Le président du Panel du mécanisme africain d'évaluation par les pairs de l'Union africaine, Mustapha Mékidèche, a plaidé, hier, sur les ondes de la radio chaîne III, pour l'utilisation du "relais de financement chinois" pour financer des projets d'infrastructure en Algérie. M. Mekidèche estime que l'Algérie devrait émarger aux financements annoncés par le président chinois Xi Jinping à l'ouverture du sixième forum Chine-Afrique, qui s'est tenu à Johannesburg en Afrique du Sud. Le président chinois a annoncé que son pays prévoit une aide financière pour l'Afrique de 60 milliards de dollars incluant 5 milliards de prêts à taux zéro et 35 milliards de prêts à taux préférentiels. "L'invité de la rédaction" de la Chaîne III a indiqué que la situation est favorable pour le développement des relations économiques entre la Chine et l'Afrique. L'Empire du Milieu est en train d'infléchir son modèle de développement. Pékin va chercher un supplément de croissance à l'extérieur, notamment, en Afrique, après s'être appuyé pendant des années sur les exportations. Grâce à ses capacités financières disponibles, la Chine accompagne ses entreprises à l'étranger à travers des prêts à long terme à des conditions extrêmement favorables. Ce type d'opération d'investissement à l'extérieur permet, également, de régler le problème d'endettement des grandes entreprises chinoises. M. Mekidèche estime que l'Algérie peut envisager "la possibilité d'avoir une coopération dans le domaine industriel, dans les phosphates ou dans d'autres domaines dont la pétrochimie". Notre pays peut aussi se placer comme fournisseur de gaz pour permettre "la décarbonisation de l'économie chinoise". La Chine, qui est devenue, en quelques années, premier fournisseur de l'Algérie, "n'est pas présente significativement en matière d'investissement dans les industries manufacturières ou dans les services", un aspect qu'il va falloir corriger. Le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l'Algérie a atteint 10 milliards de dollars en 2014 contre 6,9 milliards de dollars en 2011, soit un accroissement de 44%. M. Mekidèche évoque "la possibilité d'avoir un nouveau regard", suggérant des projets en coproduction et un accompagnement dans l'investissement dans les infrastructures que la situation financière de l'Algérie ne permet pas de financer. Il cite, notamment, le projet de transfert d'eau entre El-Menia et les Hauts-plateaux qui peut être financé par les Chinois. M. Mekidèche a rappelé l'instruction de la Banque d'Algérie envoyée aux banques pour commencer, à compter du mois en cours, à utiliser le yuan (monnaie chinoise) comme monnaie de règlement des importations venant de Chine. L'intervenant estime que c'est "un signal fort qu'envoie l'Algérie en direction de la Chine". L'invité de la rédaction de la Chaîne III s'est montré favorable au recours aux prêts chinois pour le financement de projets structurants. "La Chine est l'un des rares pays qui offrent des prêts à long terme, sur 125 ans, à des taux d'intérêt nuls ou très peu élevés. L'Algérie doit émarger à ce type de financement sans complexe. Cela permet de traverser cette crise pétrolière, qui est à cycle long et qui risque de durer jusqu'à 2020, sans avoir à arrêter le développement des infrastructures qui titre notre croissance", a-t-il estimé. Une cinquantaine de pays africains et la Chine ont adopté, à l'issue des travaux du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), deux documents qui régissent la coopération sino-africaine pour les trois années à venir. Baptisés la Déclaration de Johannesburg et le Plan d'action de Johannesburg (2016-2018), les deux documents devraient donner "un nouvel élan" au développement global des relations sino-africaines et fournir "un guide spirituel" et "une garantie politique" pour mener une coopération mutuellement "bénéfique" dans plusieurs domaines et sur des niveaux plus élevés, selon le président chinois Xi Jinping, cité par l'agence Xinhua. M. R.