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“Pas d'année blanche, pas de vacataires”
Les lycéens crient leur désarroi dans les rues
Publié dans Liberté le 04 - 12 - 2003

- Les lycéens manifestent dans plusieurs régions du pays
- Le ministère propose un calendrier de rattrapage l Le bac pourrait être reporté
- Les syndicats campent sur leur position
- Les islamistes tentent de récupérer le Cnapest
Une vingtaine de personnes ont été interpellées lors d'un rassemblement
Oran : la police charge profs et élèves
Sous des trombes de pluies, enseignants grévistes et élèves se sont retrouvés, encore une fois, hier matin, sur l'esplanade du lycée Lotfi qui est devenu le point de ralliement pour tout le monde. C'est de là, d'ailleurs, qu'a démarré la marche spontanée des lycéens mardi dernier.
Hier, à l'évidence, les forces de police en grand nombre, outre les RG, avaient pris position avec leur matraque et à grand renfort de fourgons. Alors que le nombre d'enseignants grossissait vers 9h, les policiers ont chargé avec une rare violence pour disperser tout le monde. Les coups de matraque s'abattent sur le dos des enseignants, y compris des femmes, qui sont chargés sans ménagement. Les lycéens présents sur les lieux ne sont pas épargnés. Un officier de police crie : “Koul ouahad yagbad ouahed.”
Les enseignants se mettent à courir pour échapper aux policiers qui se saisissent de leurs collègues et de lycéens. Les rues adjacentes à l'esplanade font office de refuge. Ceux qui sont arrêtés sont embarqués sans ménagement dans des fourgons et de simples véhicules. Une vingtaine de personnes sont ainsi arrêtées. Vers 10h, les policiers se concentrent à nouveau sur l'esplanade, matraques au bout du bras. Alors que la pluie redouble de vigueur, certains d'entre eux tentent même de s'abriter sous des portes cochères. Peu à peu, des enseignants réapparaissent, surtout des femmes, et reforment des groupes. Elles racontent à leur collègues qui viennent d'arriver l'intervention brutale des policiers. La colère est grande. Plusieurs PES nous interpellent, en nous demandant de décrire en détail la brutalité des policiers : “Ils nous ont radiés, ils nous ont arrêtés, et maintenant, ils nous matraquent. Pourquoi tout cela ? Ils n'ont rien compris. Nous n'abandonnerons pas nos droits !”, explique une enseignante qui nous dit encore en guise d'aveux : “Cela fait 20 ans que j'enseigne. Je n'avais jamais fait grève et je n'avais jamais manifesté, mais aujourd'hui, je resterai jusqu'au bout, car c'est nous, la base, qui avons décidé de nous battre pour notre dignité !”.
Plus loin, un autre PES discute avec des citoyens : “La société civile doit nous soutenir, car ce n'est plus un combat corporatiste que nous menons. Il s'agit de défendre les libertés, maintenant, nos libertés.” Des enseignants ont encore tenu à témoigner pour dénoncer le fait que nombre d'entre eux reçoivent depuis quelque temps des coups de fil tard dans la nuit, où une voix, qui ne s'identifie pas, fait pression sur eux et tente de les effrayer.
Au même moment, l'on se rend compte que les lycéens de l'établissement scolaire Lotfi ne sont pas sortis. Une partie de leurs camarades est dehors, nous allons les voir. “Ils devaient sortir, mais on ne les laissent pas. Regardez, ils ont fermé la porte de l'intérieur pour les retenir malgré eux”, nous disent-ils. Au travers des grilles, les élèves font signe à leurs camarades de sortir. Mais, là aussi, il y a eu des consignes pour ne pas laisser les élèves sortir à 10h15.
Peu à peu, le mot d'ordre circule chez les enseignants qui se donnent rendez-vous sur une autre place du centre-ville. En fin de matinée, en effet, nous les retrouvons place Jeanne-d'Arc, face à la cathédrale d'Oran. Au même moment, les lycéens “relâchés” de leurs établissements improvisent à nouveau une marche. Moins nombreux que lundi dernier, mais tous aussi bruyants. D'un pas rapide, ils remontent la rue Larbi-Ben-M'hidi au milieu de la circulation et à l'heure de pointe. Brandissant leur cartable, ils crient un slogan combien évocateur : “Birouh, bidem, nefdik ya ousted.”
Pour parer au fait que les principaux membres du bureau de wilaya du Cnapest sont depuis 48 heures retenus au commissariat central de 8h à 20h et sans qu'aucune procédure ne soit menée contre eux officiellement, les enseignants se sont organisés en comité, regroupant des représentants de tous les établissements.
Dans un communiqué qu'ils ont rédigé, ils dénoncent la violente répression qui s'est abattue sur des enseignants qui se regroupaient pacifiquement. Les signataires affirment que contrairement aux chiffres donnés par le gouvernement, 80% des enseignants sont toujours en grève, et que les lycéens ont, dans leur grande majorité, rejeté les remplaçants. Le communiqué s'achève avec l'annonce de la poursuite du mouvement, si les mesures de radiation ne sont pas annulées et si les enseignants arrêtés ne sont pas libérés.
Ainsi, plus que jamais déterminés, les enseignants du Cnapest ne reculeront pas.
La répression, les menaces, les incarcérations et les radiations n'ont pas pu entamer leur volonté de se battre jusqu'au bout comme bon nombre d'entre eux nous le diront. Jusqu'où veut encore aller la paire Ouyahia-Benbouzid ?
F. Boumediène
Sit-in des PES à Tizi Ouzou
“Non à la reprise sous la menace !”
“Nous refusons la reprise sous la menace”. cette banderole, accrochée à la hâte au portail de la direction de l'éducation où s'est tenu, hier, un rassemblement, résume amplement l'état d'âme des enseignants grévistes. Ils étaient près de 2 000 à braver la pluie et le froid pour dénoncer les mesures cœrcitives prises par la tutelle.
Pratiquement tous les lycées y étaient représentés. Il est 10h. La placette jouxtant l'académie de Tizi Ouzou est déjà noire de monde. Le sit-in débute par l'intervention des représentants locaux du Cnapest. Au menu, la genèse du conflit et les dernières nouvelles d'une grève pas comme les autres. Mériane Méziane, le très médiatisé porte-parole du Cnapest, est le dernier à prendre la parole. Il annoncera l'arrestation à Alger de M. Lemdani, son collègue du lycée Amara-Rachid. Il parlera également de sa propre radiation définitive. L'assistance se chauffe. “Assa Azekka le Cnapest yella yella”, “assatidha ahrar manakeblouch el aâr”, scandent des voix en chœur.
Présent au sit-in, Arezki Arridj, président de l'Association des parents d'élèves de la wilaya de Tizi Ouzou, nous fera part de ses inquiétudes. “La grève a trop duré. La situation est grave. Il y a risque de dérapages. Mais nous ne voulons pas que les enseignants reprennent le travail la tête baissée”. Selon notre interlocuteur, une rencontre entre M. Benbouzid et la Fédération des parents d'élèves était prévue, hier, après-midi à Alger. “Un jour ou l'autre, les syndicats grévistes et la tutelle finiront par trouver un terrain d'entente. mais les grands perdants restent les élèves”, devait-il conclure.
Interrogé à la fin du sit-in, M. Dali, membre du conseil de wilaya du Cnapest, a démenti les informations rapportées par la presse au sujet des radiations des PES à Tizi Ouzou. “Hormis le cas confirmé de Méziane Mériane, nous n'avons encore rien reçu”.
Il nous informera, par ailleurs, que les professeurs remplaçants, approchés par la direction de l'éducation, ont décliné la proposition.
A. T.
Le PT prend parti
“Les mesures de radiation doivent être abrogées”
“Le secrétariat politique s'est réuni en session extraordinaire, ce mercredi 3 décembre, suite aux développements gravissimes enregistrés depuis samedi 29 novembre, dans le secteur de l'éducation nationale : par centaines, des professeurs sont radiés. Des éléments des services de sécurité interviennent à l'intérieur des lycées. Les proviseurs de lycée, sous peine de sanctions, sont sommés d'interdire l'accès des lycées aux enseignants, leurs collègues. Les lycéens ont investi la rue dans plusieurs villes criant leur colère de voir leurs professeurs remplacés et leurs études hypothéquées par cette instabilité. Des lycéens ont été violentés par les forces de sécurité, voire arrêtés pour certains.
Ces dérapages sont très graves. Mais, où va donc notre pays ?
Pendant ce temps, le ministère “se félicite du taux de reprise” et annonce glorieusement le nombre de radiations, au mépris de l'angoisse grandissante dans toute la société quant à la signification et aux visées de cette opération sans précédent.
Le secrétariat politique lance un appel solennel : ces mesures de radiation doivent être abrogées sans condition, les poursuites judiciaires à l'encontre des enseignants doivent être retirées. La répression contre les lycéens et les professeurs doit cesser. C'est une question de sauvegarde de la nation.
La solidarité des travailleurs, des syndicalistes de tous les secteurs et des parents d'élèves avec les enseignants pour leur réintégration à leur poste, doit prévaloir quelle que soit la position de chacun sur la grève et son appartenance syndicale.
C'est une question de démocratie, d'avenir.”
Béjaïa
“Oulach l'année blanche, oulach les vacataires”
Des centaines de lycéens et de lycéennes ont bravé, hier, le froid et la pluie pour sortir dans la rue et crier leur ras-le-bol de la situation qui prévaut actuellement dans le secteur de l'éducation. De la Maison de la culture au siège de la wilaya, les élèves, tout au long de l'itinéraire, ont crié et scandé à tue-tête : “Oulach l'année blanche” ; “non au pourrissement de la situation et non aux vacataires”. À relever que deux haltes ont été observées par les manifestants et ce, pour remettre une lettre de revendication, respectivement au directeur de l'éducation et au premier responsable de la wilaya.
Pour Sofiane, 16 ans, l'un des participants à cette marche : “Cette situation ne peut plus durer. Oulach l'année blanche, oulach les vacataires”. De son côté, sa camarade, Lydia 17 ans, nous déclare : “On veut nos enseignants. Les responsables se doivent de trouver vite une solution à cette crise. On a trop perdu de temps.” Dans une déclaration sanctionnant son conseil de wilaya, le Cnapest de Béjaïa vient de décider d'une marche de protestation qui se déroulera, dimanche prochain, à 11h, de la maison de la culture jusqu'au siège de la wilaya.
A. HAMOUCHE
Ouacifs
Les PES radiés accueillis en héros par leurs élèves
Moments d'intense émotion, hier, quand les 18 professeurs du lycée polyvalent Amar-Manseri des Ouacifs, qui n'ont pas abdiqué aux menaces de Ouyahia, ont quitté la salle des professeurs où ils ont reçu leur radiation.
Alors que l'on s'attendait à un ultime geste de compassion de leurs collègues non grévistes, cet élan de solidarité a jailli spontanément des lycéens qui ont improvisé sur le champ une assemblée générale au cours de laquelle, ils ont témoigné en leur présence — et certains n'avaient pu retenir leurs larmes — leur reconnaissance à ceux qu'ils considèrent désormais comme “les héros du combat pour la dignité de l'enseignant”.
Pour ce faire, les lycéens des Ouacifs ont décidé d'un débrayage illimité jusqu'à ce que leurs héros soient réintégrés.
AMNAY K.
Chlef
Sept lycées du chef-lieu de la wilaya restent fermés
Sept lycées de la ville de Chlef sur les 36 que compte la wilaya sont toujours fermés et les 262 professeurs grévistes semblent maintenir continuellement le mot d'ordre du Cnapest.
Selon des sources proches de la direction de l'éducation de la wilaya, qui avaient annoncé auparavant que 229 enseignants du secondaire étaient menacés de radiation, ainsi que d'autres informations, la reprise des cours au niveau des lycées de plusieurs communes de la wilaya ne s'est faite que partiellement et progressivement depuis samedi dernier.
A. Chenaoui
Contrairement aux déclarations du Chef du gouvernement
Le BAC pourrait être reporté
Le ministère de l'Education nationale a établi un programme de rattrapage, affirmant que 85% des professeurs ont rejoint les cours. Pour Méziane Mériane du Cnapest, “c'est une guerre de chiffres”.
Alors que la grève est toujours maintenue, le ministère de l'Education nationale n'a pas trouvé mieux que de tenter de rassurer les parents d'élèves et les lycéens, en leur proposant un programme de rattrapage des cours qui sera soumis, aujourd'hui, à l'appréciation de la Fédération nationale des associations des parents d'élèves (Fnape).
Ce programme vise, entre autres, à adopter une nouvelle répartition de l'année scolaire, à savoir le changement des horaires, la réduction de la durée des vacances de 15 à 8 jours et, éventuellement, le report des examens de fin d'année, notamment le baccalauréat.
Lors d'une conférence de presse, M. Abdelkrim Teboune, secrétaire général du ministère de l'Education, a expliqué : “Ce programme concocté par le département de Benbouzid a pour objectif de rattraper les cours non assurés dans les lycées en raison du mouvement de protestation qui atteint aujourd'hui neuf semaines.” Il ajoutera que l'ajournement de l'examen du baccalauréat est une éventualité sérieusement envisagée par les autorités. Dans ce contexte, il est sans doute utile de rappeler que le chef du gouvernement, M. Ouyahia, a déclaré, il y a quelques jours, qu'il sera maintenu à la date prévue.
Interrogé sur la question du mouvement de protestation des lycéens, qui prend de l'ampleur de jour en jour, à travers de nombreuses wilayas du pays, et ce, contre la décision de remplacement des enseignants radiés, le secrétaire général du ministère a estimé : “Les lycéens sont manipulés par le biais de la désinformation, mais également par les enseignants.” Dans le même ordre d'idées, il a indiqué : “Les nouveaux recrutés sont des sortants de l'Ecole normale supérieure (ENS). Ils sont compétents et ils peuvent assurer les cours de rattrapage et préparer les élèves à temps pour les examens, au même titre que les anciens”. Selon lui, les remplaçants sont recrutés en qualité d'enseignants confirmés.
Par ailleurs, il a réfuté les accusations, selon lesquelles la radiation des enseignants est illégale. “Nous avons le droit de remplacer les professeurs grévistes, puisque leur mouvement de protestation et leurs syndicats ne sont pas reconnus par le gouvernement”, a-t-il justifié. Sur la question du taux de reprise des cours, le conférencier avait du mal à convaincre les journalistes : “La plupart des enseignants ont repris les cours dans toutes les wilayas. Nous avons enregistré un pourcentage de 85%, dont 50% de reprise à la capitale.”
Un pourcentage surestimé par le ministère et qui ne se rend pas compte de la réalité du terrain, à se fier aux estimations des syndicats.
Selon Méziane Mériane, le secrétaire général du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), le ministère de l'éducation se livre à une guerre des chiffres destinée à intimider les enseignants grévistes et à les inciter à reprendre les cours. “Même si le taux de reprise est important dans certaines wilayas, il n'atteindra pas les 85%. D'ailleurs, il suffit d'une simple opération arithmétique pour prouver que le taux annoncé par le département de Benbouzid est exagérément gonflé afin de faire pression sur les enseignants”, a-t-il dit.
Contrepropositions
En réponse aux déclarations du secrétaire général du ministère de l'éducation concernant le programme de rattrapage, le représentant du Cnapest estime : “Ce programme doit être proposé par les enseignants et non imposé par les représentants du ministère, car ces derniers ne sont pas aptes à établir un programme sans l'avis des professeurs.” Il ajoutera également : “L'année est rattrapable avec les enseignants expérimentés, car les nouveaux recrutés, en dépit de leur niveau universitaire, ont besoin d'une période d'adaptation avec les élèves et d'un encadrement par les anciens professeurs pour pouvoir assumer une telle surcharge des cours et d'horaires.”
À propos du mouvement de contestation des lycéens, Mériane a indiqué : “Ils sont plus conscients et réalistes que les représentants du ministère.” Notons que le secrétaire général du ministère de l'Education n'a pas manqué de clore sa conférence sur un ton réconciliant en affirmant que “les portails des lycées sont toujours ouverts à tous les enseignants qui veulent reprendre les cours”. “Même aux professeurs radiés !”, a-t-il tenu à préciser. Il reste que le conflit entre les protagonistes est loin d'être réglé pour penser à établir un programme de rattrapage.
Nabila Afroun
Face aux convoitises d'El-Islah
Mériane : “Nous sommes vigilants”
“Des militants d'El-Islah siègent au conseil national du Cnapest”, a soutenu le député de ce mouvement, Miloud Kadri (l'auteur de la disposition interdisant l'importation des boissons alcoolisées durant l'an 2004). L'information est confirmée par M. Benkhelef, élu de la même formation et l'un des 9 vice-présidents de l'APN. Dès lors, on soupçonne que les accusations du Chef du gouvernement quant à l'instrumentalisation de la grève des enseignants dans des “calculs politiciens à l'approche de l'élection présidentielle”, ciblaient particulièrement le parti dirigé par Abdallah Djaballah. “Nous avons entendu dire que Ahmed Ouyahia a déclaré que le mouvement El-Islah est derrière la grève des lycées pour bloquer les réformes envisagées dans le système éducatif. C'est faux. Nous n'avons pas appelé à la grève”, a répliqué le parlementaire. Il a reconnu, néanmoins, que son parti s'oppose à la réforme de l'école, telle que proposée par la commission Benzaghou, et surtout à sa mise en œuvre sans une approbation préalable du Parlement. “Ces réformes s'appliquent aux établissements de l'enseignement primaire et moyen. C'est à ce niveau que nous aurions agi si nous le voulions”, a rétorqué le député, qui a précisé par-là même que sa formation politique “soutient évidemment les revendications des enseignants grévistes”. À ce titre, le groupe parlementaire d'El-Islah a déposé au bureau de l'APN une interpellation du gouvernement sur le refus d'octroi de l'agrément au Conseil national autonome des professeurs du secondaire et technique. Hier, dans l'après-midi, le bureau de l'Assemblée nationale a examiné puis adopté cette proposition. Si elle venait à être votée par la plénière, elle devra se solder par l'installation d'une commission d'enquête parlementaire sur le propos.
La focalisation des élus d'El-Islah sur cette revendication précise, en occultant les autres aspects du mouvement de grève des enseignants du secondaire, semble, a priori, répondre à des visées politiques. “Nous avons ciblé le problème de l'agrément, car nous avons constaté que les responsables du Cnapest s'accrochaient à cette revendication lors d'une rencontre tenue à l'APN durant la deuxième semaine de la grève”, a affirmé notre interlocuteur. Méziane Mériane a confirmé, pour sa part, qu'une délégation du Cnapest s'est effectivement rendue à l'Assemblée nationale pour rencontrer les membres de la commission de l'éducation. “En réalité, nous n'avions en face de nous que des députés d'El-Islah. Nous avons discuté avec eux de la problématique de l'agrément pendant environ deux heures. Ils voulaient à la fin nous faire signer un PV sanctionnant la réunion. Nous avons refusé, car ce n'était pour nous qu'une rencontre informelle”.
Mériane a fermement soutenu que si la composante de la commission d'enquête parlementaire ne reflétait pas la configuration actuelle de l'Assemblée nationale, il ne cautionnerait pas l'initiative, et ce, dans une volonté d'éviter toute instrumentalisation politique de son organisation. “Parce qu'il a montré sa large représentativité, le Cnapest est devenu un enjeu politique”, a souligné le porte-parole du syndicat. Il a révélé que l'article 13 des statuts du Cnapest prévient contre les tentatives de récupération du syndicat par des partis politiques. L'article 77 du même document empêche toute atteinte à ce principe, y compris par le congrès. “Nous ne pouvons pas empêcher des enseignants d'adhérer au Cnapest à cause de leur appartenance politique. Mais nous restons vigilants”, a assuré notre interlocuteur.
Souhila H.


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