Résumé : Lyès apprend que ses parents ont fait un accident. Son cousin le presse de rentrer à la maison. Il allait devoir repartir alors qu'il projetait de ramener Selma chez lui. Elle risque d'interpréter le fait d'accourir au chevet de ses parents comme un signe de soumission et qu'il est encore "à leur botte"... S'il part sans rien lui dire, elle allait s'inquiéter et douter de lui. Elle risque de remettre en question leur mariage. Il ne veut pas la perdre une seconde fois. D'ailleurs, même s'il décide de partir sur-le-champ, il n'y a aucun taxieur qui acceptera de prendre la route au milieu de la nuit. Lyès se couche mais ne dort pas. À l'aube, il est prêt à partir. Il évite de faire du bruit pour ne pas réveiller ses amis. Il ne peut pas leur gâcher leurs vacances car, les connaissant bien, ils voudront l'accompagner. Il n'est pas surpris de trouver de la lumière au chalet d'Aziza. Alors qu'il s'apprête à frapper, Selma lui ouvre. Elle l'invite à entrer. Une bonne odeur de café lui parvient. Elle le précède à la cuisine. Il ne s'assoit pas. Quand il croise son sourire, il sent combien il allait la décevoir. Mais il n'a pas le choix. Elle-même se rendrait au chevet de sa mère si elle savait sa vie menacée. - Mes parents ont fait un grave accident hier matin, lâche-t-il. Ils ont passé la nuit aux urgences ! En fait, j'ignore s'ils vont mieux... Selma, je sais que ce que je vais te demander va te paraître fou mais je voudrais que tu m'accompagnes ! Elle dépose la tasse de café et le regarde. La nouvelle ne l'étonnait pas. Aucune surprise, aucune joie dans son regard. - Cet accident tombe à un moment où on voulait partir et retrouver notre fils ! À croire qu'Allah veut nous mettre à l'épreuve ! Je sais que la vie que tu as menée auprès d'eux avait le goût de l'enfer mais ils sont mes parents et je ne peux pas les abandonner maintenant ! Je ne te demande pas de revivre avec ma famille, juste de m'accompagner le temps d'une visite ! Je ne leur pardonne pas leur méchanceté gratuite, ne les excuse en rien mais, par devoir, je dois y aller, et ta présence leur prouverait que rien ne peut nous séparer ! Ils comprendront que notre union est de celles qui durent toute la vie et même dans l'au-delà ! Selma secoue la tête et a un pauvre sourire. - C'est tellement beau ce que tu viens de dire ! Je voudrais tellement te croire ! Tu es quelqu'un de bon Lyès ! Ta bonté te perdra ! Pars seul ! Il se peut qu'ils fassent un infarctus en me voyant ! - Non, ils seront trop heureux de me revoir ! Rappelle-toi qu'ils ne m'ont pas vu depuis des années, lui dit-il. Je t'en prie, viens avec moi ! J'ignore ce que je vais trouver au bout de ce voyage. J'ai besoin de toi pour affronter l'avenir ! Je t'en prie, ne refuse pas ! Selma n'a pas le temps de répondre. Yamina et âami Ali, réveillés par leur discussion, les ont rejoints. Aziza aussi... - Ne me dites pas que vous alliez partir comme des voleurs, dit le vieil homme. Il est cinq heures du matin ! Lyès lui explique pourquoi il est venu si tôt. - Je demandais à Selma de m'accompagner ! - Oui, c'est une bonne idée ! Selma tu ne dois plus le lâcher d'une semelle ! dit Yamina. Les coups durs de la vie ne peuvent pas t'avoir rendue insensible aux prières de ton mari ! Selma croise le regard du vieil homme qui l'encourage en clignant des yeux. - Je vais prendre quelques affaires, dit-elle. Je viens avec toi ! Mais ne t'attends pas à ce que je sois mielleuse avec eux ! - Je ne t'en demande pas tant ! - Quand reverrais-je Samir ? - T'inquiète, je vais demander à khalti Halima de nous rejoindre, promet Lyès, ému jusqu'aux larmes. Fais vite s'il te plaît ! - Je connais un taxieur qui acceptera de vous emmener jusqu'à ton village, dit le vieil homme. Si vous avez de la chance, je le trouverais encore chez lui ! Il va au salon et appelle son ami taxieur. Ce dernier est déjà debout. Âami Ali le lui demande comme une faveur. Le taxieur promet d'être là dans cinq minutes. Selma va à la chambre et met dans un petit sac quelques affaires de rechange. Aziza la rejoint. - Sois forte ! Ils ne peuvent plus rien contre vous ! - Je t'appelle dès qu'on arrive ! Les au revoir se passent sur le pas de la porte. Âami Ali souhaite que les parents de Lyès s'en sortent, alors que le couple s'installe dans le taxi qui démarre aussitôt. - Quand on a une longue vie, on a le temps de se repentir, de demander pardon, parfois même de corriger ses erreurs ! (À suivre) A. K.