Au sommet de Dakar M.Deby a appelé à une intervention militaire en Libye. Une attitude va-t-en-guerre qui n'a pas été du goût de l'Algérie. Le président tchadien, Idriss Deby Itno, a achevé hier, sa visite d'Etat de trois jours en Algérie, après avoir assaini avec les responsables algériens des questions qui prêtaient à confusion. Premier dossier: la crise en Libye et au Mali. Le président du Tchad a relevé à Alger une convergence de vues entre son pays et l'Algérie sur le règlement des crises en Libye et au Mali. «Les points de vue de l'Algérie et du Tchad sur les questions libyenne et malienne sont les mêmes», a déclaré à la presse M. Deby à l'issue d'un entretien avec le président Bouteflika. Sur la Libye, il a souligné que «tous les pays voisins doivent arriver à trouver un agenda unique pour aider ce pays», estimant que beaucoup d'agendas extérieurs à la région «gênent le dialogue entre les Libyens». Le président tchadien a souligné la nécessité pour l'Union africaine, les Nations unies et autres partenaires techniques de soutenir les efforts des pays voisins de la Libye pour un règlement politique de la crise dans ce pays. «Les Libyens doivent se parler et trouver un canevas qui leur permet de se rapprocher davantage et de créer une nouvelle Libye unique et démocratique», a-t-il affirmé. Concernant le Mali, le président Deby a indiqué que son pays «appuie» les efforts de l'Algérie pour le règlement de la crise qui secoue ce pays. «Le Tchad encourage les efforts que l'Algérie mène pour arriver à résoudre la crise malienne. Tous les espoirs sont fondés sur l'Algérie», a-t-il dit. Cest ainsi que Idriss Deby a révisé la position de son pays par rapport à la crise libyenne. Au sommet de Dakar, en novembre dernier, Idriss Deby a appelé à une intervention militaire en Libye. Une attitude va-t-en-guerre qui n'a pas été du goût de l'Algérie déjà que des médias libyens ont fait part de la présence des militaires tchadiens sur le sol libyen, tout en soulignant l'implication de la France. A la déclaration de M. Deby à Dakar, l'Algérie a rétorqué par la voix de son ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel qui a affirmé que les Libyens «sont les seuls habilités à définir les fondements et les contours de la solution politique, en dehors de toute forme d'ingérence étrangère». Il a ensuite relevé qu' «au regard de la simple donne géographique, cette crise ne saurait être appréhendée, pour nous, autrement qu'en termes de sécurité nationale». Hasard ou concordance politique? Le réajustement tchadien à propos de la Libye coïncide avec la déclaration du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Accordant un entretien au journal Le point, Le Drian a rassuré qu'aucune intervention n'est prévue en ajoutant que «frapper sans solution de sortie politique est stérile». A cette intransigeance de l'Algérie contre toute intervention étrangère, il faut ajouter celle de l'Egypte. D'ailleurs, le président tchadien s'est rendu, à la mi-décembre, en Egypte probablement sur cette même question libyenne. En plus des questions sécuritaires, le président tchadien a également abordé les dossiers économiques. Aussi, a-t-il évoqué avec le président Bouteflika le projet de la route transsaharienne, ainsi que la liaison de fibre optique et le gazoduc reliant le Nigeria à l'Algérie, initiés dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad). Lors de son séjour à Alger, il a également sollicité la «compétence algérienne avérée» dans le domaine des hydrocarbures pour accompagner le Tchad à développer son potentiel pétrolier et gazier. Intervenant lors d'une rencontre économique bilatérale, il a expliqué que son pays, qui s'était lancé dans le développement de ses potentialités pétrolières et gazières, dispose d'un nombre important de gisements et blocs en exploration opérés par une dizaine de compagnies de diverses nationalités. Le président tchadien a soutenu que le secteur des mines pourrait constituer une «autre piste» pour le développement de la coopération économique et industrielle bilatérale.