S'il s'agit, en théorie, d'essayer de rapprocher les visions des deux pays dans le but de trouver une solution à la crise libyenne qui se pose avec acuité et urgence, il s'agit pour l'Algérie de convaincre le partenaire tchadien d'adhérer à son option politique. Le président tchadien, Idriss Deby Itno, effectue, depuis hier, une visite de trois jours en Algérie à l'invitation du président Bouteflika. "Cette visite marque, rapporte l'APS, la volonté de l'Algérie et du Tchad de renforcer leurs relations traditionnelles de fraternité, d'amitié, de solidarité et de coopération". En plus de la coopération bilatérale, probablement dans le domaine de l'énergie, un secteur dans lequel vient de faire son entrée le Tchad, il sera surtout question, au menu de cette visite, de la situation sécuritaire régionale, notamment le bourbier libyen, et du Nord-Mali. S'il s'agit, en théorie, d'essayer de rapprocher les visions des deux pays dans le but de trouver une solution à la crise libyenne qui se pose avec acuité et urgence, il s'agit pour l'Algérie de convaincre le partenaire tchadien d'adhérer à son option politique ; une tâche difficile d'autant plus que le Tchad a pris option pour une solution militaire dans les crises qui secouent la sous-région sahélienne depuis son intégration dans l'opération Serval puis Barkhane sous la conduite de l'armée française. D'ailleurs, la communauté internationale semble partagée entre les deux options. L'Algérie, qui plaide pour une solution politique à travers le dialogue entre les différentes factions libyennes en conflit, est soutenue par l'ONU, l'UA et les Etats-Unis, alors que d'autres pays africains ont appelé et appuient l'option française d'une intervention militaire pour faire cesser les hostilités. On soupçonne d'ailleurs des forces étrangères d'avoir franchi la frontière sud de la Libye pour venir en soutien aux forces du général à la retraite, Haftar, qui combat les forces islamistes de Fejr Libya "Aube libyenne". Et ce sont les partisans de cette option qui accusent l'Algérie de soutenir le camp islamiste. D'où le forcing des partisans de l'opération militaire pour faire adopter leur option sachant que sur le terrain politique, les choses évoluent, à petits pas certes, mais favorablement pour le dialogue et une solution négociée entre les Libyens. D'ailleurs, un nouveau round est déjà prévu pour le mois de janvier, en Libye, de surcroît. L'Algérie, qui refuse toute intervention étrangère en Libye et s'interdit par principe de participer militairement à toute opération à l'étranger, a, dès l'éclatement du conflit interlibyen, proposé d'abriter le dialogue inclusif entre les différents groupes en conflit. Et elle a entrepris des démarches discrètes auprès des différents acteurs. C'est dans ce contexte de divergence au sein de la communauté internationale qu'intervient la visite de Idriss Deby qui a rappelé, la semaine dernière, sa position sur la question libyenne et sa solution. Avec le soutien "mou" de la France réitéré au Premier ministre lors de sa visite à Paris, l'Algérie espère réussir à calmer les ardeurs guerrières du Tchad, faire pencher la balance en faveur de la solution politique et éviter ainsi l'embrasement de toute la région. D. B.