La chute du prix du pétrole et la révision à la baisse des prévisions à moyen terme vont peser sur les comptes publics et extérieurs de l'ensemble des pays émergents producteurs, estime le département des études économiques du groupe Société Générale, dans le dernier numéro d'Econote. La note vise à discriminer les pays en fonction de leurs fragilités macroéconomiques initiales et de leurs marges de manœuvre financières pour absorber ce choc. L'Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar et les Emirats arabes unis (EAU) disposent de ressources financières substantielles pour absorber ce choc. La plupart des autres pays producteurs de pétrole (Algérie, Angola, Bahreïn, Oman, Nigeria) sont exposés à la baisse de leurs réserves de changes, à la dépréciation de leurs monnaies respectives et à des plans d'ajustement budgétaires. Toutefois, leurs niveaux de ressources financières devraient leur permettre de prévenir un ajustement macroéconomique brutal. Certains pays apparaissent plus vulnérables (Irak, Libye, Venezuela, Yémen) en raison de leurs situations macroéconomiques initiales défavorables et de ressources financières limitées. Selon l'étude, "tous les pays émergents producteurs d'hydrocarbures devraient enregistrer un déficit budgétaire en 2015 (à l'exception du Koweït, du Qatar et du Kazakhstan). En effet, le niveau du prix du pétrole qui équilibrerait leurs comptes budgétaires est nettement supérieur aux prévisions du prix moyen du pétrole pour l'année 2015". Le département des études économiques distingue les pays dont les comptes publics sont excédentaires, mais qui devraient basculer en déficit en 2015, et ceux dont les comptes publics sont déjà déficitaires et devraient se dégrader encore davantage en 2015. Pour les premiers, le niveau du prix du pétrole assurant l'équilibre de leur budget se situe entre 75 et 105 dollars US par baril. L'Arabie saoudite, l'Azerbaïdjan, Oman et les Emirats arabes unis sont concernés par cette situation. Pour les seconds, le prix du pétrole qui assure l'équilibre de leurs comptes publics est relativement élevé (en moyenne supérieur à 105 USD par baril). Les pays concernés sont l'Algérie, l'Angola, Bahreïn, l'Iraq, l'Iran, la Libye, le Nigeria, la Russie, le Venezuela et le Yémen. Selon la note, le niveau du prix du pétrole assurant l'équilibre du budget de l'Algérie est estimé à 130 dollars le baril. "La baisse du prix du pétrole devrait également affecter les balances courantes des pays émergents producteurs d'hydrocarbures", relève le département des études économiques de Société Générale. Les pays les plus exposés à la baisse du prix du pétrole, selon la note, sont ceux dont la situation initiale des comptes extérieurs est déjà déficitaire (Algérie, Angola, Kazakhstan, Libye, Oman, Venezuela, Yémen). "La vulnérabilité des pays présentant des déficits budgétaires et/ou externes doit être néanmoins relativisée compte tenu de leurs ressources financières. En effet, la plupart des pays ont la capacité de mobiliser l'épargne accumulée au cours de la période de hausse du prix du pétrole", estime-t-on. Quelles conséquences à prévoir ? Le document indique que "la dégradation des équilibres extérieurs des pays émergents producteurs de pétrole va se traduire par des pressions à la dépréciation de leurs monnaies et une baisse du niveau de leurs réserves de changes". Le document relève que les monnaies des pays tels que l'Algérie, l'Angola, le Nigeria et la Russie se sont dépréciées contre le dollars US depuis le milieu de l'année 2014. "Toutefois, la baisse simultanée des réserves de changes de ces pays semble indiquer la volonté des autorités à contenir les pressions à la dépréciation de leurs devises", affirme-t-on. Par ailleurs, ajoute la note, la dépréciation des monnaies va entraîner une hausse de l'inflation, ce qui pourrait conduire à un resserrement monétaire. "L'Algérie, par exemple, subit actuellement une poussée inflationniste (l'inflation s'est établie en moyenne à 4,6% en glissement annuel au 2e semestre 2014, contre 1,2% au 1er semestre)", constate le département des études économiques de Société Générale. M. R.