Selon certains journaux et responsables politiques libanais, l'Arabie saoudite œuvre à faire partir le président Michel Aoun et redistribuer les cartes au Liban, en formant un nouveau gouvernement dont sera exclu le Hezbollah chiite. La démission du Premier ministre libanais Saad Hariri, attendu aujourd'hui avec sa famille à Paris, ne cesse de livrer ses secrets, plus particulièrement sur l'implication directe de l'Arabie Saoudite et sur son alliance assumée avec l'occupant israélien de la Palestine pour détruire le Liban, quitte à déstabiliser toute la région du Proche-Orient, avec la bénédiction des Etats-Unis. Sous-prétexte que l'Iran, le grand rival régional de l'Arabie saoudite, représente un danger pour Tel-Aviv et Riyad, le royaume wahhabite se montre en effet prêt à livrer la guerre au Liban pour se débarrasser du Hezbollah. Une interview accordée par un général israélien à un journal libanais à ce sujet le démontre parfaitement. Le chef d'état-major israélien Gadi Eisenkot a affirmé au site d'information en ligne Elaph, fondé par un homme d'affaires saoudien et basé en Grande-Bretagne, que son pays est "prêt à échanger (son) expérience et les informations provenant du renseignement avec les pays arabes modérés pour faire face à l'Iran". Tel-Aviv et Riyad sont en "accord total", a-t-il déclaré, sur le fait que l'Iran soit "la plus grande menace" régionale. Israéliens et Saoudiens ne se sont jamais fait la guerre et la présidence américaine de Donald Trump offre "la chance d'une nouvelle alliance internationale dans la région", a-t-il ajouté. Ces propos interviennent dans un contexte particulier, marqué par la montée de la pression sur Riyad, accusée par de nombreuses ONG humanitaires de crimes de guerres et de crimes contre l'humanité au Yémen, même si pour le moment l'Arabie Saoudite bénéficie d'un soutien indéfectible au niveau de l'ONU, où certains membres n'arrivent toujours pas à envoyer une commission d'enquête dans ce pays ravagé par la guerre interne et la guerre d'agression saoudienne contre les Houthis, de confession chiite. L'interview du militaire israélien intervient aussi à la veille du départ de Saad Hariri de Riyad à destination de Paris, où il rencontrera le chef d'Etat français, Emmanuel Macron, dont le pays s'est retrouvé dans une posture gênante, en raison des liens historiques qu'entretient la France avec le Liban et les relations objectives qu'elle a développée avec l'Arabie Saoudite. Saad Hariri restera-t-il à Paris avec sa famille ou retournera-t-il à Beyrouth pour formaliser sa démission surprise et qui a plongé son pays dans une nouvelle crise institutionnelle et politique, sur instigation d'une Arabie Saoudite qui joue avec le feu, au milieu du silence des pays arabes qui lui sont quasiment acquis ? le Premier ministre démissionnaire a réaffirmé mercredi qu'il rentrera au Liban d'ici quelques jours, mais le doute est toujours là, y compris au sein de ses partisans qui ont dénoncé sa détention par Riyad depuis le 4 novembre dernier. Par ailleurs, face aux menaces d'agression israélo-saoudiennes, l'Iran a réagi en dénonçant surtout l'attitude de la France. "Malheureusement, il semble que la France a un regard partial et partisan sur les crises de la région et cette approche, volontairement ou involontairement, aide même à transformer des crises potentielles en crises réelles", ont dit les Affaires étrangères à Téhéran. Lyès Menacer