Les observateurs du marché pétrolier restent sceptiques quant à l'issue de la réunion informelle des pays membres de l'Opep et non-Opep, programmée en marge du Forum énergétique, prévu du 26 au 28 septembre en Algérie. Les discussions entre les ministres participants pour une stabilité du marché, à travers une réduction de la production, ne pourront aboutir à un accord dans ce sens, que si une entente entre l'Arabie saoudite et l'Iran, d'une part, et l'Arabie saoudite, la Russie et les USA, d'autre part, se dégage. Les pays du Golfe, l'Arabie saoudite en tête, ont signifié, à plusieurs reprises, en effet, qu'ils n'accepteraient de réduire leur production que si les producteurs extérieurs à l'organisation, notamment la Russie dont la production a atteint un niveau record, s'engageaient, eux aussi, à mettre en application cette mesure. Ce que la plupart des analystes jugent peu probable. "Toute baisse de la production des pays non-Opep pour des raisons de rentabilité économique entraînerait une baisse de l'offre et en cas d'expansion de la demande agirait positivement sur les prix à la hausse, et vice-versa", souligne l'expert le Dr Abderahmane Mebtoul. La situation du marché est marquée actuellement par une faiblesse de la demande due au recul de la croissance de l'économie mondiale, dont celle des pays émergents, tels que l'Argentine, le Brésil et l'Inde (entre 0,5%), surtout la Chine (7%). Dans ce même contexte, l'on prend compte également de l''introduction du gaz/pétrole de schiste américain qui, selon le Dr Mebtoul, "a bouleversé toute la carte énergique mondiale, étant passé de 5 millions de barils/jour de pétrole à plus de 10 millions de barils/jour actuellement. Ce qui agit sur l'offre et a transformé ce pays depuis juillet dernier en un exportateur vers l'Europe". Selon le FMI, la Russie a besoin d'un baril à 110 dollars pour boucler son budget, le Venezuela à 120, l'Iran à 140 et l'Algérie à 110/120 dollars en 2014 et 86/90 dollars en 2016, précise le Pr Mebtoul. Pour le spécialiste des questions énergétiques, "les rivalités au sein de l'Opep dont certains membres ne respectent pas les quotas de production tels que l'Iran, et l'Arabie saoudite qui ne veut pas perdre ses parts de marché, accroissent l'offre". L'Arabie saoudite, qui représente 12% de la production mondiale et plus de 35% de celle de l'Opep, reste le seul pays producteur au monde actuellement en mesure de peser sur l'offre mondiale et, par ricochet, sur les prix, d'autant plus que, explique Abderahmane Mebtoul, il n'existe pas, pour des raisons géostratégiques, de rivalités avec les USA. "À terme, le prix d'équilibre sera déterminé fondamentalement par une entente entre l'Arabie saoudite et les USA", précise le professeur des universités. Pour lui, il ne faut pas s'attendre à une remontée spectaculaire des prix du pétrole à plus de 90/100 dollars entre 2017 et 2020. Par conséquent, l'Algérie ne doit plus vivre de l'illusion de la rente éternelle et doit mettre en place une nouvelle politique socioéconomique lui permettant d'asseoir une économie diversifiée. "Elle en a les potentialités, sous réserve de profondes réformes structurelles, si elle veut éviter l'épuisement de ses réserves de change à l'horizon 2019/2020", conclut l'économiste. B. K.