En Algérie, l'enjeu de l'accès à la microfinance est élargi à celui de la bancarisation de masse des populations à faible revenu et concerne donc également les banques et autres établissements financiers. Sauf qu'on constate qu'il n'existe pas d'institution spécialisée en micofinance, et c'est une sérieuse contrainte. C'est du moins l'avis donné par des spécialistes en la matière. Une table ronde a été organisée hier, au centre de presse d'El Moudjahid, à laquelle ont pris part, le directeur central de la banque El Baraka, M. Nacer Haider, M. Djerrad, expert comptable et président de l'ordre des experts comptables et Mme. Keramane, une représentante de la Cnac. Les interlocuteurs sont arrivés à une conclusion claire, " il n'y a pas d'institution financière qui prend en charge cette forme de financement ", et de préciser que " les banques ne veulent pas de la microfinance, ce n'est pas leur métier " Ils ont relevé que " l'Algérie est loin de l'application des normes internationales en matière de microcrédit ". " Notre pays manque encore de vraies méthodes de développement du microcrédit. Cela en sus de la bureaucratie qui freine les ambitions des jeunes à créer une PME " La microfinance, a été créée dans le but, selon Mme. Keramane " d'éliminer l'exclusion des femmes et des jeunes ", mais il s'avère que cette initiative manque d'encadrement. Vient aussi le principe de la proximité ; il est donc proposé de créer plusieurs structures d'accompagnement et de suivi pour les PME. Il est indispensable que chaque wilaya soit dotée d'une structure qui aura pour rôle la facilitation, l'accompagnement et le suivi des projets proposés par les jeunes désirant créer leurs propre entreprise. Les participants à la table ronde ont évoqué l'exemple de la Grameen Bank, une banque pour les pauvres et détenue par eux. Fondée il y a trente ans au Bangladesh, l'un des pays les plus pauvres de la planète, pour offrir des microcrédits aux exclus du système bancaire, cette institution a permis la réinsertion sociale de plusieurs millions de personnes. Il estiment que c'est un excellent modèle pour l'Algérie en matière d'accompagnement des PME. Cet accompagnement se traduit par l'apport des aides et de suggestions de solutions pour que les jeunes puissent monter leur propre entreprise. L'impact des politiques d'incitation et des investissements publics engagés par l'Algérie sur l'esprit entrepreneurial est conçu comme un outil de développement local. Ainsi, le dispositif de création de la microentreprise demeure comme un outil d'encouragement des initiatives des jeunes. Il s'agit, de diverses mesures d'incitation et programmes d'investissement engagés par l'Etat pour rehausser l'esprit entrepreneurial des jeunes à travers ce dispositif. Le microcrédit a été défini comme "une offre de services financiers à des individus ou des groupes d'individus socialement démunis, qui n'ont pas accès aux services financiers formels, dans le but de satisfaire les besoins de leur ménage ou de leur microentreprise" . Comme il s'identifie aussi usuellement à des prêts à court terme, permettant la constitution d'un fonds de roulement et la réalisation de petits investissements (par exemple une machine à coudre pour les artisans). Le microcrédit a été introduit par l'Etat à la fin des années 90, parallèlement à d'autres actions socioéconomiques d'accompagnement de l'économie en transition. Mis en œuvre à l'origine par l'Agence de développement social (ADS), il était considéré comme un outil de traitement social de la pauvreté et de soutien aux petites activités économiques (auto-emploi, travail à domicile, activités artisanales et de services, etc…). Ce volet ayant connu quelques difficultés dans sa phase de démarrage dans le cadre du dispositif ADS, des modifications dans les méthodes d'intervention ont été opérées avec un transfert du portefeuille de l'ADS vers l'Angem (Agence nationale de Gestion du microcrédit). Nassima Bensalem