Des élèves de plusieurs wilayas du pays ont organisé, hier, des sit-in de solidarité avec leurs enseignants licenciés. C'est le cas notamment de centaines d'élèves des lycées Mohamed-Mentouri, Ali-Chekiri et Boucharoui 3, de Chéraga, dans la wilaya d'Alger qui ont convergé, hier, vers le siège de la Direction de l'éducation d'Alger-Ouest, lors d'une manifestation spontanée pour réclamer la réintégration de leurs enseignants licenciés et exprimer leur refus des suppléants. Alors qu'ils devaient passer les examens trimestriels, plusieurs d'élèves ont déserté leurs établissements pour battre le pavé jusqu'à "l'académie" où ils ont organisé un rassemblement, sous l'œil bienveillant d'un dispositif sécuritaire composé de plusieurs véhicules de la Gendarmerie nationale et de la police. À notre arrivée sur les lieux, vers 10h30, ils étaient encore quelques dizaines d'élèves des deux sexes à protester, sous une pluie battante. "On veut le retour de nos enseignants licenciés", scandaient-ils en chœur. Une revendication qui revient comme un leitmotiv. "On est contre la décision de licenciement des enseignants. On ne veut pas de suppléants, parce qu'ils n'ont pas d'expérience, alors que nous sommes en classe d'examen", dira une lycéenne d'Ali-Chekiri. "En tant qu'élèves du lycée Ali-Chekiri, nous supplions la ministre de l'Education de nous rendre nos enseignants. Sa décision de les radier n'est pas la bonne, et nous n'allons pas arrêter la grève jusqu'à leur retour", a affirmé une autre lycéenne qui a été rejointe par d'autres camarades pour demander que "la ministre n'annule pas la ‘âataba' (le seuil) et ne recrute pas les enseignants suppléants". La protestation s'est poursuivie jusqu'à ce que les forces de l'ordre convainquent les lycéens de se disperser, non sans avoir désigné une délégation qui a été reçue au siège de la Direction de l'éducation d'Alger-Ouest. La "âataba" réclamée Des scènes similaires ont été réenregistrées dans d'autres wilayas à l'instar de Boumerdès, de Skikda, d'El-Oued et d'Aïn Beïda, où les élèves sont sortis dans la rue, et ont coupé les routes en signe de solidarité avec leurs enseignants. D'autres élèves ont organisé des rassemblements dans l'enceinte même de leurs établissements après avoir été empêchés de sortir par les forces de l'ordre, tout en refusant de passer l'examen trimestriel. À Chlef, ce sont des milliers de lycéens et de collégiens venus en marchant de plusieurs établissements scolaires des communes de la wilaya qui ont observé, durant plusieurs heures dans la matinée d'hier, un important sit-in devant le siège de la Direction de l'éducation de la wilaya. Encadrés par un important dispositif sécuritaire, les élèves ont crié haut et fort leur ras-le-bol quant à la situation qu'ils ne cessent de vivre depuis des mois au sein de leurs établissements notamment en matière de scolarité. Ils réclament l'annulation pure et simple des devoirs qu'ils ne veulent en aucun cas faire pour des raisons qu'ils jugent justes et légales. "Il est inadmissible qu'on nous oblige à passer des examens et faire des devoirs ces jours-ci, alors que cela fait des mois que nous n'avons pas étudié ! Ce que nous demandons aujourd'hui par ce rassemblement, c'est de procéder au report des examens en question et aussi le retour de nos professeurs que la Direction de l'éducation compte licencier. Avoir d'autres enseignants hormis les nôtres, ce n'est guère une solution", clament-ils ensemble avant de se disperser dans le calme aux environs de midi. Pour sa part, le directeur de l'éducation a fait savoir qu'"aucun des 534 professeurs dont la grève est considérée comme illégale conformément aux décisions n'a, à ce jour, été licencié. Aussi, et pour l'intérêt de ces élèves, nous leur demandons de rejoindre leurs classes respectives". Les écoliers et les lycéens d'Oran ne sont pas en reste. Après la radiation de leurs enseignants en grève, des lycéens ont investi la rue. "Après deux mois de grève, nos enseignants ont été radiés, nous ne voulons pas des remplaçants, ils n'ont aucune compétence, aucune expérience et ne savent même pas donner des cours, nous voulons la réintégration de nos profs et qu'une solution soit trouvée." C'est par ces mots simples que des lycéens à Oran, ont fait part de leur réprobation quant à la tournure prise par les événements, suite à la grève du Cnapest, et de l'intransigeance de la ministre de l'Education dans le conflit qui les oppose. Des propos teintés de désarroi alors que plus d'une trentaine d'entre eux était rassemblée devant la Direction de l'éducation d'Oran. C'est tôt le matin que des élèves des lycées Abdelkader-Yadjouri à l'USTO, à la périphérie d'Oran, et de Moustakbal à Bir El-Djir, ont pris la décision d'investir la rue en improvisant une marche pacifique. Pour les jeunes que nous avons rencontrés, la colère était aussi dirigée vers les administrations de leurs établissements respectifs, qu'ils accusent d'user de pression pour les obliger à reprendre les cours, et pour ne pas manifester. Par ailleurs nous apprenons que d'autres lycéens se sont rassemblés devant leurs établissements notamment aux lycées Tazi, et Lotfi. Ces manifestations ont eu lieu au moment où les responsables du ministère de l'Education nationale ont mis en branle des procédures de radiation de 3 816 enseignants grévistes et le retour en classe de 6 000 enseignants après avoir mis fin à leur grève. A. Rafa/A. CHENAOUI/D. LOUKIL