Selon les membres de la tripartite, les conditions financières actuelles du pays ne permettent plus de maintenir ce dispositif mis en place en 1997, dans le cadre de l'ajustement structurel imposé par le FMI. Le départ à la retraite sans condition d'âge, c'est fini. La décision a été entérinée, hier, par la tripartite organisée à la résidence d'Etat "Djenane El-Mithak" à Alger. "Il y a eu un accord avec tous les concernés pour amender l'ordonnance n°97-13 du 13 mai 1997", a annoncé le Premier ministre à la fin des travaux de la tripatite. Si le départ à la retraite sans condition d'âge se conjugue désormais au passé, l'âge légal de la retraite ne change pas. Il est maintenu à 60 ans. L'ordonnance n°97-13 du 13 mai 1997, instituant le départ à la retraite sans condition d'âge, a été promulguée "dans une conjoncture particulière de mise en œuvre du programme d'ajustement structurel, à titre transitoire, pour atténuer les effets induits par les fermetures d'entreprises et les compressions d'effectifs". Les participants à la tripartite, et afin de préserver et consolider le dispositif de retraite, considèrent que "les conditions actuelles ne permettent plus le maintien de ce dispositif". À l'unanimité, ils ont admis que son maintien "entraîne des conséquences dommageables aussi bien aux équilibres financiers de la Caisse nationale de retraite (CNR) qu'à l'outil de production qui enregistre chaque année d'importantes déperditions au niveau de ses ressources humaines, notamment les plus qualifiées dans un dispositif qui s'est avéré souvent inégalitaire". Selon certaines sources, pas moins de 400 000 travailleurs ont bénéficié de ce dispositif depuis sa mise en place, pour une enveloppe de 360 milliards de dinars. Les participants à la tripartite ont, de ce fait, exprimé leur totale adhésion à l'abrogation des textes relatifs au départ à la retraite sans condition d'âge. "Un groupe de travail sous l'égide du gouvernement veillera à la mise en œuvre de cette recommandation, afin de sauvegarder les équilibres financiers de la Caisse nationale de retraite", souligne le communiqué de la tripartite. Le Premier ministre a annoncé la couleur dès l'ouverture de la rencontre en évoquant "les aménagements législatifs à engager en matière de droit du travail et de retraite". Il s'agit, a-t-il a indiqué, de "garantir à tous les travailleurs les mêmes droits sociaux, sans privilèges indus ni exception dérogatoire, afin d'assurer la pérennité du système national de retraite basé essentiellement sur l'intergénérationnelle". Un nouveau modèle de croissance en maturation "Le gouvernement a inscrit l'objectif de porter les recettes des exportations hors hydrocarbures à 9% des recettes des exportations globales d'ici à la fin de l'année. C'est possible", a indiqué le Premier ministre en évoquant le nouveau modèle de croissance. Le gouvernement a souligné que "le développement économique et social, qui s'est consolidé et intensifié durant les dernières années, dépendait largement des hydrocarbures, de la dépense publique et du rôle de l'Etat en tant que premier investisseur et plus important employeur". Mais ce modèle de développement, avec la baisse des prix du pétrole, n'est plus soutenable. Du coup, le gouvernement veut aller vers un modèle de croissance plus intensive. Dans son intervention à l'ouverture de la tripartite, M. Sellal a précisé que ce nouveau modèle de croissance économique "déploie une approche claire et consensuelle" jusqu'à 2019 avec des perspectives à l'horizon 2030. Ledit modèle de croissance intègre "un cadrage budgétaire, sur le court et moyen terme, réaménagé en fonction des éléments factuels de conjoncture tout en maintenant les objectifs de croissance et d'édification d'une économie émergente". L'objectif, ajoute le Premier ministre, "est d'aboutir en bout de cycle à des niveaux soutenables en matière d'équilibre des finances publiques". M. Sellal a reconnu que "la situation est dure et que les contraintes sont réelles avec des lendemains incertains". Mais économiquement, a-t-il insisté, "l'Algérie résiste". M. Sellal évoque la baisse de 13,07% du volume des importations, des réserves de change de 136,9 milliards de dollars, un niveau de liquidité dans les banques de 1 684 milliards de dinars et des crédits à l'économie en constante progression. "L'Algérie est parmi les rares producteurs de pétrole qui continuent de faire de la croissance et de créer des activités et de l'emploi. Le nombre des investissements déclarés sur les trois dernières années représentait 70% des créations d'activités depuis 2002 (24 386 projets lancés entre 2013 et 2016)", a affirmé le Premier ministre. Le communiqué de la tripartite souligne que "le gouvernement engagera une transition durant laquelle une adéquation des politiques publiques et sectorielles, une rénovation de la gouvernance économique et l'émergence facteurs de marché permettront de mettre en place une économie où la forte dépendance aux hydrocarbures et la dépense publique seront réduites graduellement". La dépense publique continuera, ajoute le communiqué, de servir de levier de développement et de croissance dans le cadre d'une politique budgétaire rénovée dont l'objectif sera de maintenir l'effet de la dépense publique comme instrument de l'investissement public et comme fort stimulant à l'activité économique productive et outil de consolidation publique. La tripartite a également soutenu "la nouvelle dynamique ainsi amorcée doit s'accompagner d'un nouveau cadrage budgétaire pluriannuel basé sur plus d'efficience de la dépense publique et qui doit reposer sur la maîtrise des coûts et le respect des objectifs et un nouveau mode de financement de l'économie, conférant une place importante aux ressources du marché, aux épargnes disponibles et aux financements extérieurs préférentiels". "Réglez-nous le problème du foncier" "L'automaticité de l'acte d'investir doit être la règle. Il faut que l'acte d'investir soit en pilotage automatique", a indiqué le Premier ministre, en instruisant les walis, invités à participer à la tripatite, à régler le problème du foncier industriel. "Réglez-nous le problème du foncier. Vous avez toutes les prérogatives pour le faire. Il faut juste préserver les terrains à vocation agricole, et libérez le reste !", a-t-il ordonné aux walis. Par ailleurs M. Sellal a indiqué que la désignation de Mohamed Loukal à la tête de la Banque d'Algérie est "un signal fort" de la volonté du gouvernement de soutenir l'investissement. "Le nouveau gouverneur est un banquier, et c'est la première fois qu'un banquier est désigné à la tête de la Banque d'Algérie. Il est très sensible à l'investissement, et sa désignation est un signal fort de la volonté de soutenir l'investissement", a-t-il souligné. La tripartite, tout en rappelant les mesures de soutien à l'entreprise qui ont été engagées, a appelé à leur renforcement à travers la promotion de l'investissement, le développement du foncier industriel et l'accès au crédit et la promotion du partenariat national et international. À signaler qu'à la fin des travaux de la tripartite, l'UGTA et les organisations patronales ont signé un Pacte de stabilité et de développement de l'entreprise dans le secteur privé. Meziane Rabhi