Le Chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a recommandé, hier à Alger, un accord entre les “acteurs” du conflit avant d'aller vers un “Plan-accord” sous l'égide exclusif des Nations unies. La visite, hier, à Alger du Premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a révélé des divergences de fond entre l'Algérie et l'Espagne à propos de la question du Sahara occidental. Alger et Madrid, même en se regardant l'une l'autre, ne regardent plus exactement dans la même direction. Abdelaziz Belkhadem, ministre des Affaires étrangères, s'est d'ailleurs empressé de programmer un point de presse afin de répliquer au successeur de José Maria Aznar, longuement reçu par le président Bouteflika. Zapatero, tout en se permettant d'identifier les parties concernées par cette question, a clairement plaidé en faveur d'une nouvelle démarche, manifestant à peine de la courtoisie pour le plan James Baker. “S'il y a une volonté des pays concernés, nous pouvons arriver à une solution finale au conflit du Sahara occidental ; une solution dont le leader sera évidemment l'Organisation des Nations unies en dehors de laquelle rien ne peut se faire. Cette solution passe pour nous par un Plan-accord”. “Pour cela, il faut la contribution de tous et de la disponibilité”, a-t-il déclaré, au cours de sa conférence de presse à la résidence El-Mithak. Un accord inacceptable pour Alger Ce Plan-accord est une sorte de reniement déguisé des diverses recommandations et résolutions onusiennes, présenté sous forme de suggestions diplomatiques fermes et, du reste, rejetées catégoriquement par Alger. En l'occurrence, Belkhadem a sans doute raison de soupçonner “cet air de sympathie entre Madrid et Paris”, les deux capitales parlant désormais le même langage, favorables dans les deux cas au royaume chérifien. Michel Barnier, le ministre français des Affaires étrangères, avait lui-même pressé les Algériens de la nécessité de dialoguer avec le Maroc. Son homologue algérien a rappelé (hier) que les “discussions entre l'Algérie et le Maroc n'ont jamais cessé, sauf qu'elles portent sur l'ensemble des aspects de leur coopération bilatérale que nous voulons bien sûr développer. Nous n'avons besoin ni de tuteurs ni d'intermédiaires”. De son côté, le Premier ministre espagnol a cru utile de rappeler, en réponse aux questions des journalistes, que les pays concernés par le conflit étaient au nombre de cinq : le Maroc, le Front Polisario, l'Espagne, la France et l'Algérie (“si elle le veut”). Il a ajouté ensuite : " Nous réitérons la place de leader des Nations unies et la prééminence de la légalité et du droit internationaux. Le Plan Baker ? On peut toujours intégrer les éléments susceptibles de faire avancer les choses, sans pour autant que cela nous empêche de parvenir à ce Plan-accord dont nous parlions”. L'identification de ces pays par Zapatero est important. Il dit plus tard qu'”au-delà du fait de devoir aider l'ONU à jouer ce rôle de leader et de maître d'œuvre du règlement définitif du conflit, il me paraît un outil fondamental qui est l'accord entre les acteurs eux-mêmes”. L'approche diverge naturellement de celle énoncée, quelques minutes après son départ, par Abdelaziz Belkhadem. “Nous avons toujours dit qu'il y avait, à propos de la question du Sahara occidental, deux parties exclusivement concernées, à savoir le Maroc et le Front-Polisario, a-t-il affirmé ; l'Algérie ne peut en aucun cas s'ériger en tuteur du peuple sahraoui, mais elle soutient son droit à l'autodétermination car la dernière résolution de l'ONU stipule clairement qu'il s'agit d'un problème de décolonisation”. “Les Sahraouis sont souverains” José Luis Rodriguez Zapatero, lui, a pris le soin de préciser avoir seulement “transmis la position du gouvernement espagnol sur le Sahara occidental”, au président Abdelaziz Bouteflika. Il a néanmoins répété qu'”après tant d'années sans lumière, il faut impérativement réussir à construire ce plan, à le rendre possible et à le faire adopter par et sous l'égide des Nations unies. Nous avons pour obligation d'arriver à une solution définitive. Dans le cadre de l'ordre international, beaucoup d'affaires ont été réglées, cela vaut donc la peine d'essayer. Il ne faut pas préjuger de la fin. En tout cas, l'Espagne va mettre tout son poids pour la réalisation de cet accord”. Belkhadem a fait savoir que l'Algérie “n'accepterait d'assister à une quelconque réunion à quatre (avec les deux pays en conflit plus l'Espagne) que si l'ordre du jour portait sur les questions de bon voisinage, autrement tout ce que les Sahraouis accepteront, nous l'accepterons ; ils en sont souverains”. Cela dit, il considère que l'”Espagne a une responsabilité particulière dans le conflit sahraoui vu qu'il était le pays administrateur des territoires”. Quant à Zapatero, il a émis le vœu de renforcer le dialogue entre son pays et le nôtre et de “lutter contre les tentatives du choc des civilisations et contre le terrorisme international”. L. B. L'Algérie, “une priorité pour les investisseurs espagnols” José Luis Rodriguez Zapatero, “satisfait” de sa visite à Alger, a indiqué que l'Algérie était un “objectif prioritaire pour les investisseurs espagnols”. Mais il a ajouté que cela “dépendrait de l'évolution de l'économie algérienne et des capacités de nos entreprises à trouver des opportunités d'investissement”. Cela dépendrait bien entendu de l'avancée des réformes économiques prônées par l'Etat depuis quelques années déjà. De ces réformes, Zapatero en a parlé avec le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Selon M. Belkhadem, les pourparlers ont aussi porté sur la coopération juridique, la libre circulation des personnes et la lutte contre l'immigration illégale et le terrorisme. Les deux pays ont décidé de relancer le projet Medgaz, qui permettra, dans un premier temps, des exportations de l'ordre de quatre milliards de m3.