Les événements d'Ajaccio, durant lesquels une partie des manifestants scandaient des slogans du genre : "Les Arabes dehors !", donne une autre dimension à l'hostilité envers les musulmans, comme le laissaient craindre les sanglants attentats terroristes de janvier contre Charlie Hebdo et du 13 novembre à Paris. Les exactions visant les lieux de culte musulmans se sont multipliées un peu partout dans l'Hexagone. Cela est confirmé par le Conseil français du culte musulman (CFCM), qui indique que le nombre d'actes islamophobes a atteint "un sommet" en 2015. Ainsi, au cours des douze jours qui ont suivi l'attentat contre Charlie Hebdo, la police et la gendarmerie avaient enregistré pas moins de 128 actes anti-musulmans. Le CFCM souligne que ce chiffre équivaut au nombre d'actes similaires recensé pour toute l'année 2014. Ces événements tragiques semblent avoir libéré la parole raciste, qui déferle sur les réseaux sociaux. Une "cyber-haine", déplore l'Observatoire du CFCM qui "appelle les citoyens à ne pas faire l'amalgame entre la grande majorité des musulmans français, qui vivent en paix, avec une infime minorité qui prône la violence et même la mort au nom de notre religion". L'autre symptôme est la poussée dans les urnes du parti d'extrême droite, Front national, toujours prompt à condamner la pression migratoire ou la présence trop visible selon lui des musulmans. "Chez nous, on ne vit pas en djellaba" a lancé début décembre Marion Maréchal-Le Pen, nièce de la présidente du mouvement et candidate dans la région sud de la France. "Nous ne sommes pas une terre d'islam, et si des Français peuvent être de confession musulmane, c'est à la condition seulement de se plier aux mœurs et au mode de vie que l'influence grecque, romaine et seize siècles de chrétienté ont façonné", avait martelé cette jeune figure de proue du FN, parti qui a remporté près de 30% des voix lors d'un scrutin régional mi-décembre. Pendant ce temps, le gouvernement français multiplie les gestes de fermeté avec la fermeture de trois mosquées pour cause de radicalisation ou encore son projet de déchéance de nationalité pour terrorisme des binationaux nés français. C'est dire que les choses ne vont pas en s'arrangeant pour la communauté musulmane en France, estimée à plus de cinq millions d'habitants. MT./Agences