Plusieurs projets sont laissés en rade faute d'argent. Khaled Sadji, directeur de système à l'entreprise du métro d'Alger (EMA) explique, dans une déclaration qu'il nous a faite, que le coût d'un kilomètre de métro à Alger se situe à 80 millions d'euros, un seuil pas supérieur aux normes. L'EMA, en sa qualité de maître d'ouvrage délégué du ministère des Transports, réalise pour le compte de l'Etat des projets dans le domaine des transports urbains. De même, elle assure les études, la réalisation et l'exploitation de projets de transports de voyageurs urbains, notamment les métros, les tramways et les transports par câble dans plusieurs agglomérations du pays. Sadji Khaled rappelle que d'importants investissements ont été consentis, ces dernières années, que des projets ont été réceptionnés et que d'autres sont en cours. Le directeur de système à l'EMA détaille qu'en principe, le problème ne devrait pas se poser pour les projets qui ont déjà été mis en route, quel que soit le taux d'avancement des travaux. Ainsi, les lignes de Haï El Badr-Aïn Naâdja, Aïn Naâdja- Baraki, El Harrach-Aéroport et celle qui va de la grande poste vers la Place des Martyrs sont maintenues. Il reste cependant que ceux dont les études, par exemple, ont été finalisées, et qui n'ont pas encore démarré, seront laissés en rade, pour des raisons financières, admet-il. Il s'agit, entre autres, de la ligne du métro devant relier Bab El-Oued, Chevalley, Ouled Fayet et Draria. Si l'EMA affiche ainsi de grandes ambitions, elle n'en est pas moins contrariée à ronger son rein, à cause de la conjoncture actuelle. L'EMA n'arrive pas à équilibrer ses finances. Normal, les recettes qu'elle engrange ne couvrent que 52% de ses frais d'exploitation. L'entreprise compte doubler la fréquentation avec la reception des deux lignes de métro Place des Martyrs- Grande Poste et Haï Badr-Aïn Naâdja en 2017 : de près de 100 000 voyageurs /jour actuellent à 200 000 voyageurs. Elle fait face à la difficulté de développer rapidement son réseau pour des raisons financières. Elle a enregistré 1,2 million de voyageurs sur les cinq premiers mois de 2016 pour le métro, 7,1 millions de voyageurs pour le tramway dans Alger, 3,3 millions de voyageurs pour Oran, et 3,5 millions de voyageurs pour Constantine. Une situation irréversible ? Sadj Khaled paraît optimiste, expliquant qu'il y a aujourd'hui un fonds qui résorbe le déficit, alimenté en partie par la vignette automobile. Mais, ajoute-t-il, l'EMA essaye de se procurer de nouveaux revenus, en relevant le taux de fréquentation, et en tirant davantage de profits de la publicité diffusée dans ses espaces. Pas seulement, l'entreprise va mettre en place une station commerciale à Bachdjarah où les usages pourront faire leur courses, un commerce "souterrain" dont l'EMA tirera bénéfice. Les difficultés financières, la SNTF, elle, en connaît aussi. Et, toutes proportions gardées, elle est moins lotie que l'EMA. Yacine Bendjaballah, son directeur général, relève que l'entreprise qu'il dirige est confrontée à des problèmes d'ordre financier et managérial. L'équilibre financier, elle en est encore loin. Faut-il s'y résigner ? Bendjaballah estime qu'il y a nécessité aujourd'hui de moderniser le rail, de le rendre compétitif, de donner de la consistance à la croissance de transport des voyageurs, mais également du fret. La SNTF table ainsi sur 70 millions de voyageurs en 2020. En matière de fret, elle vise un objectif de 17% à la même échéance. Actuellement, la part du ferroviaire dans le fret est marginale, s'établissant à 2% du transport terrestre de marchandises, indique-t-il. Le DG de la SNTF a également d'autres projets dans sa manche. Il veut faire aimer aux Algériens le transport ferroviaire, en introduisant de nombreuses améliorations telle que la mise en place bientôt du système de gestion électronique, une approche qui permettra de mettre sur rails davantage de trains et de réduire les retards. 127 milliards de dinars ont été consentis pour acquérir du matériel nouveau, aux normes de sécurité. Yacine Bendjaballah insiste par ailleurs sur l'entretien de ces équipements, expliquant que le personnel doit être formé pour s'occuper de la maintenance du matériel. Pour mesurer l'ampleur du chantier qu'il a mis en marche, le directeur général de la SNTF avance que le montant des contrats engagés s'élève à 55 milliards de dinars. Quant aux projets à venir, le budget qui leur sera consacré tourne autour de 50 milliards de dinars. La modernisation du rail intègre aussi la vitesse des trains. Cette dernière va évoluer en 2017, et sera augmentée entre 120 à 200 km/h contre moins de 120 kms/h actuellement.