Le Rassemblement de l'espoir de l'Algérie, Tadjamouâ Amel Al-Djazaïr (TAJ), a, dans une invitation adressée, hier, aux médias, annoncé que son président, Amar Ghoul, a choisi de célébrer le nouvel an berbère, Yennayer 2967, dans la wilaya de Tizi Ouzou, et précisément à la zaouïa de Sidi-Mansour, dans la commune de Timizart. S'il est vrai que l'ex-ministre du Tourisme a inscrit à l'ordre du jour de cette visite une rencontre avec ses militants, une virée au siège de la JSK et à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, c'est, selon son programme, à la zaouïa de Sidi-Mansour qu'il compte passer le gros de sa journée. À l'occasion, le chef de parti islamiste dit modéré a prévu de s'entretenir avec les responsables de cette zaouïa et ceux du village en question. Que cache en réalité cette visite inhabituelle pour un Amar Ghoul qui s'est rendu, par le passé, une multitude de fois, en tant que ministre ou président du TAJ, dans la wilaya de Tizi Ouzou sans pour autant mettre les pieds dans ce genre d'institutions religieuses ? À quatre mois des élections législatives, une période durant laquelle tous les stratagèmes, opérations de charme ou autres manœuvres semblent bons pour s'attirer des sympathies d'ordre électoralistes, Amar Ghoul espère évidemment arracher le soutien, sinon un coup de main, des zaouïas et, pourquoi pas, se dit-il, des voix de l'électorat kabyle puisqu'il s'agit aussi de célébrer Yennayer. L'ancien ministre des Travaux publics, qui a été cité, mais sans être inquiété, dans le scandale de l'autoroute Est-Ouest, a dû comprendre, tout comme Chakib Khelil à son retour d'exil après le scandale des pots-de-vin qui a éclaté en Italie, et avant lui Bouteflika lors de son arrivée au pouvoir, que si l'on veut la caution de certaines populations locales, il faut au préalable chercher l'appui des zaouïas. En ce sens, il va sans dire que Ghoul voudrait tout simplement tenter de séduire les zaouïas, en grand nombre dans la wilaya de Tizi Ouzou. Sauf que, contrairement à d'autres régions du pays où l'influence des zaouïas est encore prépondérante, en Kabylie l'échiquier politique local est tel que l'influence de celles-ci demeure restreinte, voire nulle. Dans cette région connue pour être frondeuse et majoritairement hostile aussi bien au pouvoir qu'à l'islamisme, aussi modéré soit-il, il est établi qu'à moins d'appartenir au camp de l'opposition, tout parti politique a inévitablement une marge de manœuvre réduite, comme en attestent les résultats électoraux des échéances passées. Samir LESLOUS