Le procès de l'affaire Sonatrach I s'ouvre à nouveau aujourd'hui après un premier report le 15 mars dernier. Il a été reporté en raison de l'absence d'un nombre de témoins. Quinze personnes et quatre entreprises sont poursuivies dans cette affaire. Il s'agit de l'ancien P-DG de Sonatrach, Mohamed Meziane, de ses deux fils Bachir Faouzi et Mohamed Réda, ainsi que de ses trois vice-présidents Boumediene Belkacem, Benamar Zenasni et Mohamed-Chawki Rahal, chargés respectivement des activités Amont, transport par canalisation et commercialisation ; cinq autres cadres de la compagnie nationale, à savoir Mustapha Hassani, Mustapha Cheikh, Abdelouahab Abdelaziz, Mouloud Aït El-Hocine et Mohamed Senhadji ; l'ancien P-DG du Crédit populaire algérien (CPA), El-Hachemi Meghaoui et son fils Yazid Lyes qui travaillent pour le compte de de l'entreprise allemande Funkwerk Plettac et Mohamed-Réda Djaffar al-Ismaïl, patron de la société Contel Algérie, dans laquelle Mohamed-Réda Meziane est associé ; et Nouria Meliani qui tenait le bureau d'études ayant conçu les travaux de réfection du siège annexe de la Sonatrach sis rue Ahmed-Ghermoul. Les entreprises poursuivies sont Funkwerk Plettac, Contel Algérie, le groupement Contel Funkwerk Plettac constitué pour soumissionner auprès de Sonatrach, en plus de Saipem, filiale du géant énergétique italien ENI, spécialisée dans les travaux de génie civil. Les mis en cause devront répondre, chacun en ce qui le concerne, de plusieurs chefs d'inculpation, allant du crime de constitution d'association de malfaiteurs aux délits de corruption, blanchiment d'argent, conflit d'intérêts, abus de fonction, dilapidation et complicité dans la dilapidation de deniers publics. Les débats que doit mener le juge Mohamed Regad en charge de l'affaire porteront sur les conditions de passation de marchés publics liés à l'équipement des structures opérationnelles de Sonatrach en systèmes d'alarme et de télésurveillance, décrochés par Contel Funkwerk Plettac ; le projet du gazoduc reliant le champ gazier de Hassi R'mel à El-Kala dans la wilaya d'El-Tarf, sur 784 Km, scindés en trois lots dont le troisième, d'une longueur de 351 km et allant de Mechtatine dans la wilaya de Batna à El-Kala en passant par Tamlouka (Guelma) et Skikda, est attribué en juin 2009 à Saipem — les deux autres lots ont profité à la société égyptienne Petrojet — ; et enfin, la réhabilitation du siège de Ghermoul. Ce procès vient chevaucher celui de l'affaire Khalifa qui se déroule depuis un mois au tribunal de Blida. Sonatrach I est la troisième du genre après l'affaire l'autoroute Est-Ouest jugée fin avril/début mai derniers, et qui a été chevauchée, elle aussi, par l'affaire Khalifa. Beaucoup de ministres ont été cités par différents prévenus dans le cadre de ces trois affaires, mais n'ont jamais été inquiétés, à l'image de Chakib Khelil et d'Amar Ghoul. C'est comme si l'instruction s'était fixé des lignes à ne pas franchir. Or, il n'y a pas eu de grandes révélations lors du procès de l'autoroute Est-Ouest dont la plupart des détails étaient connus par le grand public avant l'ouverture du procès. La présence d'Abdelmoumen Khelifa dans le procès rejugé de Khalifa Bank n'a pas gêné des hommes politiques non plus. Ainsi, celui de Sonatrach I qui s'ouvre au tribunal criminel d'Alger ne risque pas de déroger au schéma dans lequel ont été inscrits les deux premiers, celui de rendre justice par les seconds couteaux et expédier des affaires devenant politiquement encombrantes pour les tenants du pouvoir. L.H.