On reproche aux organisateurs d'avoir manqué de placer le festival de Timgad dans le sillage de la concurrence culturelle et artistique avec des festivals tels que Mawazine au Maroc et Carthage en Tunisie. Ressuscité en 1996 suite à une initiative osée de l'ex-wali de Batna, Mohamed Chérif Djebari, alors que le pays était encore en proie au terrorisme, le Festival international de Timgad est entré depuis jeudi dans sa 39e édition (du 6 au 13 juillet). Ce plus ancien festival d'Algérie fait cependant face à une gestion chaotique et dévalorisante, comme l'atteste le programme indigent concocté par l'ONCI (Office national de la culture et de l'information) pour cette édition. "C'est le plus mauvais programme que l'on ait jamais vu", estiment les nostalgiques des anciennes éditions, où le contenu culturel et artistique fut le critère dominant de l'organisation de ce festival. Mis à part Khaled, Assy Helani, Zahouania et Mami, le reste des artistes que l'ONCI ramène chaque année dans ses bagages aura provoqué une nette saturation de l'attraction du public. "On veut de grands artistes et non de simples comparses", exigent de jeunes étudiants de la ville. L'on relève en effet un rabaissement horrible et continuel du niveau artistique de ce festival ces dernières années. Un festival tel celui de Timgad aurait dû être de haut niveau, et non se confondre avec une série de galas musicaux ou soirées ordinaires. À Batna, on reproche de plus en plus aux organisateurs d'avoir manqué lamentablement de placer le Festival de Timgad dans le sillage de la concurrence culturelle et artistique avec des festivals tels que Mawazine au Maroc et Carthage en Tunisie. Depuis sa relance, ce festival n'a pu sauver la mise à plusieurs reprises que grâce aux grosses pointures de la chanson moyen-orientale : Kadhem Essaher, Georges Wassouf, Majda Erroumi, Ehab Toufik, Assala Nasri, Saber Rebaï, Najwa Karam. Comparativement, cette manifestation se place dans un désolant contraste tant le programme de cette 39e édition donne l'impression d'être une peau de chagrin. Que reste-t-il du Festival international de Timgad ? Voilà une question qui mérite assurément d'être posée, d'autant qu'il faut s'interroger aussi sur l'exigence – perdue de vue – de la rentabilité financière de toute gestion (les comptes du festival demeurant toujours un secret d'Etat ?) et l'opinion publique n'a pas le droit de savoir. Pourquoi s'inquiéter entre autres de la curieuse absence de l'impact socioéconomique de la tenue du festival sur la population locale de Timgad ? Jadis, faut-il le rappeler, le tourisme et l'artisanat auressiens allaient de pair avec le festival. Sans oublier les débats de fond des journalistes et des artistes invités du festival, ainsi que les expositions des œuvres des artistes plasticiens de Batna, dont la renommée a dépassé les frontières du pays. De nos jours, Timgad n'est plus dans l'ambiance de son festival, un festival digne de ce nom, qui doit avoir pour objectifs des finalités culturelles et artistiques à atteindre. Ali Benbelgacem