L'artiste a entamé une tournée juste après la sortie de son album "Uccen d-umeksa" (le chacal et le berger). Dans cet entretien, il évoque son album, sa tournée et sa rencontre avec le public dans 30 villages et petites villes. Liberté : Votre album Uccen d-umeksa est sorti il y a quelques semaines, et tout de suite après vous avez entamé une tournée. Pourriez-vous revenir ici sur cette tournée, sur votre rencontre avec le public ? Zayen : C'était génial ! Je me suis éclaté et le public était au rendez-vous ! Je tiens à préciser que ces rencontres avec le public sont une première en Algérie. J'ai abordé la saison estivale en partant à la rencontre de la Kabylie authentique, des gens qui vivent à l'année dans ces hameaux accrochés à la montagne, lors d'une tournée où j'ai sillonné 30 villages et petites villes en Kabylie. D'ailleurs, je profite de cet entretien pour remercier toutes les associations et les comités de village qui ont contribué à la réalisation de ce projet de tournée. Et dans le programme, il y a eu la visite des villages, la rencontre avec les comités de village, les citoyens et le mouvement associatif. Un débat avec le public ainsi que la projection de ma tournée mondiale étaient au rendez-vous. Nous avons appris que les comités de village et des associations ont pris part à ces rencontres de promotion de l'album. Justement, est-il facile de mobiliser du monde autour d'un événement artistique ? Rien n'est facile, mais tout est possible. L'équipe de Chik Production et moi-même avons impliqué tout le monde : les artistes locaux de chaque village, les associations, les comités de village, les citoyens. C'est donc un travail de collaboration et de partenariat et surtout de sensibilisation. C'est le moyen le plus simple et efficace pour encourager la participation des autres. Le savoir-faire est la disposition naturelle d'un individu à accomplir une tâche donnée, à réaliser une action ou mission donnée. Outre ces rencontres d'échange et de débat, avez-vous animé des galas dans ces régions ? Oui, j'ai donné des spectacles également dans le cadre de cette tournée intitulée "Le village tour de Zayen". J'ai chanté à Aokas, Melbou, Souamma, Tizi Ouzou, Bouira, Amizour et dans d'autres villages aussi. Revenons à l'album : pourriez-vous nous donner un aperçu de l'atmosphère générale de ce nouvel opus ? C'est un album de 9 titres, enregistré en France au studio Gosto, inspirés de contes et d'histoires de notre patrimoine, arrangé par Abdelghani Torqui. L'album traite de divers thèmes : l'environnement dans la chanson Dda Musa, qui dénonce la dégradation de l'environnement. J'ai chanté la femme africaine, y compris la femme kabyle, gardienne de la tradition. J'ai repris la fable de La Fontaine, Le laboureur et ses enfants (Amekraz d warraw is) : un conseil aux enfants qui ne doivent en aucune façon abandonner la terre nourricière. Parlez-nous du titre phare de cet album : "Salomé"... Salomé. Comme une colombe qui s'envole laissant cette terre trahie. Salomé s'en va loin de cet homme vil loin des souffrances et des cris. Salomé chante dans le ciel saluant la paix des songes. Salomé s'en va et l'homme est seul traversant un désert aride de nuits noires sans lune loin des lumières claires ; son soleil est bien sombre. L'homme n'en peut plus il appelle Salomé : "Reviens je t'en prie, c'est trop dur ici-bas, pardonne-moi je t'en prie pour tous ces maux je veux changer à jamais." Un jour Salomé revient le pardon au fond du cœur, l'amour est le plus fort. Salomé chante l'espoir sur la route de la paix. Comme une colombe qui se pose, Salomé revient pleine d'amour enlaçant l'homme de bonheur chantant la vie nouvelle et belle
Pourquoi "uccen d-umeksa" ou le chacal et le berger ? Le chacal et le berger sont deux personnages familiers de nos vieux contes kabyles. Le chacal reste l'ennemi des chèvres, des brebis et de la volaille. De ce fait, il est le symbole de ruse et de malice. Dans un village, un berger voulait rendre service. Il proposa aux autres habitants de guider leurs troupeaux hors du pays. Il s'en va donc. Mais dans la forêt sombre, un chacal se glisse entre les arbres et attaque une brebis. Il la dévore sans que notre pauvre berger s'en aperçoive. Seulement, le soir, un villageois perspicace s'aperçoit de cette disparition. Les gens du village se regroupent et organisent une battue au plus vite. Bien sûr, ils découvrent les os de la brebis dépecée par le chacal affamé... S'en retournant au village, un villageois réunit ses congénères au plus vite. La sentence tombe : le berger doit rembourser la brebis ! Alors que le chacal coupable court toujours... S'il y a vraiment une justice, qui est le coupable : le chacal sanguinaire ou le pauvre berger qui voulait simplement rendre service ? Après l'album et la rencontre avec le public, quelle est la prochaine étape ? Je prépare un nouveau clip pour la nouvelle chanson Salomé, le mois prochain à Paris. En même temps, avec notre association (ACD), je prépare aussi une grande rencontre internationale à Aubervilliers du 1er au 10 août prochain intitulée "Les pratiques artistiques et la danse, levier d'apprentissage des jeunes animateurs défavorisés". L'objectif général de la rencontre est de renforcer les capacités des responsables associatifs et travailleurs de jeunesse ayant moins d'opportunités dans la conduite de projets européens liés au thème de l'employabilité des jeunes défavorisés et de la croissance inclusive, en utilisant les pratiques artistiques, et en créant ensemble une chorégraphie présentée lors d'un spectacle final, comme outils et support de lutte contre les discriminations en les rapprochant du marché de l'emploi. Entretien réalisé par : M. M.