile, le gouvernement tunisien a décidé de lever, durant le mois de mai prochain, un emprunt national de 235 millions d'euros (500 millions de dinars) auprès des citoyens. Mais, le chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, et le gouverneur de la Banque centrale, Chedhly Ayari, ont insisté sur le fait que les prêts ne sauraient résoudre la situation. «Les Tunisiens doivent reprendre le travail et la production», ont-ils insisté. Le ministre de l'Economie et des Finances, Hakim Ben Hamouda, a souligné, pour sa part, que «la reprise normale du travail au bassin minier de Gafsa pourrait générer plus de deux milliards de dinars (un milliard d'euros) de recettes supplémentaires pour l'Etat à travers l'exportation du phosphate et éponger le déficit cumulé de toutes les entreprises publiques». Les activités d'extraction du phosphate n'ont été qu'à la hauteur de 30% de leur rythme habituel en 2011, 2012 et 2013 en raison des sit-in de chômeurs à la recherche d'emploi, qui bloquent les cycles de production. Le gouvernement compte réunir, durant le mois de mai, un Dialogue national sur la question économique avec la participation des syndicats des patrons et des ouvriers, ainsi que les partis politiques et la société civile.