Mercredi 13 avril. Sonatrach, actionnaire majoritaire de la société SSPA le Doyen, convoque une assemblée générale des actionnaires du MCA. Ni le représentant du CSA (club sportif amateur) ni les deux actionnaires Gaceb et Loungar ne sont au courant de l'ordre du jour, mais le bruit court sur une imminente destitution du président délégué de l'époque, Achour Betrouni, ainsi que d'autres membres du conseil d'administration qui gère le club de football. Dans la salle au siège de Sonatrach, un silence de cathédrale règne, comme si quelque chose de terrible allait se produire. Vers midi, une femme, la quarantaine, cadre juriste de formation et cadre supérieur de la société pétrolière, arrive dans la salle pour présider la réunion. Elle se présente comme étant la représentante de Sonatrach et dûment mandatée par le PDG (elle exhibe même la lettre de mandatement) pour cette assemblée. Document à la main, sur un ton ferme, elle ordonne carrément aux autres actionnaires, Tourki, Loungar et Gaceb, de signer le procès-verbal de la réunion qui n'avait même pas encore commencé. La dame ne s'est même pas donné la peine de s'asseoir et de souhaiter la bienvenue aux présents avant de jeter sur la table un PV préalablement rédigé. De quoi s'agit-il ? Le PV évoque en fait l'AG en question des actionnaires et ses principales décisions, à savoir la destitution de Achour Betrouni et 6 autres membres du conseil d'administration, la désignation d'autres. Tout était mentionné noir sur blanc avant même que la réunion ne commence. "Ce sont des ordres venus d'en haut, dit la représentante de Sonatrach, vous savez comment ça se passe en Algérie." Tourki bondit de son siège et refuse de signer. Il affiche clairement son opposition aux décisions et surtout à cette manière de faire. "Mais vous nous prenez pour qui, madame ? Des marionnettes, c'est cela ? Vous dites que les ordres viennent d'en haut, de qui en fait ?", lance-t-il à la face de la représentante de Sonatrach. "Ce sont les ordres, ils viennent du gouvernement", dit-elle encore une fois, "je ne suis qu'un commis de la société". Gaceb et Loungar lui font remarquer que la date mentionnée sur le PV est dépassée. "Ah oui, on devait se voir la semaine précédente, mais le PDG était en voyage, alors nous avons reporté cette AG pour aujourd'hui, mais ce n'est pas grave, nous allons l'actualiser", rétorque-t-elle avec une simplicité déconcertante. Ce qu'elle fit du reste dans un bureau attenant. Une fois de retour dans la salle, Gaceb et Loungar interpellent une nouvelle fois la représentante de Sonatrach : "Nous voulons apporter une précision dans le PV, nous voulons que soit mentionnée noir sur blanc notre opposition aux décisions contenues dans le PV." Ce qu'elle fit également avec facilité dans le bureau attenant. Les remarques de Loungar et Gaceb portaient sur le fait que la décision n'était pas justifiée, vu que l'équipe était déjà qualifiée à la finale de la Coupe d'Algérie. Le PV signé, la mission accomplie, elle s'éclipse sans dire un mot. Entre-temps, Achour Betrouni, retraité de Sonatrach, arrive dans la salle, il est informé par Loungar qu'il a été destitué au cours d'une réunion qui n'a même pas eu lieu. "Ils t'ont égorgé mon frère, tes collègues d'une société où tu as passé toute ta vie, c'est lamentable." Le lendemain, Omar Ghrib est désigné, par le nouveau conseil d'administration dirigé par Laadj, comme directeur général de l'équipe de football du MCA. Il commence par tirer à boulets rouges sur son prédécesseur et ce d'une manière virulente, mais Sonatrach ne réagit pas, ce que Achour Betrouni regrettera plus tard dans une interview accordée à Liberté. Au fil des jours, Laadj, pourtant nommé président délégué du conseil d'administration, perd toutes ses prérogatives. Toute la gestion du club est assumée par Ghrib qui accapare même la gestion financière. C'est lui qui signe les chèques et paye les joueurs. En l'espace de quelques mois, il dépense 43 milliards de centimes. La dette de la société MCA gonfle, elle atteindrait désormais 80 milliards de centimes. La dernière décision de Sonatrach de lui retirer la gestion financière et surtout de ne plus s'exprimer à la presse serait-elle une première étape vers sa destitution ? Attendons pour voir ! S. L.