Résumé : Yamina reçoit la visite de son frère aîné. Ce dernier venait encore la harceler et lui demander de partager son argent avec la famille. Elle lui tiendra tête. Offusqué, il la menace de récupérer ses parents. La vieille femme se met à pleurer. -Je ne veux pas te quitter, ma fille. Yamina lui caresse la joue. -Tant que je serai de ce monde, personne ne touchera à l'un de vos cheveux, papa et toi. Vous n'irez nulle part. Vous êtes ici chez vous. Sa vieille maman s'essuie les yeux, avant de proposer : -Donne-lui ce qu'il veut, ma fille. Un chien, pour le faire taire, on lui lance un os. -Il n'aura pas un sou. Zahir est gourmand, et Nacer l'est aussi. Leurs épouses les mènent par le bout du nez, et ils veulent que je m'incline devant elles. Non, maman. J'ai déjà assez souffert avec eux, pour m'encombrer encore de leur présence. Ils me font chanter, en pensant que je vais leur céder. Ce ne sera jamais le cas. Yamina s'enferme dans sa chambre et se met à réfléchir. Elle contacte en premier lieu son avocat qui lui conseille de ne pas lâcher prise. Ses parents, bien qu'ils soient âgés et malades, avaient encore toute leur lucidité et pouvaient décider de partir ou rester auprès d'elle. De ce côté-là donc, elle n'avait pas à s'en inquiéter. Quant à sa fortune, elle était la seule à en disposer, et en cas de harcèlement, elle n'aura qu'à déposer plainte. Yamina raccroche. Elle n'avait pas trop envie d'user de cette alternative, mais y serait cependant obligée au cas où ses frères persisteraient dans leur insistance. Un peu déphasée par la tournure des événements, la jeune femme demeure un moment sans réaction. Elle s'allonge sur son lit et repense à tout ce qui lui arrivait. Elle était cependant certaine d'une chose : ses parents ne serviront pas de bouc émissaire aux sautes d'humeur et au chantage de ses frères. Un peu plus calme, elle se relève et forme le numéro de Dr Ramdane. Cet homme, qu'elle découvrait sous tous ses angles ces derniers temps, était la sagesse elle-même. Lui seul saura l'orienter dans ses décisions et pourra la réconforter par des mots apaisants. Dès qu'il décroche, il sent au son de sa voix qu'elle n'était pas dans ses meilleurs jours, et se propose de passer à la maison dans l'après-midi. Ce que Yamina approuvera sans aucune hésitation. Il arrive, alors qu'elle venait juste de terminer de déjeuner avec ses parents. Elle l'invite alors à la suivre au salon, et sans plus tarder elle lui confie ses derniers déboires avec ses frères. Il l'écoute attentivement, puis se redresse sur son siège et prend une gorgée d'eau, avant de répondre : -Yamina, même si tu es une femme bien en tous points, tes frères saliront ta réputation pour arriver à leurs fins. -Hein ? Mais de quoi parles-tu ? Qu'a donc à voir ma réputation avec ces problèmes de famille ? Il lève la main, avant de lancer : -Justement, tu ne vois rien arriver. Il soupire et lève les yeux au ciel. - Mon Dieu ! Dans quel monde vivons-nous ! Yamina, un peu déroutée, lui demande : - Que vois-tu donc, toi ? - Ce que je vois ma fille est la pire des choses qui pourrait arriver à une fille de bonne famille. Zahir, en voulant récupérer tes parents, avait sûrement déjà échafaudé un plan. Une fois que tu te retrouveras seule dans cette grande maison, il n'aura aucun mal à crier sur tous les toits que la famille te reniait parce que tu es une femme de mauvaises mœurs et que, désormais, tu devrais quitter les lieux, au risque de te voir lynchée. Le crime d'honneur dans notre société justifie mieux que le reste un acte aussi vil. (À suivre) Y. H.