Le magistrat en charge du dossier va délivrer une commission rogatoire, a précisé Tayeb Louh. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, a annoncé, jeudi dernier, l'ouverture de deux enquêtes, l'une pour élucider les circonstances de la mort suspecte d'un ressortissant algérien en Espagne, et l'autre concernant l'assassinat, dans des circonstances suspectes, de deux citoyens algériens en France. "Le parquet algérien a ouvert une enquête afin d'élucider les circonstances de la mort suspecte d'un ressortissant algérien en Espagne, conformément à l'article 588 du code de procédure pénal de 2015", a, en effet, indiqué M. Louh, qui s'exprimait lors d'une séance plénière au Conseil de la nation consacrée aux questions orales. "Les autorités espagnoles ont enquêté sur les circonstances mystérieuses de la mort d'un ressortissant algérien en Espagne. L'Algérie, à son tour, a ouvert une enquête sur l'affaire, en vertu du code de procédure pénale", a-t-il ajouté. Concernant les deux citoyens algériens assassinés dans des circonstances suspectes en France, le ministre a souligné que "le parquet a ouvert une enquête conformément au code de procédure pénale", rappelant que "l'Algérie est liée à la France par une convention dans le domaine pénal, un des résultats positifs des réformes du président de la République visant à préserver la dignité du citoyen algérien". Le ministre précisera que le corps du défunt Mohamed Bouderbala, trouvé mort dans sa cellule de prison en Espagne, fera l'objet d'une autopsie en Algérie, dès son rapatriement. Louh expliquera que le magistrat en charge de l'enquête "va délivrer (aux autorités espagnoles) une commission rogatoire". Selon un responsable au ministère de la Justice, cette démarche va permettre au magistrat de demander aux autorités espagnoles de faire le nécessaire pour déterminer les causes exactes de la mort du migrant. Mohamed Bouderbala est un jeune Algérien de 37 ans, entré clandestinement en Espagne. Il a été retrouvé mort, le vendredi 29 décembre, dans sa cellule de prison à Archidona en Andalousie, dans le sud de l'Espagne, un centre de rétention pour étrangers en situation irrégulière. Selon la police espagnole, l'autopsie aurait révélé que le migrant algérien était mort "après s'être pendu à l'aide d'un drap". Ce qu'a nié le frère du défunt, Ahmed Bouderbala. Pour lui, son frère Mohamed n'était pas suicidaire. La thèse du suicide, évoquée par la police espagnole, est, par ailleurs, largement contestée en Espagne, notamment par des migrants, ainsi que par des médias locaux. Selon ces derniers, le défunt aurait "succombé à ses blessures après avoir reçu plusieurs coups assénés par des agents de police espagnols à la prison Archidona". Pour rappel, 40 clandestins algériens, compagnons de détention de Bouderbala, ont été rapatriés mercredi dernier d'Espagne où ils tentaient de s'installer illégalement. Le phénomène de la harga, faut-il le signaler, a pris des proportions alarmantes ces derniers mois. En effet, les candidats à l'émigration clandestine, généralement des jeunes, se comptent par centaines. Selon les autorités espagnoles, plus d'un demi-millier de jeunes harragas algériens ont été interceptés, en novembre 2017, près des côtes ibériques. Farid Abdeladim