Les fortes crues n'ont pas provoqué uniquement, comme d'habitude, des dégâts matériels, elles ont aussi occasionné des pertes humaines, limitées, heureusement, par l'intervention des secours. Les fortes chutes de pluie enregistrées, en fin de semaine, dans le Sud ont occasionné d'importantes pertes matérielles, notamment dans la ville de Tamanrasset qui s'est transformée, en l'espace de 48h, en un immense bourbier en raison de la gadoue charriée par les torrents et les crues des oueds en furie. Routes éventrées, maisons inondées et plusieurs exploitations agricoles envasées, la liste des dégâts est loin d'être arrêtée en l'absence d'un bilan exhaustif et d'une communication officielle en mesure de mettre un terme à la rumeur et au déchaînement des réseaux sociaux. Il faut dire que la spéculation a enflé sérieusement sur la Toile qui démontre l'ampleur de la tragédie par la diffusion d'images de centaines de familles contraintes de passer la nuit à la belle étoile à cause de la décrépitude de leurs bouges et taudis construits au bord des oueds et à même leur lit. Une chose est sûre, c'est que le sinistre qui a frappé cette région fort exposée au risque des précipitations saisonnières et de débordement des oueds a semé peur et grande panique parmi la population qui a assisté à une remontée à débit irrégulier des eaux ayant submergé la ville et inondé plusieurs maisons de fortune. Ce qui a nécessité le déclenchement du plan Orsec et la mobilisation de gros moyens pour y faire face et éviter des pertes humaines. Selon les informations en notre possession, 27 personnes, tous âges confondus, ont été sauvées in extremis et secourues par les éléments de la Protection civile qui ont malheureusement déploré deux morts. Les deux victimes, Djaâfri Lahcen et Aghali Ilou, originaires de la wilaya de Tamanrasset, ont été emportées par les crues de l'oued traversant le centre-ville. Les deux cadavres ont été repêchés non loin du pont érigé à la cité In-Kouf, indique-t-on à la direction de la Protection civile, précisant que plusieurs interventions ont été enregistrées durant toute la nuit de mercredi à jeudi. Les équipes d'intervention ont été renforcées par les unités secondaires des communes limitrophes afin de couvrir l'ensemble des points noirs de la ville, à savoir Adriane, In-Kouf, Tabarkat, Assoro, Tahaggart et Guetaâ El-Oued, c'est-à-dire les quartiers situés sur la trajectoire de l'oued Tamanrasset. Il faut signaler que les digues réalisées par la Direction locale de l'hydraulique et des ressources en eau afin de protéger la ville et les périmètres agricoles des risques d'inondation et de remontées des eaux des oueds n'ont finalement servi à rien. Il convient de rappeler, à ce titre, que des digues de 7 425 mètres linéaires (ml) au total ont été réalisées au titre de l'année 2014 dans les municipalités exposées aux crues des oueds, dont 1 400 ml à Tamanrasset, 615 ml à In-Mguel, 2 050 ml à Abalessa, 1 400 ml à Tazrouk et 550 ml à Ideles. Des sommes colossales ont été ainsi dépensées sans pour autant parvenir aux résultats escomptés. Ce qui suscite moult interrogations sur la nature des travaux et la qualité des œuvres réalisées dans cette wilaya où l'on excelle dans l'art du bricolage. Une appréciation qui fait l'unanimité dans l'Ahaggar. Pourtant, c'est l'une des plus importantes wilayas du Grand-Sud à laquelle des enveloppes consistantes ont été accordées dans le cadre des différents programmes quinquennaux, mais qui reste figée dans le sous développement et la précarité. RABAH KARECHE