L'on sait que, très souvent, le football est fait de hauts et de bas, autrement dit de joie et de peine au fil des saisons, et l'attaquant kabyle Adel Djabout en sait sûrement quelque chose, lui qui aura connu les pires difficultés à exprimer son talent de buteur né depuis son arrivée en terre kabyle, l'été passé. Au stade du 1er-Novembre, on l'attendait comme un véritable messie, lui qui fut sacré meilleur buteur de la Ligue 2, la saison écoulée, sous les couleurs de l'US Biskra, il aura finalement laissé les milliers de supporters kabyles sur leur faim. Et pour cause, le malheureux Djabout n'a réussi à inscrire que deux petits buts, dont un sur penalty, en l'espace de... quatorze matchs, ce qui était loin des espoirs placés par les dirigeants kabyles sur cet attaquant racé. Pis encore, il a même fini par chauffer le banc de touche durant plusieurs rencontres et, comble de malheur, il n'a même pas fait partie de la fameuse "liste des 18" lors des deux derniers matchs contre le CS Constantine, à domicile (1-2), puis contre l'USM Alger (0-0). Il est vrai que le natif de Chlef n'avait pas retrouvé ses repères et ses sensations de "goléador" et il s'ensuivit, au fil des matchs, un gros blocage psychologique qui a gravement déteint sur ses nombreuses prestations. C'est dire que le ciel commençait à s'obscurcir au-dessus de la tête de l'infortuné Djabout, à un tel point que les nouveaux dirigeants étaient décidés à revoir à la baisse le salaire jugé faramineux de l'ex-attaquant biskri et envisageaient même de le mettre sur la liste des transferts pour le compte de ce mercato hivernal. Acculé par tout le monde puis désigné du doigt par les supporters exigeants de la JSK, Djabout n'a jamais cédé au découragement et attendait fébrilement son heure pour frapper un grand coup et faire taire ses détracteurs. Et à la veille de cette belle affiche JSK-MCO, son coach attitré Azzedine Aït Djoudi avait parfaitement senti le coup, lui qui, la veille du match, confiait à son entourage immédiat qu'il s'attendait à ce que Djabout se révolte à l'occasion de cette 15e et dernière journée de la phase aller du championnat. Même s'il avait raté une séance d'entraînement de la reprise en début de semaine, il a fini par être titularisé par Aït Djoudi qui, pourtant, n'a pas pour habitude de badiner avec la discipline de groupe. Sachant pertinemment qu'il jouait pratiquement son avenir à la JSK en l'espace de 90', Djabout se décide enfin à sortir de son mutisme et de sa torpeur pour réussir tout simplement un exploit retentissant qui le marquera certainement pour le restant de sa vie. C'est que son équipe était incroyablement menée sur son terrain sur le score incroyable de 3-0 à l'heure de jeu, mais c'était compter sans la révolte du jeune attaquant kabyle qui, en l'espace d'une vingtaine de minutes, allait claquer trois buts d'anthologie (65', 67' et 87') pour signer un renversement de situation invraisemblable et sortir ses coéquipiers d'une fâcheuse situation. Pis encore, le buteur ressuscité de la JSK a même failli réussir le hold-up parfait à la 90' lorsqu'il passa à un doigt d'un quatrième but qui aurait été inscrit en lettres d'or dans les annales du football algérien. Et mon Dieu, ce que Djabout avait de la peine à retenir ses larmes de joie et d'émotion, sur le terrain, alors que la bataille faisait encore rage dans cette fin de match tout simplement déconseillée aux cardiaques. "Je ne trouve pas les mots pour exprimer tout le bonheur que l'on ressent dans ces moments de réussite et de folle joie, mais j'étais persuadé que j'étais capable de me révolter à tout moment", dira après coup le buteur du jour, qui sera certainement libéré mentalement par ce coup d'éclat, surtout que cette trêve hivernale lui permettra certainement de recharger ses batteries pour rattraper tout son retard et repartir du bon pied pour la suite du parcours. Sacré Djabout ! Mohamed HAOUCHINE