Au moment où les Algériens ne se font pratiquement pas d'illusions au sujet d'une qualification chimérique au Mondial allemand, l'entraîneur national, Robert Waseige, pour des raisons évidentes, brasse à contre-courant et soutient mordicus que cet objectif reste dans la ligne de mire des Verts. En fin tacticien et rompu aux guerres psychologiques, l'ancien coach des Diables rouges ne s'agrippe pas à la perche tendue, il y a quelques jours, par le président de la FAF, qui, pour des raisons pour le moins curieuses, a jugé opportun de baisser pavillon avant même que la bataille ne soit à moitié livrée. Waseige ne veut pas lâcher prise car il trouve inconcevable de jeter l'éponge avant que les Verts n'aient abattu toutes leurs cartes. Le technicien belge va plus loin puisque dans la foulée, il tente même de rectifier le tir par apport aux propos surprenants et franchement inappropriés de Raouraoua en glissant en filigrane que le premier responsable de la fédération croit toujours en nos chances pour le Mondial. Waseige a-t-il parlé au nom de la FAF ? Possible, car il est difficile de croire que Waseige, connu pour son verbe toujours bien placé, ait lâché une telle affirmation sans se référer à ses supérieurs. Du coup, on peut aussi déduire que la FAF est en train de revoir sa stratégie surtout que “certaines mauvaises langues” ruent déjà dans les brancards pour réclamer la tête de Waseige après “l'échec annoncé” de Raouraoua. Ce dernier, dans une interview accordée au magazine Maracana, à paraître ce week-end, vient de couper court aux spéculations en martelant que “Waseige restera en place jusqu'à la phase finale de la CAN 2006 en Egypte”, dans le cas, bien sûr, d'une qualification. Mais à voir de près, l'on se demande si les deux déclarations de Raouraoua et Waseige ne vont pas dans le sens du même objectif, à savoir sauver les meubles avant que ce ne soit trop tard. En effet, la priorité aujourd'hui de la FAF et donc de Waseige, c'est de ne pas sortir bredouille de ces éliminatoires en assurant au moins la troisième place qualificative à la Coupe d'Afrique des nations. Les dirigeants de la fédération savent pertinemment que si une éventuelle élimination du Mondial ne sera pas forcément perçue comme une surprise par les Algériens, une probable absence au rendez-vous égyptien risque d'avoir un effet de tremblement de terre avec son lot de dommages collatéraux. Vue sous cet angle-là, la stratégie est simple : d'une part préparer l'opinion publique à une élimination du Mondial, ce que fait visiblement Raouraoua, et d'autre part maintenir la pression sur les joueurs pour qu'ils se transcendent le jour J, ce que fait Waseige. En fait, le coach national réclame le maximum, c'est-à-dire le Mondial tout en sachant qu'il ne peut avoir que le minimum, autrement dit la CAN. Il est clair qu'il est plus facile d'arracher au moins la troisième place en luttant pour une place de leader que de ce limiter à jouer les seconds rôles qui risquent de virer rapidement et tragiquement au cauchemar. Cependant, ceci n'est qu'une option stratégique, la réalité du terrain est tout autre. Pour les Verts avec deux petits points dans l'escarcelle, elle est plutôt amère à la vielle d'un rendez-vous décisif face au Gabon. Pour l'EN, sauver la face à travers une qualification à la CAN serait déjà un bon “butin” qu'il convient de considérer avec réalisme. Le Mondial, nous le disions, est vraiment une chimère. S. B.