Un an après le lancement de la téléphonie de troisième génération (3G) en Algérie, le taux de pénétration d'Internet a fait un bond extraordinaire en passant de 6,04 % enregistré en 2013, à 24,85% au 30 novembre 2014. Selon l'Autorité de régulation de la Poste et des télécommunications (ARPT), le nombre d'abonnés Internet est passé de 2 339 338 en 2013 à 9 816 143 abonnés au 30 novembre 2014. Parmi les nouveaux abonnés, 8 231 905 sont ceux ayant acquis une puce 3G (Mobilis, Ooredoo ou Djezzy). La 3G est disponible dans 39 wilayas. Mobilis et Ooredoo couvrent, respectivement, 25 wilayas, alors que Djezzy en couvre 20. Ces chiffres de l'ARPT accréditent l'avis des spécialistes qui estiment que l'avènement de la 3G a réellement démocratisé l'accès à internet. Lors de la deuxième édition du Forum du N'TIC Magazine qui s'est tenu le 16 décembre dernier, Younès Grar, consultant IT et ancien conseiller du ministre de la Poste et des TIC, a déclaré qu'un opérateur a vendu 100 000 clés USB en 2 semaines Il a cité le fait qu'un opérateur a épuisé 100 000 clés 3G en espace de deux semaines. "Les Algériens n'ont aucun complexe à utiliser la 3G", ajoute-t-il. Le même constat est fait par Roslane Bencharif, consultant international en nouvelles technologies, qui estime qu'avec un taux de pénétration de 108%, il n'y a plus de clients à prendre. Selon lui "les opérateurs devront se piquer des clients". Roslane Bencharif mettra l'accent sur les étudiants qui, selon lui, constituent un réservoir pour les opérateurs. "Ils sont le vecteur de déploiement de cette technologie". L'arrivée de la 3G, après une attente de dix années, a été saluée par tout le monde. Elle est arrivée pour pallier les carences de l'ADSL qui n'a pas tenu ses promesses. En effet, l'objectif de 6 millions d'abonnés, fixé par les pouvoirs publics, est loin d'être atteint. On est à peine à 1,5 million d'abonnés ADSL mais il est encore trop tôt pour dire que la 3G est un palliatif à l'ADSL. La 3G pourra remplacer l'ADSL avec des offres des opérateurs diversifiées, estime Roslane Bencharif, qui ajoute que pour l'heure, "ces offres sont en adéquation avec ce qui se fait dans le monde mais restent, dans cette première étape, des offres d'acquisition, en attendant les offres de maturation et celles de fidélisation qui arriveront plus tard". Même si, au jour d'aujourd'hui, on n'a pas encore adopté la 3G, cela va venir avec la baisse des prix d'acquisition et celle des smartphones. Le taux de pénétration des smartphones, même s'il n'est pas encore majoritaire dans le parc de téléphones mobile, est en nette progression. La 3G est en train de se démocratiser par petites touches. L'autre phénomène intrinsèquement lié aux changements d'habitude opérés par l'arrivée de la 3G est celui de la démocratisation des smartphones et des tablettes qui se vendent, depuis une année, et de l'avis de plusieurs vendeurs traditionnels, comme des petits pains. Reste au final un élément essentiel dans le développement de la 3G qui fait défaut, à savoir le contenu Web. Les spécialistes sont unanimes à dire qu'il faut créer du contenu pertinent pour la population locale.
Retard dans les TIC : le contenu web fait défaut "Avec la multitude d'offres proposées par les différents opérateurs de téléphonie mobile, les citoyens ne trouvent pas encore leur compte en matière de contenu web", ont-les experts. Selon Younès Grar, le contenu est aujourd'hui étroitement lié à "la politique de la mise en œuvre de la société de l'information". Celle-ci, dans son volet lié aux services administratifs, n'est toujours pas concrétisée, bien que quelques initiatives aient vu le jour, notamment au sein des collectivités locales, grâce à la numérisation des archives, à l'exemple du casier judiciaire. Le pays, certes a entrepris moult actions dans le cadre de la stratégie e-Algérie 2013 (création d'incubateurs, accompagnement des start-up, enregistrement en .dz...) à l'effet de promouvoir une industrie du contenu local, mais la concrétisation de ces actions demeure en déphasage avec la volonté affichée par les hautes instances. Par ailleurs, les développeurs sont pour leur grande majorité des étudiants. Ils travaillent seuls, n'ont pas beaucoup de moyens et encore moins d'expérience. Ils se lancent logiquement dans des applications simples, et qui ne demandent pas de gros moyens. S. S.