Aucun quartier d'Alger n'a échappé à la convoitise de ces revendeurs de moutons, pas même les lieux réputés huppés des hauteurs d'Alger, dont le chemin des Crêtes à Draria. Comme chaque année à pareil "maoussim" de l'Aïd El-Adha, Alger et ses banlieues n'échapperont ni à l'avidité démesurée des maquignons ni à l'invasion des moutons ! D'ailleurs, notre Messaoud national pointe déjà du museau dans l'interminable file de camions immatriculés çà et là dans les régions des hauts plateaux à vocation agropastorale du Titteri, d'Ouled Naïl et d'Ouled Djellal. C'est dire que les maquignons ont accaparé Alger et annoncent d'ores et déjà la couleur de la "hidoura" (toison), notamment aux environs du Mas des planteurs à Zéralda, où les moutons se mêlent aux grappes de vacanciers d'un été finissant. L'appât du gain aidant, le maquignon ne s'en cache pas de l'autorité ! Que nenni ! Surtout sur le chemin vicinal Khiati-Ahmed qui assure la liaison entre le lieudit la Bridja et Staouéli. Autre indice révélateur d'une incursion soudaine de bétail, il y a ces conducteurs d'une colonne de camions pleins à céder sous la charge de moutons et qui lorgnent du côté d'une aire d'espaces verts défraîchie sise à proximité du marché de fruits et de légumes de Birkhadem qu'est établi sur le tronçon de l'autoroute Blida - Alger. L'autre phénomène de mode et qui rapporte gros, c'est la location de locaux pour la vente de bestiaux, qui fait en ce moment l'effet boule de neige, notamment à Zonka et à Hay El-Badr (ex-Lotissement Michel), où les transactions du cheptel s'opèrent dans la discrétion. De l'avis des riverains, cela reste un moindre mal comparé à l'enfilade d'enclos montée du côté du rond-point qui délimite le quartier Zonka à Birkhadem, du lieudit Essafsafa. Ici, où cela ne sent pas du tout la rose, il est malaisé de se frayer son chemin, à cause des... intermittents de la fête qui, flairant l'aubaine d'autant belle, se sont investis dans la vente de bottes de foin. Tout bien considéré, il est difficile de s'y conformer aux directives de la wilaya d'Alger qui, pour rappel, a instruit en date du 10 septembre les walis délégués qu'"il est attendu d'eux et des maires du Grand Alger d'indiquer les aires d'enclos pour l'accueil des maquignons". Seulement, et même s'il y a eu l'éligibilité de 46 communes pour abriter 119 points réservés à la vente de moutons de l'Aïd El-Adha, force est d'admettre qu'il est ardu d'exiger du maquignon le strict respect des limites de son périmètre, eu égard à l'anarchie ambiante qui ne cesse de soulever le courroux de ces Birkhademois qui ont déclaré : "Le maquignon ne doit en aucun cas empiéter sur notre tranquillité et fouler aux pieds les règles de bienséance." Du reste, les multiples infractions à l'édit du beylik ont contribué à vider de son contenu l'initiative de la direction de la réglementation et des affaires générales de la wilaya d'Alger que d'aucuns considérait comme une première dans le genre. C'est dire qu'en matière de protection de l'environnement, le beylik repassera pour cette fois-ci. Certes, l'initiative de l'autorité est généreuse, puisqu'il est prévu l'apport traditionnel de la corporation de vétérinaires et les corps de sécurité qui devraient rouler sur le même essieu que leurs collègues de l'urbanisme et de la protection de l'environnement qui relève de la Sûreté de la wilaya d'Alger afin de veiller à la protection des personnes et du cheptel. Pour rappel, on trouve dans le lot de villes élues à l'hospitalité de la "begarra connection" le pool industriel de Rouiba ainsi que le village marin de Réghaïa et l'évolutive bourgade de Heraoua à l'est, alors qu'à l'ouest il y a le village de vacances de Zéralda, les hameaux de Baba Hassen et d'El-Achour. Outre cela, d'autres sites de vente ont été inaugurés à Birkhadem, Bir Mourad Raïs et Gué de Constantine. Et depuis, les riverains n'en comptent plus les actes de transgression aux règles de la décence. De images tellement regrettables qu'ils ont l'amère l'impression que leurs communes ont renoué avec la vocation pastorale qui était la leur. D'ailleurs, le cas d'Essafsafa n'est pas du tout isolé ! Loin s'en faut, puisqu'à Gué de Constantine, les lieux de pâturage s'improvisent et poussent à tout bout de champ, particulièrement sur la route nationale, où des troupeaux de moutons broutent paisiblement au bas d'immeubles de l'hideuse cité de Aïn Naâdja. C'est là l'avant-goût de l'Alger qui sent l'odeur nauséabonde des déjections de mouton en attendant l'odeur de cuisson de la douara et les relents du bouzelouf grillé. C'est qu'il y aura probablement du travail pour l'autorité, du fait qu'il est stipulé des mesures coercitives à l'encontre des contrevenants, telle que "la fermeture des points de vente illégaux et la confiscation des bêtes". Autre couac, l'hygiène de l'environnement n'est pas suivie du nettoyage de ces sites de négoce de cheptel dits illicites, si ce n'est la main-forte prêtée par les agents de nettoiement de l'établissement Netcom et d'Extranet qui font du mieux qu'ils peuvent. Pour conclure, il y aura l'ouverture de 32 postes ouverts en permanence où 145 vétérinaires seront à pied d'œuvre pour veiller à la gestion sanitaire de ces sites. Mieux, il est même envisagé d'inclure deux équipes itinérantes qui parcourront dans tous les sens bled Sidi Abderrahmane au jour J du sacrifice. À signaler que les abattoirs de Hussein Dey, d'El-Harrach, des Eucalyptus, de Rouiba, de Zéralda et de Bordj El-Kiffan seront ouverts aux citoyens le jour de l'Aïd El-Adha. L.N.