Suite à la suspension de l'Ukraine 14/15% de la consommation, le prix du TTF néerlandais, le gaz naturel européen de référence, ayant grimpé de plus de 4 % pour atteindre 51 euros par mégawatt/heure, son niveau le plus élevé depuis octobre 2023, amplifié par la vague de froid, le double par rapport à entre 25/28 dollars le mégawatt/heure pour la même période 2023. Pareillement, le cours du pétrole qui approchaient 7274 dollars le Brent durant le dernier trimestre 2024, a connu une nette progression, outre cette décision, poussés par l'annonce de nouvelles sanctions prises par Washington et Londres à l'encontre d'acteurs majeurs du secteur pétrolier russe, ayant été coté le 10 janvier 2005 à 79,83 dollars le Brent et 76,57 dollars le Wit pour un rapport euro/dollar de 1,03 dollar pour un euro. Quels pays pourront-ils suppléer déficit de l'Europe où 2023, environ 15 milliards de mètres cubes de gaz russe ont été transportés vers l'Europe via l'Ukraine, ce qui représente environ 5% des besoins de l'Europe et ce après la suspension du transit via l'Ukraine à compter du 01 janvier 2025 ? La Commission européenne a minimisé l'impact potentiel, un porte-parole ayant estimé que l'infrastructure gazière européenne était «suffisamment flexible» pour fournir du gaz d'origine non russe à l'Europe centrale et orientale via des itinéraires de substitution, et qu'elle avait été renforcée par de nouvelles capacités d'importation de gaz naturel liquéfié (GNL). Toutefois certains pays européens qui dépendent fortement du gaz russe dont par exemple la Slovénie qui importe chaque année environ trois milliards de mètres cubes de gaz naturel de Russie via représentant les deux tiers de sa demande, ainsi que la Moldavie, qui importe environ deux milliards de mètres cubes de gaz par an de Russie seront fortement impactés.. En 2023,selon l'Economics and Financial Analysis du 21 février 2024, sur une consommation mondiale de gaz de 4010,2 milliards de mètres cubes gazeux en 2023, la consommation de gaz en Europe (UE + Royaume-Uni, Norvège et Turquie) est tombée à son plus bas niveau en dix ans à 452 milliards de mètres cube, soit en dessous de la consommation de 2014 qui était de 472 milliards de mètres cube. Uniquement pour l'Union européenne entre 1998 et 2023, mesurée en milliards de mètres cubes, la consommation de gaz naturel avait atteint un pic de 423,2 milliards de mètres cubes en 2010, mais en 2023, elle était retombée à environ 319,4 milliards de mètres cubes. C'est que l'Europe a mis en œuvre une stratégie 2025/2030 sur l'efficacité énergétique, pour le développement du nucléaire, du renouvelable, dont le solaire et l'hydrogène. Sur le plan énergétique, les USA sont devenus depuis 2014 le premier producteur mondial- gaz et pétrole- grâce aux gisements de schiste. devançant à la fois l'Arabie Saoudite et la Russie, sans compter que les grandes compagnies américaines sont présentes au niveau des principaux pays producteurs peuvent profiter de cette situation . L'Europe a importé des USA en 2023, 56,4 milliards de m3 de GNL, soit une hausse de 153% par rapport à 2021, les USA ayant été le principal fournisseur de GNL de l'UE (près de 50 % de ses importations totales de GNL) et par rapport à 2021, ayant presque triplé. Ce volume pourrait augmenter en 2025 car la victoire de Donald Trump va déboucher sur la mise en place d'une politique commerciale protectionniste plus agressive, ayant prévu d'appliquer un droit de douane de 60 % sur toutes les importations en provenance de Chine et un droit de douane général de 10 à 20 % sur les importations en provenance de tous les partenaires commerciaux, y compris l'Europe, demandant à l'Europe d'acheter plus d'énergie. Mais l'Europe a d'autres fournisseurs notamment la Norvège le plus grand fournisseur où 2024 qui a produit 124 milliards de mètres cubes gazeux quasi intégralement exporté vers l'Europe avec une part d'environ 30%, des pays du Golfe dont le Qatar environ 14/16 % de ses approvisionnements en gaz naturel liquéfié (GNL) et avec la mise en exploitation récente de gisements en Afrique dont du Sénégal/Mauritanie à partir de l'Ille de la Tortue bientôt opérationnel. Et toujours de la Russie qui s'est tournée vers l'Asie pour contourner les sanctions pourrait revenir en force si avec l'arrivée du président Trump il y aurait un accord entre la Russie et l'Ukraine, bien que sa part est en nette baisse 45% avant le conflit en Ukraine, sa part totale dans les importations européennes (par gazoduc et liquéfié) étant passée de 14/15 % en 2023 à 18 % en 2024. Nous avons l'Algérie dont les exportations gazières ont atteint 52 milliards de mètres cubes gazeux en 2023 sur une production de plus de 110 milliards de mètres cubes gazeux, en 2023, dont 18 milliards sous forme de GNL, couvrant 19% du marché européen en gaz , soit 70% de ses exportations : l'Italie, avec un volume total de 22,4 milliards de mètres cubes et 10,5 pour l'Espagne représentant 34,6 % des importations. Mais , du fait de la forte consommation intérieure presque équivalent aux exportations actuelles, l'accroissement en volume dépendra d'importants investissements pour accroitre sa production par un attrait de l'investissement étranger , Sonatrach ayant prévu durant les cinq prochaines années un montant global de 50 milliards de dollars soit 10 milliards de dollars/an. Abderrahmane Mebtoul Professeur des universités