Il s'agit, en effet, pour le président de l'Assemblée nationale française de décrisper le climat entre Alger et Paris après la bourde du Premier ministre français. M. Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, effectuera une visite en Algérie le 2 juin 2016. Au cours de son séjour, il rencontrera son homologue, M. Mohamed Larbi Ould Khelifa ainsi que le président du Conseil de la nation, M. Abdelkader Bensalah. Il sera également reçu par M. Abdelmalek Sellal, Premier ministre, et par M. Ramtane Lamamra, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Le déplacement de M. Bartolone sera l'occasion de renforcer la concertation bilatérale, notamment en matière économique et sur les questions de sécurité régionale, thèmes de travail retenus par les deux Assemblées. À l'occasion de sa visite, M. Bartolone ouvrira, avec son homologue M. Mohamed Larbi Ould Khelifa, les travaux de la grande commission interparlementaire qu'ils avaient présidée ensemble pour la première fois en mars 2013. La deuxième session de travail de la grande commission s'était tenue à Paris en juin 2014. Depuis leur reprise en 2001, les relations entre l'Assemblée nationale française et l'Assemblée populaire nationale algérienne se sont, en effet, progressivement étoffées et densifiées. Un protocole-cadre a été signé par les présidents, MM. Jean-Louis Debré et Amar Saâdani à Alger le 21 janvier 2007, qui a ouvert la voie à l'installation, en mai 2009, de cette grande commission interparlementaire. Avec ses interlocuteurs algériens, M. Bartolone évoquera enfin les multiples facettes de la coopération entre les Parlements français et algérien, et notamment le séminaire annuel des fonctionnaires des Parlements francophones de la Méditerranée dont la dernière édition a eu lieu à Alger à l'automne 2015 ainsi que le cycle de formation au travail parlementaire organisé conjointement par l'ENA, l'Assemblée nationale et le Sénat. Près de deux mois après la visite mouvementée du Premier ministre, Manuel Valls, le président de l'Assemblée nationale française, Claude Bartolone, effectue, à partir d'aujourd'hui, une visite officielle de trois jours en Algérie, à l'invitation du président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Mohamed-Larbi Ould Khelifa. Au menu de cette visite : des entretiens avec de hauts responsables algériens dont notamment avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et Ramtane Lamamra ainsi que la présidence de la grande commission interparlementaire avec son homologue algérien, durant laquelle les deux parties aborderont plusieurs questions d'intérêt commun, notamment le "partenariat algéro-français dans le domaine de l'investissement et du commerce ainsi que la sécurité et la lutte contre le terrorisme dans la région méditerranéenne", selon un communiqué de l'APN. Même si elle n'est pas annoncée, une rencontre avec Abdelaziz Bouteflika n'est pas à exclure d'autant plus qu'il s'agit du numéro trois de l'Etat français. "Le déplacement de M. Bartolone sera l'occasion de renforcer la concertation bilatérale, notamment en matière économique et sur les questions de sécurité régionale, thèmes de travail retenus par les deux Assemblées", avait indiqué, lundi soir, un communiqué de l'ambassade de France à Alger. Officiellement donc, il s'agit pour les deux parties de parler "affaires" et "sécurité". Mais au-delà de ces aspects, cette visite, qui intervient dans un contexte de turbulences dans les relations algéro-françaises, vise, sans aucun doute, à tourner la page de la polémique provoquée par le tweet de Manuel Valls dès son retour à Paris après une visite à Alger début avril dernier. Il faut dire que malgré l'appel de Manuel Valls à son homologue, Abdelmalek Sellal, quelques jours plus tard, le tweet continuait à susciter des réactions d'indignation parmi les dignitaires du régime. À commencer par Ahmed Ouyahia qui a évoqué "une énorme indélicatesse". L'UGTA et le FCE avaient dénoncé, pour leur part, "une campagne malveillante et fallacieuse qui a été déclenchée en France à la veille de la réunion de la 3e session du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN) et qui a atteint son paroxysme avec des manipulations diffamatoires délibérément dirigées contre l'institution présidentielle au lendemain de la fin des travaux du comité". Selon les deux organisations, il s'agissait d'"agressions sournoises et irrespectueuses envers notre pays et ses institutions républicaines" et de dénoncer une "cabale de noircissement de nos institutions". Quant à Louisa Hanoune, elle avait qualifié le geste de Valls d'"agression délibérée" et de "provocation insupportable". Même si Ahmed Ouyahia, en homme et diplomate avisé, avait pris soin de préciser que le tweet n'allait pas impacter les relations entre Alger et Paris, il reste que Claude Bartolone aura inévitablement à cœur de faire oublier "l'épisode Valls" et de donner une nouvelle impulsion aux relations, tout comme il cherchera éventuellement quelques soutiens chez les Algériens en perspective de l'élection présidentielle française. S'il a réussi depuis sa visite en 2012 à conférer à la relation algéro-française un caractère exceptionnel, François Hollande dont la popularité en France ne cesse de dégringoler ne voudrait sans doute pas que les Algériens "placent leur œufs dans un autre panier". C'est dire que bien plus que d'apparence économique et sécuritaire, cette visite de Claude Bartolone est à forte connotation politique. Karim K.