Malgré ses insuffisances, notamment au plan opérationnel, l'Algérie tient au Comité d'état-major opérationnel commun (Cemoc) qui doit cependant agir selon une nouvelle stratégie que les chefs d'état-major des pays du Sahel (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger), en réunion ordinaire à Tamanrasset, devraient définir à la lumière de l'évaluation de la menace terroriste et du crime organisé. Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP, a, dans son intervention rapportée par l'APS, rappelé la détermination de l'Algérie à "préserver ce cadre de coopération (Cemoc) à travers lequel nous exprimons, en toute liberté et sérieux, notre analyse et point de vue sur les questions sécuritaires concernant la région". Et même si la situation sécuritaire a connu une amélioration, reconnaît le général Gaïd Salah, "grâce aux efforts déployés par nos pays au double plan politique et militaire", il reconnaît que le défi sécuritaire demeure et que "les desseins du terrorisme transfrontalier nous dictent la nécessité de rester vigilants et de renforcer la coopération afin de préserver les acquis réalisés". Une amélioration qui est le fruit de la coopération, mais aussi et surtout des efforts de l'ANP pour sécuriser la frontière et qui a réussi à déjouer plusieurs tentatives d'incursion terroriste et d'introduction d'armes dans les pays de la région. Un effort colossal supporté uniquement par l'Algérie. D'où l'appel du chef d'état-major à l'adoption d'une démarche et d'une stratégie commune qu'il décline sous forme d'une dynamique collective où se conjugueraient les efforts de nos pays pour éliminer définitivement le phénomène du terrorisme menaçant la région. Bien entendu, l'Algérie demeure disposée à faire profiter les armées des pays partenaires de son expérience, de son expertise en matière de lutte contre le terrorisme. Mais les pays voisins doivent davantage s'impliquer "dans le cadre d'une dynamique collective sous-tendue par une conviction de la communion de la cause, et à même de permettre de surmonter cette étape et de prémunir la région d'une dégradation de la situation", avait précisé le chef d'état-major de l'ANP. Et de rappeler encore que cette stratégie ou dynamique ne doit pas compter uniquement sur l'aspect sécuritaire, mais doit aussi intégrer les aspects socioéconomiques pour être efficiente. Une démarche dans ce sens a été esquissée et adoptée par les chefs de la diplomatie des pays du Sahel mais dont la mise en œuvre semble, à la lumière de ce qui se passe dans la région, traîner et retarder en même temps l'objectif, cher à M. Messahel, de "réappropriation de la lutte contre le terrorisme dans la région". Les travaux de la rencontre sont consacrés à l'évaluation de la situation sécuritaire dans la région, l'échange d'analyses, le bilan de l'application des décisions prises lors de la dernière rencontre. Il sera, évidemment, question de passation de la présidence du Cemoc de l'Algérie au Mali, une présidence tournante suivant l'ordre alphabétique des noms des quatre pays. Il est clair qu'au-delà de l'engagement franc des pays voisins, de la confiance mutuelle, les pays du Sahel sont appelés désormais, compte tenu de la situation actuelle, de la fragilité de la stabilité (relative), à élaborer une nouvelle vision commune pour éradiquer le terrorisme dans la région.