L'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Alger, M. Mohamed Beissat, a exprimé hier sa “satisfaction à l'égard des efforts soutenus des Nations unies visant la décolonisation du Sahara occidental”, mais a tenu également à dénoncer l'attitude du Maroc qui, selon lui, contrarie, “politiquement et sur le terrain”, l'application de la résolution 1495 du Conseil de sécurité de l'ONU. Lors d'une conférence de presse au siège de l'ambassade sahraouie à Alger, M. Beissat a affirmé que “les Nations unies doivent redoubler d'effort pour amener le Maroc à se conformer aux résolutions de la légalité internationale”. L'ambassadeur sahraoui a indiqué que, jusqu'ici, “50 rapports onusiens ainsi que 50 recommandations du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental n'ont pas été suffisants pour contraindre le Maroc” à se plier aux préconisations de la communauté internationale. Réagissant au rapport du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, qui intervient quelques jours seulement avant la réunion du Conseil de sécurité (prévue cette semaine), l'ambassadeur sahraoui a indiqué qu'il partage “l'inquiétude” de ce dernier qui a condamné “la violation par le Maroc de l'accord militaire conclu avec le Front Polisario”, notamment par l'installation d'infrastructures militaires et par la persistance de Rabat à procéder à “des manœuvres militaires dans la région”. M. Beissat a fait savoir, à ce propos, que les forces armées du royaume ont récemment “installé 40 radars sophistiqués”, confirmant ainsi, sur le terrain, le refus par Rabat de la tenue d'un référendum pour l'autodétermination, tel que prévu par le plan Baker. L'ambassadeur sahraoui à Alger a ajouté que “l'accord de cessez-le-feu n'est pas le but recherché ni encore moins la solution finale du conflit”, mais juste “une partie d'un tout, un moyen de parvenir à cette solution finale”. Et de préciser qu'il est hors de question “de respecter une partie en ignorant le tout”. Le message est donc limpide : pour le Front Polisario, tout ce qui est entrepris a pour vocation d'aboutir à la tenue d'un référendum. M. Beissat ajoute que le peuple sahraoui n'a jamais conçu le cessez-le-feu que comme “une étape préliminaire à l'organisation du référendum au Sahara occidental”. L'ambassadeur sahraoui a appelé de nouveau les Nations unies à exercer “les pressions nécessaires sur le Maroc” pour l'application de la résolution 1495 du Conseil de sécurité. Il a rappelé “la détermination du peuple sahraoui à poursuivre la résistance pacifique à l'occupation à l'intérieur de ses territoires, mais aussi par l'action armée si nécessaire”. En attendant, la RASD se dit disposée, selon M. Beissat, à coopérer, notamment en restant “disponible à la concertation en vue de trouver une solution juste”. Au sujet de la mission onusienne en charge d'organiser le référendum au Sahara occidental (Minurso), l'ambassadeur a souligné encore la disposition de la partie sahraouie à “coopérer avec elle en vue de l'application des résolutions du Conseil de sécurité” et que “la durée du mandat de cette mission importe peu”. M. Beissat a enfin regretté que certains pays, comme la France, ne s'empressent pas à faire valoir la primauté du droit international pour le règlement de la question sahraouie comme ils le font pour le dossier irakien par exemple. F. L.