La 5e édition des journées théâtrales Boubekeur-Makhoukh, initiées par l'association culturelle Tafat du village Tifilkout dans la commune d'Illiltène à Tizi Ouzou, a été clôturée jeudi soir. Dédiées à la mémoire du regretté Mohia, l'un des précurseurs du théâtre amazigh, ces journées avaient regroupé, depuis le 15 août dernier, une dizaine de troupes théâtrales venues de différents horizons pour offrir aux habitants du village, et ceux des villages limitrophes, des représentations théâtrales et une grande animation, de quoi faire oublier l'oisiveté quotidienne à laquelle les citoyens sont confrontés durant tout le reste de l'année dans cette région isolée de Haute-Kabylie dépourvue d'infrastructures de loisirs. Pour les organisateurs, le fait de rendre hommage à Boubekeur Makhoukh et Mohya, deux grandes figures du théâtre d'expression amazighe, est à la fois un devoir de mémoire mais aussi une occasion propice pour ouvrir les portes sur un vaste patrimoine culturel. En revisitant les œuvres mémorables de ces deux dramaturges qui nous ont légué un travail remarquable dont les jeunes artistes d'aujourd'hui y trouvent une grande source d'inspiration. "Pour ne citer que ces quelques pièces, Zeynouba et El-Hafila Tassir, adaptées par Boubekeur Makhoukh des œuvres de l'Egyptien Ihsane Abdel-Qadous mais aussi Un mari pour ma sœur et Le voleur d'autobus, qui traitent de la condition de la femme recluse dans la société, Makhoukh et Mohya, dans un échange complice, se sont également intéressés à la pièce de Slawomir Mrozek intitulée Les immigrés. Si ces deux dramaturges n'ont pas travaillé ensemble leurs œuvres se sont incontestablement côtoyées", affirment les organisateurs. Et c'est grâce précisément à cette proximité, à ce dialogue et à ces thématiques communes sans compter l'engagement dans l'anonymat pour l'art et le théâtre que les organisateurs ont opté pour cet hommage à Mohya, dont les œuvres et les textes ont nourri plusieurs troupes théâtrales en Kabylie et au niveau national. Pour les membres de l'association Tafat qui œuvrent inlassablement, et depuis de longues années pour la promotion du théâtre amazigh, Mohya a produit une œuvre remarquable qui reste à revisiter et à étudier. "C'est pourquoi l'association culturelle Tafat de Tifilkout souhaite inscrire cette activité dans la durée pour promouvoir le 4e art et le rapprocher du large public tout en faisant connaître les œuvres de Boubekeur Makhoukh et de Mohya, car sans public, le 4e art ne peut ni exister ni se développer", ont-ils estimé. Il y a lieu de rappeler enfin que ces journées théâtrales ont été marquées, en plus des représentations théâtrales, par des ateliers de formation en mise en scène, en cinégraphie et en écriture alors qu'un spectacle de marionnettes, une conférence-débat animée par le dramaturge bien connu Omar Fetmouche et une exposition ont ponctué cet évènement culturel. À l'année prochaine ! K.Tighilt