Annoncée depuis plusieurs mois, la fondation Colonel Amirouche a été installée, hier, au cours d'une cérémonie organisée au musée du Moudjahid de Tizi Ouzou en présence du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, de deux ex-ministres, Mohamed Cherif Abbès et Cherif Rahmani, du wali, de plusieurs personnalités dont Djamila Bouhired, Abderrahmane Belayat et Salah Goudjil, ainsi que d'une foule nombreuse. La cérémonie a été une occasion pour Nordine Aït Hamouda, fils du colonel Amirouche, d'expliquer le rôle de cette fondation qui est, dira-t-il, "d'enraciner la mémoire de la Révolution et de ses héros parmi les générations futures et de valoriser ce combat qui a été un pas lumineux pour les peuples du Sud et aussi de susciter des débats sur tout ce qui concerne notre patrie dans un esprit d'apaisement, de construction et de respect mutuel". "Nous sommes prêts à fédérer nos forces pour faire vivre l'esprit de Novembre et de la Soummam avec toutes les organisations travaillant dans ce sens", a-t-il encore souligné. Il a tenu à relancer le débat sur les sépultures et les corps disparus des héros de la Révolution dont, a-t-il cité, Abderrahmane Mira, M'hamed Bougara, Mohamed Bounaama, Amirouche et Si El-Haouès. "Le ministère des Moudjahidine doit tout faire pour retrouver les corps de nos héros et leur organiser des funérailles nationales. C'est son devoir éthique et son droit politique de les réclamer à l'ex-puissance coloniale", a-t-il déclaré en s'interrogeant sur le traitement réservé aux corps d'Amirouche et de Si El-Haouès. "Pourquoi les autorités ont-elles séquestré à l'indépendance leurs dépouilles mortelles et pourquoi l'Etat ne présente-t-il pas ses excuses pour cette forfaiture qui ressemble à une mise à mort ? L'Etat doit répondre à cette offense à l'endroit de ces deux chefs historiques et ce ne sera que justice rendue", a-t-il réclamé. Dans le même sillage, il a réclamé la récupération des crânes de tous les autres résistants qui se trouvent dans un musée français. Il a, par ailleurs, appelé à mettre fin au jacobinisme hérité du colonialisme et à mettre en place une organisation politico-administrative par l'avènement d'une deuxième république. "Nous pensons être en droite ligne du Congrès de la Soummam qui a entériné le système des wilayas existantes. Ce sujet ne doit pas être tabou comme l'a été la question identitaire. L'interrogation sur la lutte pour l'indépendance nous donne la possibilité de réfléchir à l'organisation de l'Etat national actuel, alors, pourquoi ne pas reproduire cet esprit, pourquoi ce qui a été valable et efficace hier ne le serait-il pas aujourd'hui ?", a-t-il plaidé. Pour sa part, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a insisté sur l'importance du travail de mémoire à travers l'écriture de l'histoire. S. LESLOUS