Une pluviométrie à peine supérieure à la moyenne habituelle a suffi à obstruer tous les principaux axes routiers de la ville de Tamanrasset. Les dernière pluies qui se sont abattues sur la capitale de l'Ahaggar ont encore une fois démaquillé les travaux de «toilettage» effectués par la direction des travaux publics et l'APC de Tamanrasset, qui auraient dépensé plus de 150 milliards de dinars pour la réhabilitation des routes sans avaloirs ni canaux d'évacuation. En 48 heures, les précipitations ont transformé la ville en une immense piscine. Le débordement des oueds, dont celui traversant le centre-ville, n'est pas sans exacerber le problème qui renvoie l'image d'une ville sinistrée. Heureusement, aucune victime humaine n'est à déplorer. Selon les statistiques en notre possession, les huit enfants emportés par les crues aux cités Adriane et Tabarkat ont été sauvés par les éléments de la Protection civile. Deux autres personnes, coincées pendant plusieurs heures sur un rocher au cœur de l'oued en furie, ont également été repêchées saines et sauves. Toutefois, le risque d'enregistrer des pertes humaines est de plus en plus redouté, sachant que nombre de constructions sont érigées aux abords des oueds ou, pis encore, sur leur lit, à l'exemple de Tahaggart, Assoro et Tabarkat, où des maisons en argile menacent déjà ruine. Les quantités de pluies qui se sont abattues durant la journée de mercredi et la nuit de jeudi ont obligé plusieurs familles à rester sur le qui-vive, en s'évertuant à dégager les eaux ayant submergé leurs demeures décrépites et fragilisées par le temps. «On n'a pas le choix», lâche un père de famille à Assoro, flanqué de sa progéniture, armés de pelles et de pioches, en implorant Dieu de les épargner et d'éviter «une condamnation sur des péchés commis par ceux qui excellent dans l'art de la malfaçon», regrette-t-il. Pis, les chutes de pluie ont, en certains endroits, notamment à Sersouf, Tafsit, Adriane et Inkouf, fait déborder les eaux usées qui risquent d'interférer avec le réseau d'alimentation en eau potable. Il convient de rappeler que ce scénario se reproduit lors de chaque précipitation, mettant en relief l'amateurisme des services des travaux publics concernés ou encore des bureaux d'étude dans la réalisation d'un maillage routier sans se conformer aux règles de l'art. La vénalité des maîtres d'ouvrage, maintenant plus que tangible, laisse croire malheureusement que la wilaya de Tamanrasset est en proie à la politique du «qui contrôle qui ?» adoptée dans des secteurs publics des plus vulnérables mais largement gagnés par la gangrène. Le wali, installé depuis une année, a donc du pain sur la planche.