Le village de Tifilkout, dans la commune d'Ililtène, à une soixantaine de kilomètres au sud -est de Tizi Ouzou, accueillera du 15 au 19 août la 5e édition du Festival du théâtre Boubekeur- Makhoukh. Organisé par l'association locale Thafath, en collaboration avec le théâtre régional Kateb-Yacine et la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, ce festival, qui porte le nom d'un célèbre enfant du village, l'homme de lettres et de théâtre Boubekeur-Makhoukh, ravi aux siens en 1998 à l'âge de 42 ans, revient cette année sous forme d'un hommage à l'illustre dramaturge kabyle Mohand Ouyahia, dit Mohia. Les organisateurs ont mis en place durant les cinq jours de ce festival qui verra la participation de plusieurs troupes théâtrales d'expression amazighe venus des quatre coins du pays, un programme riche et varié. Ils veulent surtout faire de ce rendez-vous une occasion pour rapprocher le grand public du septième art. En plus des représentations théâtrales, les organisateurs ont prévu également des expositions de photos et de documents retraçant la carrière des auteurs du théâtre algérien. Pour cette cinquième édition, il a été prévu également des conférences-débats animées par d'illustres dramaturges et metteurs en scène, à l'instar d'Omar Fetmouche, réalisateur et metteur en scène bien connu dans le monde du septième art. Boubekeur Makhoukh est né le 6 mars 1954 à Tifilkout, un village perché sur les hauteurs du Djurdjura. Il a longtemps vécu à Annaba et Béjaïa. Les maisons de jeunes et les théâtres régionaux d'Annaba et de Béjaïa furent les lieux de culture que Boubekeur Makhoukh a animés et illuminés par sa joie de vivre et son amour du théâtre et des enfants. Plusieurs spectacles et pièces leur ont été destinés, dont Ali Baba (1993) et Magic show, un spectacle de marionnettes, danse, clowns et magie. Makhoukh a utilisé plusieurs langues incluant le berbère, l'arabe algérien, l'anglais, le français et l'italien. Il a traduit et interprété diverses œuvres, dont Les Mercenaires de Lâadi Flici, qui fut sa première traduction en 1978, suivie de Clando Bazar de Hamid Goudarzi, de l'arabe vers le français en 1992 et du roman français Le Roi des bons d'Henriette Bichonnier en 1995. L'une des dernières pièces traduites (du berbère vers l'arabe) fut celle de Mohia Sin-nni en 1996. Boubekeur Makhoukh est surtout connu pour ses adaptations libres de Ghabou Lafkar, Zerdeb et Hafila Tassir dont on disait qu'elle avait ouvert les yeux du théâtre algérien sur la possibilité d'adaptation des nouvelles littéraires, mais a permis aussi au défunt Azzeddine Medjoubi, alors marginalisé, de faire exploser son formidable talent en interprétant pour la première fois un rôle principal. La pièce Hafila Tassir a été projetée souvent par la télévision algérienne. Atteint gravement aux reins et souffrant de diabète, Boubekeur Makhoukh décède le 31 mai 1998 à l'hôpital de Nantes, en France. Il a été enterré au cimetière Sidi Hars (Djebanet El Ghorba) à Annaba, le 8 juin 1998 qui coïncide avec la Journée nationale de l'artiste.