Le président de Talaïe El Hourriyet, Ali Benflis, a prononcé hier à Sétif un discours devant les militants du parti dans lequel il a affirmé que «le patriotisme n'est pas un monopole comme tous les autres monopoles politiques, économiques et sociaux que le pouvoir politique en place dans notre pays s'arroge et dont il fait bénéficier qui il veut et en exclut qui il veut». «Ce pouvoir politique entend être le distributeur exclusif des brevets de patriotisme mais il ne peut pas y avoir de certificats de patriotisme que certains seraient plus habilités que d'autres à attribuer ou à retirer», a-t-il déclaré. Selon Benflis, «un regard lucide sur la situation de notre pays ne mène qu'à un seul et unique constat : c'est le système politique algérien tout entier qui est en crise. Il représente la crise mère dont découlent toutes les autres crises qu'elles soient politiques, économiques ou sociales». Pour l'ancien chef du gouvernement, le pays est dans une «impasse politique globale et totale». «N'y a-t-il pas une impasse politique lorsque les affaires de l'Etat ne sont plus gérées et qu'à chaque fois qu'une décision est prise l'on se demande qui l'a prise, pourquoi l'a-t-il prise et comment l'a-t-il prise ?», s'interroge Benflis. «N'y a-t-il pas une impasse politique lorsque le Conseil des ministres ne se réunit plus que quatre fois en moyenne laissant, dans les intervalles, les affaires de l'Etat en jachère ?», ajoute-t-il. Pour Benflis, cette impasse s'illustre également par «la faiblesse du rendement législatif du Parlement» qui «bat des records mondiaux en n'atteignant qu'une cinquantaine de lois adoptées durant toute une mandature, c'est-à-dire en cinq longues années». Le président de Talaïe El Hourriyet estime que «toutes les ressources du monde ne suffisent pas à surmonter une crise économique si elles sont entre les mains d'une gouvernance politique défaillante». Il y a, selon lui, «concomitance de l'impasse politique, de la crise économique et de l'instabilité sociale qui monte en cadence». Parmi les certitudes exprimées dans son discours, Benflis considère que le «système politique national, archaïque et dépassé par les profondes transformations qui s'opèrent nationalement et internationalement, n'est absolument pas en mesure de fournir une issue à l'impasse politique actuelle, d'opposer une riposte adéquate à la crise économique qui gagne en complexité et en ampleur et de prémunir le pays contre la menace de la déstabilisation sociale dont les prémices se multiplient». Quant à l'avenir du pays «il est dans le changement et dans le renouveau», dit-il. «Le régime politique en place veut que rien ne change et que rien ne bouge parce que cela est dans son intérêt étroit ; parce que sa propre survie dépend du statu quo et parce qu'il pense qu'il est le seul à avoir raison et que tous les autres ont tort. Nous ne cessons pas pourtant de dire que l'avenir de l'Algérie est dans la modernité politique, dans la rénovation économique et dans la réforme sociale».