Le wali a également annoncé que l'établissement d'un fichier informatique centralisé des sinistrés est en cours d'élaboration. Le bilan sur la gestion des effets du séisme du 21 mai 2003, qui a provoqué la mort de 2 278 personnes et blessé 11 450 autres, a constitué, hier, l'essentiel des débats lors de la deuxième journée de la session de l'APW de Boumerdès. Le rapport élaboré par la wilaya s'est limité à donner des chiffres sur les dégâts occasionnés par le séisme, notamment au niveau de la wilaya de Boumerdès où il a été enregistré 1 391 morts et plus de 8 000 blessés, alors que plus de 93 452 logements ont été endommagés dont 10 513 effondrés. Les infrastructures socioéconomiques ont été pour la plupart fortement touchées à l'image des constructions scolaires où l'on a recensé 78 structures scolaires effondrées. L'université composée de quatre facultés n'a pas été non plus épargnée ; 68 de ses infrastructures pédagogiques et d'hébergement ont été touchées. Le secteur de la santé a lui aussi été particulièrement atteint avec l'effondrement de l'hôpital de Thénia et 67 autres établissements sanitaires (polycliniques, salles de soins...). Le rapport fait état de la destruction de plusieurs substructures et équipements dans les secteurs de l'hydraulique, les travaux publics, l'administration, les télécommunications, la poste, etc. La prise en charge des sinistrés a nécessité l'aménagement de 100 sites pour les 14 785 chalets répartis sur plus de 342 hectares dégagés. Le rapport reste imprécis sur les sommes énormes englouties dans l'aménagement de ces sites ; il relève cependant qu'elles représentent l'équivalent de la viabilisation d'une ville de 100 000 habitants. Selon un élu, le coût d'un chalet avec viabilisation aurait coûté à l'Etat plus d'un million de dinars. L'opération de démolition et de déblaiement vient juste de reprendre après avoir été interrompue pour épuisement des crédits, note le rapport qui précise que plus de 3 500 logements sont encore concernés par ces opérations d'enlèvement de gravats jonchant les axes routiers ou entreposés au centre des agglomérations. Concernant le chapitre des confortements, sur les 93 452 logements endommagés, 63 725 de type collectif sont pris en charge par l'Etat (OPGI), 2 836 sont toujours en voie d'achèvement, alors que le nombre d'aides délivrées aux cas individuels s'élèvent à 40 868 pour un montant total de 10 milliards de dinars environ. Concernant la reconstruction, un programme de 8 432 logements collectifs, destinés aux sinistrés, est en cours de réalisation dont 5 000 seront réceptionnés durant cette année 2005 et le reste en 2006, si toutefois les engagements des entreprises seront respectés. Pour la viabilisation, seul un milliard de dinars a été alloué à la wilaya pour l'eau potable en attendant l'affectation, par le ministère des Finances, de plus de 1,9 milliard de dinars destinés, notamment aux routes, à l'énergie électrique et au gaz. Ces logements ont coûté 12 432 700 000,00 DA sans les amenées externes, évaluées, quant à elles, à 3 979 430 000,00 DA. L'effort financier global dégagé par l'Etat pour la reconstruction des infrastructures détruites et les 8 432 logements s'élève à 67 090 569 000,00 DA. Le taux de consommation de ces crédits (sans le logement) est évalué à 70,92%. Sur les dépassements constatés dans la distribution des chalets et logements, et avant même que les débats ne soient entamés autour de cette question très attendue par l'ensemble des élus, le wali de Boumerdès reconnaît l'existence de plusieurs cas d'attribution illégale et complaisante de chalets, logements et autres aides au loyer. Il a indiqué d'emblée que l'heure des comptes est arrivée. “Nous sommes en train de travailler sur le dossier, et un fichier informatisé est en cours d'élaboration pour déterminer les faux sinistrés et autres bénéficiaires illégaux”. Les élus, quant à eux, se sont interrogés sur ces dépassements et ont exigé la mise en place d'une commission d'enquête pour élucider cette affaire. D'autres élus ont axé leurs interventions sur les retards enregistrés dans les opérations de confortement des habitations classées orange 3 et 4. “Des entreprises ont abandonné le chantier faute de payement des travaux”, ont-ils précisé. Un élu s'est interrogé sur le sort des sinistrés qui ont perdu des membres de leur famille et leur logement et qui n'ont jamais été convoqués par les APC et autres institutions pour “prendre leurs droits légitimes”, alors que de faux sinistrés ont bénéficié de plusieurs avantages à la fois. Les débats sur le bilan et la gestion du séisme se sont poursuivis jusqu'à hier tard dans la soirée. M. T.