Affirmant qu'il est en crise, le président de Talaie El-Houriat considère que le pouvoir est lui-même la matrice de la crise. Lors d'un meeting populaire animé, hier, à la maison de la culture Houari-Boumediene de Sétif, le président du parti Talaie El-Houriat, Ali Benflis, a été acerbe dans sa critique du système politique en place tout en plaidant pour un renouveau politique qui est, selon lui, le nouveau visage du patriotisme véritable. "Le patriotisme, ce n'est pas seulement dire que l'on aime son pays. Il faut joindre l'acte à la parole comme l'on si bien fait nos chouhada", dira, d'emblée, Ali Benflis devant une salle archicomble. En effet, l'ancien Premier ministre a dressé un tableau noir de la situation politique, économique et sociale dans le pays en pointant du doigt le pouvoir en place. Pour illustrer ses propos, il dira : "Même l'argent sale n'a pas confiance en l'Etat actuel. L'exemple parfait est l'opération d'exonération d'impôts ainsi que l'emprunt obligataire qui ont été lancés. Le peuple n'y a pas adhéré. Pire encore, le gouvernement n'a rien communiqué sur ces dossiers. Certes, nous avons compris que ces opérations ont été un échec total, mais ils doivent rendre des comptes. Le pays a été conduit vers une impasse et le redressement de cette situation n'est certainement pas dans l'inertie et l'immobilisme, mais dans le changement et le renouveau." Ce dernier, qui a choisi de ne pas participer aux prochaines élections législatives, n'a pas mâché ses mots comme à l'accoutumée. "C'est le système politique algérien tout entier qui est en crise. Il représente la crise mère d'où découlent toutes les autres crises, qu'elles soient politiques, économiques ou sociales. Ce système a atteint ses limites. Il est à bout de souffle", lance-t-il. Et de s'interroger : "Qui des Algériens ne voit pas que ce système a conduit le pays vers une impasse ? Qui ne voit pas que le système en place est responsable de la faillite économique qui demeure otage de la conjoncture énergétique ? Qui ne voit pas que l'actuel système est à l'origine de la crise sociale dans laquelle se débat notre pays ?" Malgré tout cela, selon lui, "ils osent accusé tous ceux qui parlent et qui ne partagent pas leurs idées de ‘manipulés' par la main étrangère". Il poursuit sur sa lancée : "À chaque fois qu'une décision politique est prise, l'on se demande qui l'a prise, pourquoi et comment a-t-elle été prise ? N'y a-t-il pas impasse politique lorsque le Conseil des ministres ne se réunit plus que quatre fois en moyenne par an laissant, dans les intervalles, les affaires de l'Etat en jachère ? N'y a-t-il pas impasse lorsque, durant le seul automne dernier, pas moins de seize décisions gouvernementales ont été annoncées, puis annulées ou gelées sans explications et sans justifications ? N'y a-t-il pas impasse lorsque la faiblesse du rendement législatif du Parlement bat des records mondiaux en n'atteignant qu'une cinquantaine de lois adoptées durant toute une mandature ? N'y a-t-il pas impasse politique lorsque personne ne sait entre les mains de qui sont les affaires de l'Etat, qui en prend soin et qui veille à leur saine gestion ?" À toutes ces interrogations, Ali Benflis joindra une note d'espoir en se disant convaincu que l'avenir du pays est dans le changement et le renouveau. F. SENOUSSAOUI