L'année 2015 a mal commencé pour la destination Tunisie et le problème de la Tunisie n'est pas lié uniquement à la menace terroriste qui sévit, mais aussi à la conjoncture politique et sécuritaire qui prévaut dans la région. Début janvier dernier, les chiffres de l'exercice antérieur ont eu l'effet d'une douche froide sur les professionnels du tourisme tunisiens. En 2014, la Tunisie a enregistré 6 068 593 arrivées contre 6 268 582 en 2013, soit une baisse de 3,19%. Les indicateurs du marché français, le plus important, étaient toujours au rouge avec, pour l'année 2014, juste 720 000 arrivées contre 1,4 million en 2010. Ce mauvais signe a poursuivi le tourisme tunisien durant les 6 premiers mois de l'année en cours, soit jusqu'à la veille des attentats du Riu Imperial Marhaba. Ainsi, pour le mois de janvier 2015, seules 269 065 arrivées ont été enregistrées, soit une baisse de 21% par rapport à janvier 2014. La moitié de ces arrivées sont des Libyens avec 122 500 personnes. Les Algériens, eux, viennent avec 72 798 personnes. Entre le 1er janvier et le 20 mai dernier, la destination a affiché une baisse de 20% par rapport à la même période de l'année 2014 sur le segment des touristes en provenance du premier marché, soit la France. Conséquence de ces reculs, une baisse des recettes : elles étaient, en janvier 2014, de l'ordre de 212 millions de dinars pour passer, en janvier 2015, à 206,5 millions de dinars soit un recul de 2,6%. Face à cette situation catastrophique, la Tunisie était partie dans une stratégie axée sur un grand effort visant à rassurer les marchés émetteurs, en premier lieu, français sur la question de la sécurité. On pensait que quand les touristes français reviendront, le reste des Occidentaux suivrait le pas. La stratégie reposait sur trois messages liés à l'aspect sécuritaire. Le premier est que les enseignements nécessaires ont été tirés de l'attaque du Bardo perpétrée en mars dernier. Le second est la forte coopération en matière de sécurité avec le voisin algérien à même de profiter se son expérience et de mutualiser les efforts. Enfin, le troisième est qu'une certaine veille et anticipation existent grâce aux relations privilégiées avec des acteurs en Libye. Mais les préoccupations des grand TO émetteurs en direction de la Tunisie ne se limitaient pas à l'aspect proprement sécuritaire pour justifier ces mauvaises performances. Il est peut être malheureux de le dire, mais la destination Tunisie paie, aussi, le prix d'une islamophobie montante au point de pousser Jean François Rial, le patron de voyageurs du monde, à dire que "les Européens ne veulent plus aller dans les pays musulmans". L'hygiène et la propreté sont l'autre grief retenu contre la destination Tunisie par les clients des grands TO émetteurs. À titre d'exemple, sur le réseau de Selectour-Afat, la vente de la destination Tunisie souffrait dès le début de l'année avec des retours négatifs au mieux deux fois sur trois, selon les dires de sa propre présidente et rapportés par la presse spécialisée. La baisse des chiffres relatifs à la destination Tunisie s'est accentuée avec l'attentat du Riu Imperial Marhaba à Port El-Kantaoui à Sousse. Sur le marché français, au niveau des agences de voyages, 80% des annulations ont été constatées. Et s'il y a report, il est sur le marché de l'Europe du Sud. Reste que dans sa chute, la destination Tunisie risque de mettre sur le carreau un nombre important de TO. Ces derniers doivent la construction de leurs empires à cette destination low-cost. M. K. 1.5 % Agrégats 2010 2013 2014 écart 2014/2010 Tableau évolution agrégats tourisme tunisien (source ministère du Tourisme tunisien) Recettes en MDT 3 522,5 3 299,4 3 575,6 Nuitées globales 35 565 104 30 001 358 29 107 239 -18.2 % Arrivées aux frontières 6 902 749 6 268 582 6 068 593 -12.1 %