Cela fait plus de dix ans que l'Etat a mis en place les différents dispositifs d'aide à la création d'entreprises. Un laps de temps assez long pour permettre d'en estimer l'impact sur le développement économique et social des bénéficiaires. Ainsi, une première démarche d'évaluation a été initiée par l'Agence nationale de gestion du microcrédit (Angem), sous la supervision du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) et dont les résultats ont été dévoilés, hier, lors d'une rencontre organisée à la direction générale de la Safex. Au-delà de simples bilans chiffrés, l'objectif d'une telle étude est de mesurer l'impact réel de ces financements, à travers des enquêtes de terrain menées auprès des populations qui en ont profité. Un véritable travail de recherche qui a nécessité de passer par une étude pilote, menée dans la wilaya de Boumerdès. Pour réaliser cette étude, il a fallu deux années ainsi que la mobilisation d'une partie du personnel de l'Angem. En effet, 42 cadres de l'Angem d'Alger, de Tipasa et de Blida ont été formés pour l'élaboration de cet outil qui comporte 90 questions classées en 9 différentes rubriques. Selon le DG de l'Angem, Mohamed El-Hadi Aouaïdjia, "les personnels ayant bénéficié de cette formation pourront, à leur tour, transmettre leur savoir à une autre cinquantaine de cadres à travers le territoire national dès 2015". Objectif : mener cette étude sur l'ensemble du territoire. Pour le sociologue Musette Saïb, directeur de recherche au Cread, "l'Angem dispose maintenant d'un premier outil d'évaluation, qui a d'ailleurs été conçu par ses propres personnels. À elle (Angem, Ndlr) de le faire évoluer et l'adapter à ses besoins". Le sociologue précise qu'il s'agit là d'une étude qualitative. "C'est le côté social qui m'intéresse. Je voulais rencontrer les personnes qui ont bénéficié du microcrédit pour sonder son impact sur leurs conditions de vie", explique Musette Saïb. La méthodologie choisie pour mener cette étude pilote, explique encore M. Musette, consiste à confronter les résultats entre la population cible (personnes financées entre 2005 et 2012) et la population témoin (celle sondée par les agents de l'Angem). Pour le sociologue, la stratégie adoptée vise à former les cadres de l'Angem à évaluer leurs dispositifs de financement. M. Musette est, d'ailleurs, un fervent défenseur de la microfinance en tant que vecteur de réduction de la pauvreté et de promotion des catégories défavorisées. En effet, les statistiques mondiales le prouvent : 195 millions de personnes ont bénéficié du micro-crédit en 2013, parmi lesquelles, 75% de femmes. A. H.