A peine commencée - lundi dernier - la course à la présidentielle en Egypte, livre ses premières surprises. Exclu par les Frères musulmans après avoir dévoilé ses ambitions pour la fonction suprême, le candidat libre, Abdel Moneim Aboul Foutouh, est l'objet de plusieurs soutiens politiques inattendus. En dépit de son islamisme modéré, qui lui a valu de la sympathie, parmi les courants de gauche et les libéraux, l'ancien leader des Frères musulmans séduit les... salafistes. Après l'appui du parti salafiste d'Ennour, seconde force politique dans le pays, derrière le Parti de la liberté et de la justice, avec 20% des sièges du nouveau parlement, il a reçu, lundi, celui du très « libéral » cyber militant Waël Ghonim, l'un des symboles de la révolte contre Hosni Moubarak. « Je soutiens Abdel Moneim Aboul Foutouh pour la présidence de la République pour de nombreuses raisons, dont la plus importante est qu'il sera le président de tous les Egyptiens, qui nous rassemblera et ne nous divisera pas », a-t-il écrit dans un message sur son compte Twitter. De soutiens hétéroclites, le candidat islamiste n'en sera pas privé. Le groupe « radical » égyptien, la Gamaa Islamiya, à qui on impute l'assassinat de l'ancien président, Anouar Sadate, s'est joint au peloton, mais garde néanmoins un droit à la manœuvre. Son chef spirituel, Tarek Al Zomor a annoncé un probable ralliement de son mouvement, pour le premier tour du scrutin, prévu les 23 et 24 mai prochain. M. Zomor a, toutefois, précisé qu'il « y avait toujours des tentatives de trouver un autre candidat à soutenir, mais qu'au cas où elles n'aboutiraient pas, l'appui à la candidature de M. Aboul Fotouh serait définitivement officialisée ». Présenté comme le plus sérieux concurrent au candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, M. Aboul Fotouh (qui compte de nombreux soutiens parmi les jeunes Frères musulmans, et le parti islamiste modéré, Al Wassat) a de fortes chances de se retrouver au second tour, les 16 et 17 juin, face au principal candidat laïc, l'ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa.