Quatre mois après une coupe d'Afrique des nations ratée au Gabon, l'équipe nationale de football renoue avec le succès, et par deux fois en une semaine ; d'abord en match amical contre la Guinée (2-1) qui est allée quelques jours plus tard piéger l'ogre ivoirien chez lui à Bouaké (2-3), puis en match officiel contre le Togo de Adebayor de Claude Le Roy (1-0). Pour une équipe qui n'a pas gagné en matchs officiels depuis le 4 septembre 2016 à Blida (victoire contre le Lesotho 6-0 en qualifications de la CAN-2017), la "performance" est loin d'être négligeable surtout avec l'arrivée d'un nouveau sélectionneur national, en l'occurrence l'Espagnol Lucas Alcaraz. Ne faisons pas la fine bouche, les Verts avaient assurément besoin de reprendre une certaine confiance avant d'entamer les choses sérieuses à la fin de l'été avec la double confrontation contre la Zambie quasi déterminante pour la qualification au Mondial 2018 en Russie. Un ascendant psychologique qui permettra à coup sûr à Alcaraz de continuer à travailler dans des conditions sereines, lui qui n'a pas forcement bénéficié d'un accueil chaleureux à sa nomination à la barre technique des Verts en raison notamment d'un CV international vide. Il ne serait du reste pas faux d'affirmer que l'essentiel dans cet intermède du mois de juin est de récolter des points pour ne pas perdre pied après le cauchemar de France Ville. C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, le nouveau coach national n'a pas cherché à trop chambouler son effectif, préférant renouveler sa confiance à la totalité des joueurs de la CAN 2017. Hormis la trouvaille Attal, recommandé par Zetchi, Alcaraz a repris les mêmes mais il n'a pas recommencé pour le moment l'échec, ce qui est en soi une bonification du choix de la nouvelle direction de la FAF, attendue surtout dans ce registre pour tester ses options. Alcaraz est allé jusqu'à garder la même ossature de l'équipe type qui a déçu à la CAN 2017 au moment où les observateurs s'attendaient plutôt à une petite révolution, histoire de marquer de son estampille son ère. Le changement, ce n'est pas pour maintenant ! Comme quoi, on peut obtenir de meilleurs résultats avec la même équipe pour peu que la gestion du groupe soit plus efficace, même s'il est clair que le Cameroun et le Nigeria ou la Tunisie par exemple sont évidemment loin, très loin d'un bien meilleur niveau que le Togo ou la Guinée. En revanche, ceux qui s'attendaient à du spectacle dans le jeu des Verts et à une meilleur assise tactique, sont plutôt restés sur leur faim. Dans les deux matches, les coéquipiers de Mahrez n'ont jamais fait preuve d'une domination dans le jeu ; le rythme fut très lent, et à cela s'ajoute un manque de réalisme pénalisant en attaque. Que cela soit contre la Guinée ou contre le Togo, les Algériens ont joué avec le feu. Dans les derniers instants de la rencontre contre le Togo, ils ont carrément donné des sueurs froides à leurs supporters. À aucun moment, ils n'ont été convaincants sur ce registre technique. Jeu décousu, déficit de percussion et fléchissement physique ont caractérisé les deux sorties des Verts. Pourquoi ? La raison réside notamment dans les choix d'Alcaraz qui a opté pour des joueurs pas au mieux de leur forme actuellement comme Guedioura, Ghoulam et autres Mahrez et Slimani. L'animation du jeu a fait défaut à la sélection algérienne capable de faire circuler le ballon mais mystérieusement inapte à chercher la verticalité dans le jeu. Les joueurs s'amusent à monopoliser parfois le ballon mais n'avancent pas entre les lignes en raison de l'absence de créateurs de jeu comme Boudebouze ou Taider qu'Alcaraz a préféré clouer au banc. Les deux milieux de couloir Ghoulam et Attal n'ont pas assez insisté pour apporter ce surnombre en attaque et cette percussion nécessaire. Il y a eu certes des actions sporadiques comme cette belle chevauchée à la Merzekane de Attal, mais elles se comptent sur les doigts d'une seule main. C'est largement insuffisant pour hisser le niveau de jeu et espérer dominer l'adversaire. Dans le rôle de sentinelle classique, Guedioura couvre son axe centrale et récupère des balles mais il n'est pas fiable à la relance. Sa vision de jeu est limitée. Alcaraz doit trouver une solution une solution de rechange à ce poste déserté depuis la retraite de Mehdi Lacen. En fait, l'EN n'a pas de schéma de jeu et compte des joueurs essoufflés sur le plan physique du fait d'une saison harassante en club. Le jour où l'EN parviendra à enchaîner les bonnes actions offensives, passant efficacement d'un bloc défensif à un bloc offensif, ce jour-là on pourra dire que l'Algérie a retrouvé sa verve. Pour le moment, les imperfections sont nombreuses, l'EN est encore moyenne, elle est surtout formée de joueurs qui ont la tête ailleurs qu'à Tchaker, mais elle est perfectible pour peu que Alcaraz ose... SAMIR LAMARI