Au cours de ces dernières semaines, plusieurs prétendants sérieux à la présidentielle ont été sournoisement écartés, ou ont jeté l'éponge après avoir compris que les jeux sont faits d'avance. Le coup d'envoi de la campagne électorale présidentielle en Egypte a été donné, hier. Le premier tour de ce scrutin présidentiel est programmé du 26 au 28 mars, puis le second du 24 au 26 avril. Cette probabilité est peu envisageable, car en face du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, il y aura un concurrent que d'aucuns jugent peu crédible. En effet, tout semble joué d'avance parce que l'autre candidat Moussa Mostafa Moussa, faisait partie des soutiens du président al-Sissi avant de postuler à la dernière minute. Et sa candidature au dernier moment est interprétée par certains comme une volonté de donner de la légitimité à celle du chef de l'Etat, qui a réussi le tour de force d'écarter tous les autres postulants en mesure de rivaliser avec lui. Les analystes s'accordent à dire qu'il a laminé toute l'opposition. C'est du moins l'avis de Robert Solé, journaliste-écrivain spécialiste de l'Egypte, auteur de Ils ont fait l'Egypte moderne, aux éditions Perrin. Pour ce dernier, qui estime que la réélection d'Abdel Fattah al-Sissi s'annonce comme une formalité, le fait qu'il se soit débarrassé de tout adversaire crédible "témoigne d'une certaine inquiétude". Selon lui, "il veut s'assurer d'être élu, car il est moins populaire qu'il y a 4 ans, les Egyptiens sont déçus, ils souffrent". Rappelons qu'au cours de ces dernières semaines, plusieurs prétendants sérieux ont été écartés, ou ont jeté l'éponge. C'est d'abord le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, Ahmed Chafiq, qui a renoncé après avoir été expulsé des Emirats arabes unis au lendemain de la l'annonce de sa candidature. Ce fut ensuite le tour du colonel Ahmed Konsowa à jeter l'éponge. Convoqué par la justice égyptienne et condamné à 6 ans de prison en décembre pour comportement nuisant aux exigences du système militaire, il s'est, lui aussi, retiré de la course à la magistrature suprême. L'ancien chef d'état-major de l'armée égyptienne, le général Sami Adnan, a subi le même sort. La justice l'a accusé d'avoir falsifié des documents afin de pouvoir présenter sa candidature. Le neveu de l'ancien-président Anwar As-Sadate, Mohamed Anwar As-Sadate, a estimé que le scrutin n'était pas libre pour justifier son renoncement à postuler. L'avocat et militant de gauche, Khaled Ali, s'est retiré en dénonçant une campagne d'arrestation parmi ses partisans, et le harcèlement qu'il a subi. Le dirigeant de l'opposition égyptienne, Abdel Moneim Aboul Foutouh, qui envisageait de se présenter a été placé, mardi dernier, sur la liste noire des terroristes à la demande du parquet, a indiqué une source judiciaire. Ancien dirigeant des Frères musulmans, Aboul Foutouh a été arrêté, mercredi, après avoir lancé un appel avec d'autres figures politiques d'opposition à boycotter la présidentielle de mars, accusant le régime d'empêcher toute compétition loyale. Il est donc quasi impossible de se porter candidat contre Abdel Fattah al-Sissi sans risquer de gros ennuis. Donc, c'est la voie royale pour le Raïs, qui va sans nul doute succéder à lui-même. Merzak Tigrine